Guide Michelin : trois têtes (triple) étoilées coupées à la Louis XVI ?

21 janvier 1793 - 21 janvier 2019. Le jour de l'exécution en place publique de Louis XVI, plusieurs rois de la gastronomie française se voient couper la tête en Auvergne-Rhône-Alpes.

L’ex-souverain paraît calme, accompagné de son confesseur, l’abbé Edgeworth. Il ne fait aucune difficulté et se résigne à garder les mains liées. Cependant, il surprend la foule, ses juges et ses bourreaux, lorsqu’il s’avance pour déclarer d’une voix forte : "Je meurs innocent de tous les crimes qu’on m’impute. Je pardonne aux auteurs de ma mort. Je prie Dieu que le sang que vous allez répandre ne retombe jamais sur la France." Le général Santerre l’interrompt brutalement et presse l’exécution. Le couperet tombe, la tête est présentée au peuple, des salves d’artillerie sont tirées*.

Ce matin du 21 janvier 1793, froid et brumeux,  le jeune roi Louis XVI (38 ans), est guillotiné pour crime de haute trahison, sur la place de la Révolution (ancienne place Louis-XV).

Ce matin du 21 janvier 2019, froid et brumeux également, trois rois, trois-étoiles Michelin, le Graal des cuisiniers de France et de Navarre se sont faits guillotiner. Leur bourreau : le guide Michelin, étalon mondial de la gastronomie.

Il y a, chez nous, Marc Veyrat dans sa Maison des Bois, à Manigod, dans le massif des Aravis, en Haute-Savoie. L'homme au chapeau noir faisait parti des Grands depuis l'année dernière. Il avait quitté les pages du guide Rouge en 2016, à sa demande, avant de reprendre directement deux étoiles en 2017.

Il y a aussi le grand ami de Paul Bocuse, Marc Haerbelin de L'Auberge de l'Ill, à Illhaeusern, en Alsace. Le chef cuisinier, qui avait prononcé un discours très touchant lors de la messe d'enterrement de Paul Bocuse, était auréolé de trois macarons depuis 1967, plus d'un quart de siècle. C'était le deuxième plus ancien trois-étoiles de France, derrière Paul Bocuse (1965) et Troisgros (1968).

Le troisième larron est Pascal Barbot, à L'Astrance, dans le chic 16e arrondissement de Paris. Le chef était étoilé depuis 2007.

Trois trois-étoiles qui passent sur le grill (avant la guillotine) d'un coup d'un seul, c'est assez rare pour être souligné.

Le méritait-il ? Ou s'agit-il d'un bon gros coup du Michelin (comme "le Rouge" nous habitue) pour faire le buzz de manière à ce qu'on parle de Lui ?

En fin d'année dernière, l'américain Michael Ellis avait rendu son tablier, ou plutôt son costume cravate, de directeur international des guides Michelin, rejoignant la chaîne hôtelière de luxe Jumeirha, basée à Dubaï, comme  "chief culinary officer" (et faisant bénéficier le groupe dubaïote de ses conseils et surtout de son très précieux carnet d'adresses).

Il a été remplacé par un Breton pur souche de 38 ans, Gwendal Poullennec (ex-secrétaire général du guide). Le nouveau patron du guide a-t-il voulu marque de son empreinte cette 110e édition ?

"Les 3 étoiles sont attribuées pour un an ; les 3 étoiles ne le sont pas à vie ; tous les restaurants sont traités sans complaisance" expliquait-il y a peu. Une politique appliquée au pied de la lettre, semble-t-il.

En tous les cas, le milieu de la haute cuisine française se rappellera  que deux Marc (Veyrat et Haeberlin) et un Pascal (Barbot), trois rois des fourneaux, seront passés par l'échafaud un lundi 21 janvier. Comme un autre roi, Louis XVI , des Français celui-là, 226 ans plus tôt.

* Source : Gallica.fr

Haute-Savoie - Marc Veyrat perd sa troisième étoile Michelin

 

 

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