Gérard Collomb
©Tim Douet

Au lancement de la Cité de la gastronomie, Collomb réécrit l’histoire

Le maire de Lyon a présenté ce jeudi matin la Cité de la gastronomie. Un projet “aux antipodes d’un musée”, selon ses concepteurs. Enthousiaste, Gérard Collomb est revenu sur la genèse de cette Cité lyonnaise, quitte à réécrire un peu l’histoire.

Gérard Collomb lors de la présentation de la Cité de la gastronomie le 7 avril 2016

©Tim Douet
Gérard Collomb lors de la présentation de la Cité de la gastronomie le 7 avril 2016

Toques blanches, petits fours et tout le gratin. Les salons de l’hôtel de ville de Lyon grouillaient ce jeudi matin de tout ce que Lyon compte de becs fins, pour la présentation de la Cité de la gastronomie qui devrait ouvrir au public fin 2018. Du projet, on connaissait finalement déjà beaucoup de choses. Car les lignes, depuis la présentation d’octobre 2012, n’ont pas vraiment bougé.

La Cité occupera la partie la plus au nord du Grand Hôtel-Dieu, également la plus ancienne. Elle s’étendra sur 3 600 des 54 000 m² du bâtiment emblématique du centre-ville. Soit environ 6,6 % de la surface totale. Une proportion que Pierre Sanner, secrétaire général de la Mission française du patrimoine et des cultures alimentaires (la structure qui a désigné les villes constituant le réseau des Cités de la gastronomie) estimait trop petite, justifiant selon lui le refus dans un premier temps de décerner le label de Cité de gastronomie à notre ville.

Les chefs réunis pour la présentation de la Cité de la gastronomie

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Les chefs réunis pour la présentation de la Cité de la gastronomie

Poussif au démarrage

Car, n’en déplaise au maire de Lyon, qui évoquait ce matin une mobilisation de masse dès la première heure, le dossier lyonnais avait sévèrement peiné au démarrage. Certainement porté par l’euphorie du moment, l’édile a même légèrement réécrit l’histoire. En avril 2012, Lyon Capitale évoquait la possible candidature lyonnaise uniquement mise en œuvre à l’époque par Jean-Michel Daclin, alors adjoint au maire et président du réseau des villes gourmandes. Mais Gérard Collomb ne montrait alors pas un grand enthousiasme. “Je n’ai pas trouvé un seul investisseur qui veuille mettre de l’argent dans cette Cité de la gastronomie, car ils pensent qu’il n’y aura pas de retombées suffisantes”, avait-il même affirmé en conseil municipal, en septembre 2012, estimant que le Sirah était “suffisant”. Pis, quelques jours plus tard, alors qu’un rassemblement était organisé par un groupe Facebook sur les marches de l’hôtel de ville en soutien à une candidature de la Cité de la gastronomie, Gérard Collomb avait fait passer la consigne : aucun élu socialiste ne devait y aller.

Mais finalement, alors que des groupes de soutien au projet ne cessaient de grossir, un partenariat avec Eiffage avait permis de monter un dossier de candidature et Gérard Collomb s’était soudain découvert une passion débordante pour ce projet de Cité de la gastronomie, présentant en grande pompe le dossier lyonnais à l’hôtel de ville devant un impressionnant parterre de toques blanches.

Cité de la gastronomie - animation et dégustation

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Cité de la gastronomie - animation et dégustation

Recalé la première fois

Mais le dossier lyonnais, qu’il avait été si dur pour Lyon Capitale de se procurer alors que toutes les autres villes candidates avaient eu plaisir à nous communiquer les leurs, souffrait d’avoir été préparé en hâte. Certes le lieu, l’hôpital de Rabelais, demeure une coquille idéale pour un projet autour de la gastronomie, du manger gras et du boire sec, mais le contenu pèche. Tant et si bien que le jour de l’annonce des résultats, Tours, Rungis et Dijon avaient été retenues pour créer un réseau des Cités de la gastronomie quand Lyon en était écarté. “La commission doute de la cohérence des différentes activités sur l’ensemble du site, notamment le ratio activités pédagogiques et culturelles, et espaces marchands, ces derniers étant fortement représentés. Le rapport entre les activités commerciales et culturelles n’était pas clairement lisible”, analysait à l’époque Pierre Sanner.

Lyon avait re-candidaté, mais sans pour autant revoir sa copie. Et là, à la faveur d'une nouvelle évaluation, la Cité de la gastronomie intégrait le réseau, mais sur un strapontin, le socle des villes étant constitué par Rungis, Tours et Dijon. "Lyon était un peu tenu à l'écart à l'époque", reconnaît pudiquement Gérard Collomb qui se félicite désormais que la Cité de la gastronomie lyonnaise soit "la première à voir le jour".

Le parcours du goût - découvrir un produit

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Le parcours du goût - découvrir un produit

“Un lieu vivant et attractif”

Leitmotiv du projet lyonnais : associer santé et nutrition. Concrètement, la Cité sera organisée autour d’un parcours du goût retraçant l’histoire de l’alimentation, les arts de la table, le “mieux manger”, des expositions d’ustensiles de cuisine, une bibliothèque, des démonstrations, des expositions temporaires mettant à l’honneur la gastronomie d’un pays ou encore des activités sensorielles.

Bien que la présentation laisse plutôt entrevoir un “musée de la gastronomie” dans une muséographie plus ou moins moderne, Régis Marcon, chef triplement étoilé intimement associé à la maturation du projet, s’en défend férocement. Il estime même que cette Cité de la gastronomie sera aux antipodes d’un musée et décrit un lieu “vivant et attractif avec des installations à la pointe de la modernité et de l’interactivité”. Car la Cité de la gastronomie se réclame également comme un pôle de compétence qui devrait réunir tous les acteurs de la filière à l’occasion de rencontres, tables rondes et colloques pour “échanger, imaginer et concevoir la cuisine de demain”.

Certes, le chemin fut compliqué – et il ne faut pas l’oublier – mais la Cité de la gastronomie semble enfin en marche. Dans la logorrhée des discours qui accompagne ce genre d’événements, c’est finalement Jacotte Brazier, petite-fille de la mère lyonnaise du même nom, qui aura le mieux résumé l’impatience de voir l’adage de Curnonsky qui consacrait Lyon “capitale de la gastronomie” prendre corps : “Cela aura été un peu long, mais enfin on y arrive. Et si Paris vaut bien une messe, alors Lyon vaut bien une Cité de la gastronomie.”

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