Le maire de Valence, Nicolas Daragon et le président de région, Laurent Wauquiez. @AFP

Près de Lyon : qu'est-ce que la vallée mondiale de la gastronomie ?

Le président d’Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez, et son vice-président chargé du tourisme, Nicolas Daragon, ont lancé l’idée d’un axe gourmand entre Dijon et Marseille, voué à devenir un haut lieu de pèlerinage touristique.

Trois présidents de Région pour "une nouvelle destination touristique gourmande expérientielle de portée internationale". Son nom : "La Vallée de la Gastronomie - France". Sa portée : de Bourgogne-Franche-Comté à Provence-Alpes-Côte-d’Azur, en passant par Auvergne-Rhône-Alpes. Soit 620 kilomètres entre Dijon et Marseille, en suivant la nationale 6 et la légendaire nationale 7, haut lieu de la cuisine française (Troisgros, Dumaine, Loiseau, Bocuse, Brazier, Point, Pic...) qui relieront prochainement deux Cités de la gastronomie (Dijon et Lyon) en passant par une mosaïque de terroirs, de destinations gastronomiques et viticoles, avec leurs produits et leurs savoir-faire.

Le "caprice" du maire de Valence

L’idée a été lancée le 28 avril 2016 par le maire de Valence, Nicolas Daragon, alors fraîchement nommé vice-président de la Région chargé du tourisme. À l’époque, l’édile avait défendu ce projet en expliquant les liens avec la Cité du chocolat de Tain-l’Hermitage, le futur Carré du Palais à Avignon (aujourd’hui sous le coup d’une enquête judiciaire), vitrine des vignobles de la Vallée du Rhône, les Cités internationales de la gastronomie de Dijon et de Lyon et bientôt celle de Valence.

Sauf que "la porte du Midi de la France" avait un peu plus tôt essuyé un refus de la Mission française du patrimoine et des cultures alimentaires de se voir décerner le fameux label. Ce que Stéphane Heyraud, conseiller général socialiste de la Loire, avait pris soin de souligner en assemblée plénière régionale à l’automne 2017, à l’attention de Laurent Wauquiez : "Nous tenons à dénoncer ce qu’il faut bien nommer comme le caprice de votre vice-président Nicolas Daragon que nous suivons de très près. En effet, non content d’accuser un refus de voir décerner à sa commune le titre de Cité de la gastronomie (…), vous décidez à côté de cette marque pourtant déjà déposée à l’Inpi de créer la vôtre, non plus la Cité internationale mais la Vallée mondiale, rien que ça, de la gastronomie." Si le projet valentinois de Cité de la gastronomie a bu le bouillon, il a depuis été revu en Cité du goût, programmée pour 2022 ou 2023. Quant à l’idée de Vallée mondiale de la gastronomie, elle devrait voir le jour au printemps 2020.

Roanne hors casserole

Qu’est-ce que cette Vallée de la gastronomie au juste ? "Un concept marketing" selon la région Auvergne-Rhône-Alpes destiné à devenir "une destination gourmande phare d’envergure internationale" s’appuyant sur 14 destinations labellisées "Vignobles & découvertes", 11 sites remarquables du goût, 97 restaurants étoilés Michelin et 877 caves engagées dans une démarche qualité/accueil. Le tout, précise-t-on, sur une distance de 45 minutes des sorties d’autoroute sur l’axe A6/A7, entre l’échangeur de Pouilly-en-Auxois (Côte-d’Or) et Hyères (Var). Ce qui a suscité la colère de Roanne, en dehors du "couloir d’influence" gourmande de 75 500 km2. "Comment peut-on exclure Roanne ? Pour moi, c’est le 10e arrondissement gastronomique de Lyon", a déploré Guy Delorme, président de la délégation roannaise de la CCI Lyon-Métropole.

Bourgogne-Franche-Comté s'interroge

Il n’y a pas que la CCI où ça râle. Dans un avis consultatif émis le 14 novembre 2017, le Conseil économique social et environnemental (Ceser) de Bourgogne-Franche-Comté n’a pas été tendre avec le projet : "Au regard des éléments présentés, le Ceser se demande si le choix de la Région de s’investir dans ce dossier est réellement stratégique et si le conseil régional n’est pas une simple tirelire." On parle alors d’un projet à 19 millions d’euros. "Ainsi, malgré la participation financière importante du conseil régional, le Ceser s’interroge sur l’absence d’implication de la Région dans la gouvernance de ce pôle culturel. Le choix de la structure associative pour porter l’investissement et les retombées économiques attendues ne sont pas explicités, quantifiés et argumentés dans le rapport." De quoi mettre de l’eau dans son vin.

Lire aussi : Lyon est-elle encore la capitale mondiale de la gastronomie ?

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