Marina de Castro et David Yendt, de l'association des auditeurs de l'IHEDN de la région lyonnaise, sont les invités de 6 minutes chrono / Lyon Capitale.
"La décennie qui s'impose à nos regards marque incontestablement la fin d'un cycle au cours duquel certains purent et espéraient en l'avènement d'un monde pacifié, apportant confort et bien-être au plus grand nombre. Malheureusement il n'en est rien. Marqué par le durcissement des rapports entre nations, la réaffirmation de la force qui s'affranchit du droit, la violence désinhibée contre l'adversaire, les populations civiles toujours plus ciblées, ce nouveau contexte stratégique incite à relancer l'intérêt que chacun doit porter aux questions de défense, de sécurité et de relations internationales".
Les mots prononcés par le général Hervé de Courrèges, directeur de l'Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN), sont au coeur des ambitions portées par cet organisme public français, placé sous la tutelle du Premier ministre, de formation et de réflexion sur les grands enjeux de défense, de sécurité et de géopolitique.
"Donner pour quelque chose qui me dépasse"
L’IHEDN contribue ainsi au renforcement de la cohésion nationale, "un enjeu prioritaire" pour le gouverneur militaire de Lyon, le général Lardet.
L’Association régionale IHEDN Auvergne-Rhône-Alpes, sorte de think tank associatif fondé en 1969, rassemble les auditeurs de l’IHEDN autour d’un objectif commun : "faire vivre l’esprit de défense dans son plus large apanage" explique David Yendt, son président. En d'autres termes : la dimension civique de la défense. "Nous sommes dans une démocratie et donc la défense est un enjeu civique."
"Que ce soit dans le milieu économique, militaire ou universitaire, il y a cette notion d'engagement : donner pour quelque chose qui me dépasse. C'est aussi cela que l'IHEDN veut promouvoir" poursuit Marina de Castro la secrétaire générale.
Afin de promouvoir cet esprit de défense et ces valeurs d'engagement qui forgent la cohésion nationale, est organisé vendredi 21 novembre, en présence du général de corps d’armée Hervé de Courrèges, un forum national des études. Le thème : "Défense : l’Europe à la croisée des chemins".
Plus d'informations : secretariat@ihedn-rl-ar14.org
La retranscription intégrale de l'entretien avec Marina de Castro et David Yendt
Bonjour à tous et bienvenue dans ce nouveau rendez-vous de 6 minutes chrono. Nous accueillons aujourd'hui deux invités, Marina De Castro, secrétaire générale de l'association des auditeurs de l'IHEDN de la région lyonnaise, l'Institut des hautes études de défense nationale, et David Yendt, président au niveau régional de cette association des auditeurs de l'IHEDN. Je vais reprendre des mots du général de Courrèges, président de l'IHEDN au niveau national. "La décennie qui s'impose à nos regards marque incontestablement la fin d'un cycle au cours duquel certains purent et espéraient en l'avènement d'un monde pacifié, apportant confort et bien-être au plus grand nombre. Malheureusement il n'en est rien. Marqué par le durcissement des rapports entre nations, la réaffirmation de la force qui s'affranchit du droit, la violence désinhibée contre l'adversaire, les populations civiles toujours plus ciblées, ce nouveau contexte stratégique incite à relancer l'intérêt que chacun doit porter aux questions de défense, de sécurité et de relations internationales". David Yendt, c'est à cette ambition que répond l'IHEDN ?
David Yendt : Oui, tout à fait. C'est vraiment la dimension civique de la défense. Nous sommes dans une démocratie et donc la défense est un enjeu civique. Décompartimenter les questions de défense et ne pas les réserver uniquement à une sphère de sachants du domaine militaire ou sécuritaire, c'est quelque chose qui participe de l'ADN de l'IHEDN.
L'ADN de l'IHEDN, oui. Marina De Castro, on parle beaucoup de cohésion nationale, de liens entre l'armée et la population civile, entre le citoyen. Finalement, comment cette culture de la défense imprègne-t-elle toute la population ?
