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Broliquier : "J'ai subi des pressions de patrons qui travaillent pour le Sytral"

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Coup de théâtre ce jeudi en conseil du syndicat organisateur des transports. Alors que les élus devaient désigner la commission d'appel d'offres, Béatrice Vessiller n'a pas présenté sa candidature, se rangeant derrière Bernard Rivalta. Et le maire du 2e arrondissement a révélé avoir subi des pressions de 6 chefs d'entreprises, prestataires du Sytral, qui ne voulaient qu'ils votent pour l'écologiste. Au final, tous (sauf lui) ont voté pour la liste unique.

On s'attendait à une offensive de Béatrice Vessiller, c'est finalement Denis Broliquier qui est monté au créneau. Ce jeudi, le Sytral procédait au vote des membres siégeant à sa commission d'appel d'offres. Ce scrutin est organisé pour la 2e fois, Bernard Rivalta ayant un peu vite bloqué le 7 juillet dernier les candidatures de Béatrice Vessiller de Raymonde Poncet. Sollicité par l'élue verte, le tribunal administratif avait cassé la décision à la rentrée. Les deux écolos pouvaient donc ce jeudi composer leur liste.

Coup de théâtre : elles ne l'ont pas fait. Béatrice Vessiller figure dans la liste présentée par Bernard Rivalta, au titre de suppléante. Il n'y aura donc qu'une seule candidature. Deuxième coup de théâtre : c'est finalement Denis Broliquier qui porte le fer. Non en se présentant, mais en dévoilant avoir subi au cours de la semaine dernière "de nombreuses pressions".

Broliquier : "Vessiller pose les bonnes questions"

Le maire du 2e arrondissement nous a confié avoir été approché par six chefs d'entreprise. Ils ont un point commun : tous travaillent pour le Sytral. Ils le mettent en garde contre un vote en faveur de Béatrice Vessiller. Ceux-ci pensaient alors que l'écologiste se présenterait. Or la voix de Broliquier, associée à celles des deux écologistes, permettrait à l'élue villeurbannaise de siéger à la commission d'appel d'offres. Sur un mode mi-paternaliste, mi-comminatoire, ils y sont allés de leur bon conseil à leur ami maire. Béatrice Vessiller fait peur à ces patrons. Elle met son nez partout. "Elle va au fond des choses, elle pose les bonnes questions", reconnaît le maire du 2e arrondissement.

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Un élu UMP le menace de poursuites, un autre lui demande de démissionner

En séance publique, Denis Broliquier n'a pas mâché ses mots. "Pourquoi tant de réticences à faire entrer les vrais opposants à la politiques menée par le Sytral aujourd'hui dans cette commission ? La volonté de transparence du Sytral sur ses marchés se mesurera donc au nombre et à l'importance des dossiers sur lesquels vous laisserez siéger madame Vessiller. En attendant, il est possible que les petits arrangements entre amis aient tout le loisir de s'organiser". Le maire du 2e arrondissement souhaite qu'un membre de l'opposition siège dans cette instance. C'est pour lui un enjeu de transparence et de démocratie.

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Ces mots ont fait bondir l'assistance. Bernard Rivalta n'a pas besoin de réagir : ses amis s'en sont chargés pour lui. Le maire du 2e arrondissement s'est trouvé pendant quelques minutes sous le feu de tirs nourris, certains provenant d'élus de droite censés lui être proches. "Je ne vous permets pas de remettre en cause l'honnêteté de la commission", a répliqué, outragée, Yolande Peytavin (PCF). Robert Thevenot (app. UMP, photo ci-contre) a carrément demandé sa démission au motif que l'opposant a été élu au Sytral par ses pairs du Grand Lyon alors qu'il appartenait au groupe d'opposition Ensemble pour le Grand Lyon. Depuis, il a fondé son mouvement divers droite. Alain Jeannot (UMP) a exigé "la retranscription du texte" de son collègue, le menaçant sans équivoque de poursuites judiciaires. Même Raymonde Poncet a corrigé Broliquier : elle n'est pas dans "l'opposition" de Rivalta, mais accuse seulement "des dissensus" avec lui. Pour elle, la commission d'appels d'offres est certes "importante", mais "pas stratégique". Une appréciation qui laisse sceptique. Pour le Sytral, une opposition de principe au Grand Stade ou au budget est autrement moins dérangeante que la révélation d'irrégularités. "Les marchés publics, c'est le nerf de la guerre", tranche Broliquier.

La naïveté de Vessiller

Au moment du vote, les élus sont encore sous le choc de l'intervention de l'opposant divers droite. "Je ne savais pas qu'il ferait une intervention à la con comme ça. S'il croit qu'il va construire sa carrière politique comme ça !", a bougonné le président du Sytral, vite interrompu par sa collaboratrice qui s'aperçoit que le micro n'est pas coupé. Au final, seul Denis Broliquier ne prend pas part au scrutin. Les 24 élus ont tous voté comme un seul homme, en faveur de la liste unique. Gérard Collomb, qui n'a pas pris la parole, a pu s'éclipser. Tout s'est passé comme prévu.

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Que s'est-il passé ce jeudi ? Comment comprendre le recul de Béatrice Vessiller qui avait engagé un recours devant le tribunal administratif pour justement pouvoir déposer sa candidature ? L'élue qui ferraille contre Rivalta au Sytral, contre Bret à Villeurbanne, est un peu lasse d'être cantonnée dans le rôle de perpétuelle opposante. Elle avait à cœur d'envoyer un signal "d'apaisement" à l'exécutif du syndicat des transports. Elle a renouvelé son offre - déjà exprimée en juin - d'intégrer la liste majoritaire. Mais avec une concession de taille : elle consent désormais à être suppléante. Le cabinet du président lui aurait assuré que les absences des titulaires étant fréquentes, elle aurait l'occasion de siéger. Elle ne se doutait pas que le président du Sytral pousserait son avantage en la reléguant en dernière position. "Je suis sûr qu'elle ne siègera jamais", regrette Denis Broliquier.

Béatrice Vessiller était cette semaine à l'étranger pour des raisons professionnelles. C'est donc à des milliers de kilomètres qu'elle a réalisé son erreur de jugement, assurant n'avoir "subi aucune pression". Elle réagit aux révélations de l'opposant de droite. "C'est énorme ! Ça me pose des questions sur le fonctionnement de cette commission". Elle promet de regarder "de très près" les dossiers qui lui seront soumis. Mais ce contrôle s'effectuera a posteriori, avec moins d'informations. Les marches publics méritent pourtant une grande attention.

Comment le Sytral fait gagner ses favoris...

En septembre 2009, le Sytral avait passé deux marchés sur des travaux sur la ligne T4 à une société alors qu'elle était plus chère (1 069 000 euros) que ses concurrentes qui se positionnaient entre 499 000 euros et 817 000 euros. En cause : un système de notation des candidates. Pour obtenir la meilleure note, il suffisait de se rapprocher le plus possible de l'estimation du maître d'œuvre, selon une technique qui s'apparente au jeu télévisé "Le juste prix". A la suite de la révélation de l'affaire par Lyon Capitale, le Sytral avait retiré le marché.

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