Incendie entrepôt Roms Villeurbanne
©Tim Douet

Villeurbanne : 150 Roms à la rue après l’incendie d’un entrepôt

Un entrepôt désaffecté de Villeurbanne dans lequel s’étaient installés une centaine de Roms a pris feu hier soir. Après l’intervention des pompiers, deux agents de sécurité privée étaient chargés de sécuriser les lieux pour empêcher les familles de se mettre en danger en tentant de récupérer leurs affaires.

"C'est dangereux, arrêtez de rentrer !" tente d'alarmer une des représentantes du propriétaire de l'entrepôt destiné à être détruit. Sur l'escalier en fer, des hommes escaladent le bâtiment pour tenter de récupérer poussettes, valises et autres effets personnels à l'intérieur du bâtiment calciné. Hier soir entre 19h et 20h, un feu s'est déclaré dans l'entrepôt. "C'est l'électricité, un court-circuit probablement", évoquent les personnes présentes dans la rue Decorps, à Villeurbanne.

La centaine de Roms qui squattait les lieux n'a eu d'autre choix que de dormir sur le trottoir d'en face cette nuit. La présence d'une vingtaine d'enfants de moins de 6 ans, dont le plus jeune est un nourrisson de deux mois, inquiète particulièrement les membres de Médecins du Monde et des autres associations présentes ce matin. "Les plus jeunes enfants et leurs mères ont pu être accueillis à la paroisse Notre-Dame-de-l'Espérance cette nuit, mais ils sont de retour ce matin car ils n'ont pas d'autre endroit où aller", témoigne Elisabeth Gagneur, du Collectif lyonnais pour l'accès à la scolarisation et le soutien des enfants des squats (C.L.A.S.S.E.S). Les enfants scolarisés qui logeaient dans cet endroit qui, selon un adolescent présent, a pu accueillir jusqu'à 200 personnes n'iront pas à l'école aujourd'hui.

Une décision d’expulsion actée depuis novembre

Si les pompiers sont venus à bout des flammes en quelques heures et qu'aucun blessé n'est à déplorer, seuls deux agents de sécurité privée sont restés sur place toute la nuit en attendant que la police ne prenne la relève ce matin. "La police ne pouvait pas rester là toute la nuit, alors ils ont fait appel à nous. La sécurisation s'est bien passée, même si quelques personnes ont tenté de rentrer dans le bâtiment cette nuit pour récupérer leurs affaires. La police ne devrait pas tarder pour prendre la relève et les familles devront voir avec eux pour récupérer ce qui a éventuellement été épargné des flammes à l'intérieur." Si le bruit court qu'un représentant de la mairie de Villeurbanne est venu ce matin, aucune autorité ou représentant de la préfecture n'est sur les lieux.

"Le problème, c'est que si quelqu'un se blesse ou tombe à l'intérieur du bâtiment, c'est notre responsabilité", indique la représentante du propriétaire, qui tente d'expliquer aux familles le danger que peut représenter le fait de rentrer dans l'entrepôt. "Comprenez-les, ils n'ont rien d'autre que les affaires qui sont à l'intérieur, ils sont à la rue et il y a des enfants", plaide une membre d'association. Quelques mètres plus loin, un groupe a mis la main sur un stock de canettes de soda et de bières qu'ils commencent à ouvrir. "La Croix-Rouge et le Samu social sont venus hier soir apporter des couvertures et à manger et la Croix-Rouge devrait revenir aujourd'hui", indique un autre membre de l'association C.L.A.S.S.E.S.

Le 22 novembre, une décision de justice actait l'expulsion de la centaine de personnes qui squattent le lieu, leur laissant deux mois pour partir avant que la police ne vienne les expulser. Si l'expulsion n'a pas eu lieu, l'incendie d'hier soir rend désormais l'entrepôt inaccessible. Selon un membre de l'association C.L.A.S.S.E.S, la préfecture aurait fait savoir qu'elle n'interviendrait pas après avoir été contactée pour demander l'hébergement du nourrisson de deux mois et d'au moins une femme enceinte. Une réunion devrait cependant se tenir cet après-midi pour gérer cette situation.

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