Anthony Angelot, directeur du projet I-Arbre pour la Métropole de Lyon, est l’invité de 6 minutes chrono / Lyon Capitale.
Anthony Angelot, directeur du projet I-Arbre pour la Métropole de Lyon, est l’invité de 6 minutes chrono / Lyon Capitale.

Comment la Métropole de Lyon utilise l’IA pour planter des arbres ?

Anthony Angelot, directeur du projet I-Arbre pour la Métropole de Lyon, est l’invité de 6 minutes chrono / Lyon Capitale.

La Métropole de Lyon développe un outil d’intelligence artificielle pour mieux adapter son territoire au changement climatique. Baptisé IA.rbre, ce projet s’appuie sur la donnée publique et la collaboration avec des chercheurs pour guider les choix de végétalisation et de désimperméabilisation.

Dans un territoire déjà contraint par les réseaux souterrains et le mobilier urbain, planter un arbre peut être un défi logistique. C’est à cette difficulté que répond le projet IA.rbre, piloté par la Métropole de Lyon. "La Métropole est l’un des territoires les plus exposés au changement climatique", rappelle Anthony Angelot, directeur du projet. "Une des stratégies, c’est la végétalisation. Mais pour ça, il faut savoir où l’on peut planter des arbres." Né d’un premier outil baptisé "calque de plantabilité", IA.rbre croise des dizaines de jeux de données géographiques pour identifier les espaces propices à la végétalisation ou à la désimperméabilisation. L’enjeu : permettre aux élus de prendre des décisions fondées sur des analyses précises du terrain. "On utilise principalement des données déjà existantes, comme les réseaux de gaz ou d’électricité, et on en produit de nouvelles, par exemple sur la végétation, grâce à des photos aériennes analysées par IA."

Un outil ouvert

Développé avec l’Université Lyon 2 et la coopérative Téléscope, l’outil se veut transparent et réplicable. "L’ensemble du projet sera ouvert et documenté pour que d’autres collectivités puissent reproduire notre démarche", insiste Anthony Angelot. Mais le recours à l’intelligence artificielle pose aussi la question de son impact écologique. "On veut une IA frugale, qu’on utilise uniquement là où c’est strictement nécessaire", souligne le directeur du projet. L’équipe prévoit d’évaluer le bilan carbone du dispositif, en tenant compte notamment des effets positifs des arbres plantés.

Quant au risque de voir les outils numériques supplanter la décision politique, Anthony Angelot rassure : "Ce sont les agents de la Métropole qui définissent les paramètres de l’IA, et l’humain garde toujours la décision."

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Bonjour à tous, bienvenue dans l'émission 6 minutes chrono, le rendez-vous quotidien de la rédaction de Lyon Capitale. Aujourd'hui, on va parler d'intelligence artificielle, de collectivité et de gestion politique, puisque la métropole de Lyon, accompagnée de la SCOP Téléscope, du laboratoire de l'université Lumière Lyon 2, du CNRS, de l'IRIS et de l'État, développe un nouvel outil augmenté à l'IA pour aider à la prise de décision dans l'adaptation de la ville au changement climatique. Et pour en parler, nous recevons Anthony Angelot, qui est directeur du projet IA.rbre pour la métropole de Lyon. Bonjour Anthony Angelot. Merci d'être venu sur notre plateau. On va rentrer dans le vif du sujet. Quelle est la genèse de ce projet et surtout, à quoi ça sert ? Comment ça va fonctionner ?

Merci de me recevoir. Donc, la métropole de Lyon est un des territoires qui va être le plus touché par le changement climatique. Et donc, on se doit d'adapter le territoire pour les habitants. Une des stratégies, c'est la végétalisation. Et pour ça, il faut savoir où est-ce qu'on peut planter des arbres dans un territoire qui est déjà très contraint. Donc, ça, c'était la genèse du projet. C'est vraiment cette question-là : où peut-on planter, sachant qu'on prend en compte un nombre de contraintes très important, entre les réseaux souterrains, le mobilier urbain ou encore la végétation existante.

Le projet est né dans la métropole de Lyon avant tous les partenaires que j'ai cités ? C’est une initiative métropolitaine ?

C'est un projet qu'on a appelé le "calque de plantabilité", qui visait à dire, sur la métropole, où il serait facile de planter ou au contraire, où ce serait beaucoup plus compliqué en raison des contraintes que je mentionnais.

D'accord. Donc, c'est vraiment axé sur les enjeux écologiques, environnementaux, vous parlez de végétalisation. Ça ne va pas sortir de ce domaine-là. C'est important de le préciser aussi.

