Yvan Patet : "La montée, j'en rêve"

Le LOU reste placé en embuscade et devra sortir le grand jeu face à Auch pour espérer être demi-finaliste. Yvan Patet, le président du club de rugby lyonnais a accepté de revenir pour Lyon Capitale sur une saison très agitée en coulisses. (Article paru dans l'édition de mai de Lyon Capitale)

Lyon Capitale : Même si le championnat n'est pas encore terminé, quel bilan tirez-vous de cette saison ?
Yvan Patet : Nous vivons une saison difficile, comme toutes les saisons. Les joueurs ont débuté moyennement le championnat, avant de connaître des hauts et des bas. Depuis le mois de mars, et un temps un peu plus clément, l'équipe navigue de la 4ème à la 6ème place. L'objectif est de finir demi-finaliste. Terminer en 2ème ou 3ème position pour jouer à la maison sera compliqué, mais le reste reste jouable. Cela passe par deux victoires pour les deux dernières rencontres.

Comment expliquez-vous le passage à vide de votre équipe l'hiver dernier ?
Depuis quatre ans, quel que que soit l'entraîneur, le LOU a un problème récurrent de buteurs. Jeandre Fourie et Alexandre Peclier n'ont obtenu que 45% de réussite. Nous avons perdu quatre matchs en moins de trois points en loupant six à huit pénalités. Lorsque vous perdez ces matches à cause d'un seul homme, la pression qui s'instaure est mauvaise. En revanche, l'équipe change quand un buteur donne cette confiance nécessaire dès le début du match. Aujourd'hui, au club depuis six matches, Romain Loursac ne se pose pas de questions, enchaînant les pénalités gagnantes et le reste de l'équipe prend les autres points quand il faut les prendre. Une bonne dynamique s'installe dès lors, et les joueurs se libèrent.

A partir de ce constat là, vous avez lancé un audit réalisé par Jean-Pierre Elissalde, qui a été mal perçu par les joueurs et les entraîneurs. Avez-vous des regrets ?
J'ai demandé un audit pour avoir une vue globale sur les imperfections de l'effectif. En tant que président du groupe, ce genre d'action n'est pas demandée pour faire plaisir, mais plutôt pour dresser un bilan et mettre la pression au bon endroit. J'ai entendu parler du prix de l'audit, mais sachez qu'il ne fut pas payé très cher par rapport à d'autres audits classiques (Ndlr : Selon nos informations, Jean-Pierre Elissalde a été rémunéré 8000 euros pour 15 jours d'audit). Il était important pour moi, qui ne suis pas issu du monde du rugby, de comprendre pourquoi les bons résultats n'arrivaient pas. Jean-Pierre Elissalde est un homme d'expérience ayant apporté au club cette vision totalement externe que je cherchais. Je n'ai pas voulu dévoiler immédiatement les résultats de son observation, afin de discuter de la stratégie à mettre en place. En attendant, tout le monde a "serré les fesses''. Aujourd'hui, cette rigueur nous a permis de sortir de l'ornière dans laquelle nous nous étions retrouvés.

Plusieurs joueurs sont en fin de contrat, combien vont-ils être conservés ? Envisagez-vous des baisses de salaires ?
Nous avons 14 joueurs en fin de contrat. Une grande majorité va être conservée. Le but est de maintenir 80% de ces joueurs, avec une baisse de salaire sur l'ensemble du groupe. Nous avons 17 joueurs encore en contrat, de un ou deux ans, à qui nous demandons de baisser leurs salaires. Il faut bien comprendre qu'un joueur qui accepte de baisser sa rémunération, permet à d'autres de rester dans le groupe. En période de crise, cette réponse collective montre la force du groupe.

Qui seront les entraîneurs pour l'année prochaine ?
Pour le moment, rien n'est arrêté. Il y a deux ans, nous avons réalisé un véritable pari en remplaçant l'expérimenté Christian Lanta, par un binôme plus jeune composé de Mathieu Lazerges et Raphaël Saint-André. Il n'est pas simple pour eux d'apprendre, et pas simple pour nous de leur donner notre confiance. Néanmoins, si je me projette un peu, nous sommes finalistes depuis deux ans. La logique s'inscrit donc dans une reconduction de contrat.

Avez-vous des contacts avec d'autres entraîneurs ?
Naturellement, comme tous les clubs. Les entraîneurs en fin de contrat intéressent toujours les dirigeants. Nous en avons eu, et nous en aurons d'autres. Raphaël Saint-André et Mathieu Lazerges ne sont pas top, mais sont loin d'être mauvais. Ils ont l'intelligence d'apprendre, des fois avec un ego surdimensionné, mais ils se rendent compte qu'ils peuvent aussi apprendre par l'intermédiaire d'autres personnes plus expérimentées. A ce sujet, le LOU va engager un directeur sportif, dès le début ou au cours de la saison prochaine. Le profil recherché est une personne charismatique et contemporaine de moins de cinquante ans, issue du rugby de niveau international. Ca sera un peu le Tony Parker du LOU.

Peut-on imaginer une fusion avec le CSBJ ?
Il pourrait y avoir une fusion dans le cadre d'une politique de métropolité. L'axe Lyon - Saint-Etienne - Nord Isère est un axe croissant. Imaginons une fusion Lyon-CSBJ, avec un seul club Lyon-Bourgoin en Top 14, Saint-Etienne en Pro D2, et quelques clubs en fédéral 1 et 2 (troisième et quatrième division) dans un rayon de 20 kilomètres, afin d'obtenir une vraie dynamique. Le sport doit être à l'image d'une grande métropole, dans le but de fédérer les acteurs économiques autour d'un sponsoring intelligent. Ce n'est pas la peine d'aller chercher un grand sponsor pour un club de Pro D2. Mettre plus d'argent dans un club de Top 14 servirait à aider les autres petits clubs autour, pour avoir une montée en pression. A ce jour, une fusion n'est pas à l'ordre du jour, mais si, dans un an, le CSBJ continue en Top 14 et le LOU en Pro D2, on pourra imaginer une structure commune. Le LOU apporterait une base économique et son savoir-faire tandis que le CSBJ apporterait son positionnement au Top 14.

Le LOU à Gerland, est-ce encore envisageable ?
Je suis arrivé ici dans le but de construire un nouveau stade de 16.000 places. La ville de Lyon a la chance d'être portée par trois grands projets sportifs privés, de haut niveau (ASVEL, LOU, OL). Il faut réfléchir sur ce que sera la situation économique du sport de demain, c'est-à-dire dans deux ans. On peut très bien imaginer que les sports se conjuguent sous une entité unique et structurante pour l'ensemble des trois clubs. Le public lyonnais aime le sport de haut niveau. Je suis persuadé qu'il faut quelque chose de nouveau, car nous ne sortirons pas indemnes de cette crise. Concernant le stade de Gerland, cela demande des adaptations, car nous ne pouvons pas jouer dans ce grand stade tel qu'il est. Dans un sport confiné comme le rugby, nous avons besoin de plus de proximité.

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