Marina de Castro : Avec des événements. Nous organisons des conférences, des visites, des ateliers pour promouvoir cet esprit de défense et ces valeurs d'engagement qui forgent la cohésion nationale.
Et cette cohésion nationale, on peut en dire quoi aujourd'hui ? En 2025, dans ce contexte particulier, la guerre est aux portes de l'Europe. Comment sentez-vous cette cohésion nationale ?
Marina de Castro : Ce que l'on constate au niveau de l'association, c'est que nous avons de plus en plus d'adhérents et de personnes qui s'intéressent à ces enjeux de défense, de citoyenneté, de géopolitique, de relations internationales. Ils viennent à l'IHEDN pour trouver ce cercle de réflexion sur ces grands enjeux.
Justement, à propos d'enjeux, c'est une bonne transition. Le gouverneur militaire de Lyon, le général Lardet, me disait récemment que la région Auvergne-Rhône-Alpes est au cœur de ces enjeux parce que c'est la première région industrielle et la deuxième en termes d'habitants. C'est important que ce forum national des études de l'Union-IHEDN ait lieu le 21 novembre à Lyon ? Y a-t-il une logique particulière ?
David Yendt : Il ne faut pas oublier le potentiel universitaire. Quand on parle de cohésion nationale, il faut aussi considérer toutes les actions menées en direction de la jeunesse, notamment au travers du trinôme académique, qui associe le ministère de l'Éducation nationale, le ministère des Armées, l'IHEDN en région et également la DRAF. Ce n'est pas vraiment un trinôme, c'est plutôt un polynôme pour tout ce qui touche à la souveraineté, notamment alimentaire. Nous avons donc ce pôle universitaire qui alimente cette réflexion autour des questions de défense, ce qui fait partie des missions de l'IHEDN.
Justement, ce forum national des études de l'Union IHEDN aura lieu le 21 novembre à Lyon, avec pour thème "Défense : l'Europe à la croisée des chemins". Le général de corps d'armée Hervé de Courrèges, président de l'IHEDN, sera présent. Quels seront les grands enjeux de ce forum ?
David Yendt : Un premier enjeu est la restitution des travaux des différentes aires. Le cœur de l'IHEDN n'est pas seulement d'organiser des conférences, mais aussi de permettre aux auditeurs de contribuer à ces réflexions au travers de groupes de travail. Il y aura donc une restitution des groupes de travail nationaux autour de la défense européenne. Nous sommes très contents de pouvoir le faire dans les locaux de la mairie, car ce rayonnement universitaire est important. L'objectif est d'ouvrir et de contribuer à cultiver l'esprit de défense.
C'est à l'université René Cassin, c'est bien cela ? Ce forum national, le 21 novembre, Marina De Castro, dans la région Auvergne-Rhône-Alpes mais aussi au niveau national, le monde économique est sensibilisé depuis quelques années à travers différents dispositifs. Comment arrive-t-on à lier l'économie, la population civile, l'armée et notamment votre association, pour que tout cela prenne et que ces enjeux puissent éclore ?
Marina de Castro : Le fil d'Ariane de tous ces domaines, finalement, c'est la notion d'engagement. Que ce soit dans le milieu économique, militaire ou universitaire, il y a cette notion d'engagement : donner pour quelque chose qui me dépasse. C'est aussi cela que l'IHEDN veut promouvoir.
Et aujourd'hui, cet engagement, est-ce que vous le sentez ? Avez-vous des repères pour dire que s'engager pour quelque chose de supérieur à soi, pour la nation, pour la patrie, c'est une réalité qui commence à éclore ?
David Yendt : Tout à fait. Comme l'a dit Marina précédemment, nous voyons l'intérêt que suscite l'IHEDN en région. On peut regretter que ce soit le contexte international qui amène cet intérêt, mais de manière plus large, oui, nous le constatons. Nous le voyons aussi à travers la réussite de nos événements : le public est de plus en plus nombreux. Il y a une sensibilité croissante, y compris au sein du corps enseignant, où les questions de géopolitique sont très présentes dans les programmes et les préoccupations.
