Le procès-verbal de police d’Henri Guaino

À la suite de la mise en examen de Nicolas Sarkozy pour abus de faiblesse, Henri Guaino a déclaré que le juge d’instruction Gentil avait déshonoré la justice.

Sur plainte de l’Union syndicale des magistrats, pour outrage à magistrat, le Parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire et chargé un service de police d’éclaircir cette ténébreuse affaire.

Voici le procès-verbal de l’interrogatoire d’Henri Guaino :

– L’officier de police judiciaire : “Vous vous dénommez bien Henri Guaino ?”
– Henri Guaino : “Oui.”
– OPJ : “Vous êtes député des Yvelines ?”
– HG : “Oui.”
– OPJ : “Avez-vous déclaré que le juge Gentil avait déshonoré la justice ?”
– HG : “Oui.”
– OPJ : “Étiez-vous sous l’emprise de l’alcool, aviez-vous pris des substances illicites, souffrez-vous de troubles mentaux ?”

Ce procès-verbal est bien entendu apocryphe, Henri Guaino refusant de répondre aux questions de la police, celles-ci étant dénuées de toute utilité ; la déclaration contestée d’Henri Guaino est en effet publique, filmée, assumée, confirmée. À quoi peut rimer alors une enquête préliminaire ? Que doit-elle, que peut-elle, vérifier ou établir ?

Il a donc parfaitement raison de ne pas répondre à la convocation de police qui lui a été adressée et qui ne sert rigoureusement à rien, le “délit” étant sinon gravé dans le marbre, à tout le moins imprimé sur la pellicule. Faut-il également rappeler qu’Henri Guaino serait parfaitement en droit de garder un silence obstiné au cours de cet interrogatoire dénué de sens ?

Tout ceci – la plainte, l’enquête préliminaire, la convocation – relève d’une vaine posture, peu courageuse au demeurant. L’Union syndicale des magistrats aurait parfaitement pu citer directement Henri Guaino devant le tribunal correctionnel, ce qui rend incompréhensibles ces artifices de procédure : l’ouverture d’une enquête préliminaire, la saisine de la police, comme si ces éminents services de l’État, le Parquet, la police n’avaient pas mieux à faire.

Le problème est ailleurs, la question est de savoir si la magistrature est à l’abri de la critique, même mordante – qu’elle émane des responsables politiques, de la presse ou du peuple, au nom duquel la justice est pourtant rendue. C’est la question que pose Henri Guaino au travers de son affirmation provocatrice.

La réponse ne peut être judiciaire, elle est nécessairement politique.

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