Le point de départ, c'est la végétalisation. Et l'idée, c'était, au-delà de cet outil qui nous aide à dire où l’on peut planter, d'aller plus loin et de traiter l'ensemble des enjeux d'adaptation du territoire. Donc, on va aussi travailler aujourd'hui sur les questions de désimperméabilisation, c’est-à-dire comment faire rentrer l'eau de pluie dans les sols pour alimenter cette végétation, mais aussi sur les vulnérabilités sociales et les questions de biodiversité. Donc, on élargit le périmètre, mais toujours grâce à la donnée et à l'intelligence artificielle.

Alors, vous parliez de données. Ça me fait une bonne transition. Sur quelles données s'appuie votre outil ? Est-ce que vous communiquez dessus ? Je le précise parce que beaucoup d'IA génératives utilisées par le grand public ne communiquent pas sur les données qui permettent de générer des images, des vidéos ou du texte. Sur quelle collecte, quel fond de données s'appuie la vôtre ?

On utilise principalement des données géographiques qui vont cartographier le territoire. Ce sont souvent des données déjà existantes, en particulier les données de réseau : on sait où sont les réseaux de gaz, d'électricité, etc. Et d'autres données sont produites par nous-mêmes. Par exemple, sur la végétation du territoire, on doit savoir où se situent les strates hautes et les strates basses de végétation. Et pour ça, on va récolter des photos aériennes sur l'ensemble de la métropole et utiliser l'IA pour détecter tous les arbres et arbustes présents.

D'accord, ce ne sont donc pas des données comportementales des Lyonnais ou Grands Lyonnais, sur qui ils sont, forcément. Ce sont des données publiques.

Absolument. Ce sont des données publiques. Pour la plupart, elles sont déjà en très grande majorité ouvertes et disponibles sur la plateforme d’Open Data.

Et comment est-ce que ça fonctionne ? Vous créez l’outil en interne ? Ou est-ce que ce sont des agrégats ? Comment va fonctionner, dans les grandes lignes, cet outil ?

La première étape, c'est de réunir l'ensemble des données pour produire des cartographies : où planter, où désimperméabiliser, où agir face au changement climatique. Donc, au sein de la métropole, on produit beaucoup de données avec nos partenaires : GRDF, Enedis, les pompiers, etc. Ensuite, on agrège ces données pour en faire un véritable outil d'aide à la décision. Ce n’est pas très utile d’avoir un agrégat de 35 ou 60 jeux de données si on ne sait pas ce qu’elles nous disent. L’outil est donc développé en interne avec l’université de Lyon et la coopérative Téléscope, qui possèdent toutes les compétences en data. L’ensemble du projet sera ouvert et documenté pour que d’autres collectivités puissent reproduire notre démarche.

C’est assez inédit en France que des collectivités, alors en lien avec le monde de la recherche, on l'entend bien, créent leur propre outil d’intelligence artificielle. Ou est-ce qu’il y a d’autres cas de figure ?

Il y a d’autres cas. L’intelligence artificielle est un sujet qui monte. De plus en plus de collectivités s’en saisissent. Sur les enjeux d’adaptation, on a répondu à un appel à projets national. L’objectif, c’est que Lyon soit vraiment moteur sur l’IA pour la transition écologique, et que ce projet puisse être répliqué dans d’autres collectivités. C’est déjà le cas à Bordeaux Métropole, par exemple.

D’accord. Déjà, ça a commencé finalement. Le modèle lyonnais s’exporte déjà en France. On peut dire ça.

Exactement. Ils ont été les premiers sur les sujets de végétalisation.

Il y a aussi un enjeu sur l’IA, c’est l’écologie… mais l’impact de l’IA sur l’environnement, plutôt. Comment est-ce que vous intégrez, alors que vous avez créé une IA qui travaille sur les questions environnementales, la pollution, la chaleur, la demande en énergie que demande l’intelligence artificielle ? Comment est-ce que vous intégrez ces enjeux à votre outil ?

Vous faites très bien de le préciser. C’est un enjeu extrêmement important pour nous. L’idée, c’est d’avoir une IA frugale. Et par frugalité, on entend : l’utiliser seulement là où c’est strictement nécessaire. Il y a beaucoup de choses qu’on peut faire sans IA, et dans ces cas-là, on ne l’utilise pas. Et quand elle est indispensable, on essaye de développer les algorithmes les plus éco-conçus possibles. Si on fait le bilan carbone et énergétique du projet, on peut imaginer que la plantation d’arbres — on fera un bilan à la fin des trois ans — compensera en partie les émissions émises au lancement du projet.

Et alors, bon, là on fait un peu de politique-fiction, mais n’y a-t-il pas un risque à terme, à force de développer ces projets, même jusque dans la décision politique ? On parle d’outils qui vont aider les élus à prendre des décisions. Est-ce qu’il n’y a pas un risque que ce soit l’outil qui finisse par prendre la décision, en disant “ça, c’est le mieux, ça, c’est le moins bien”, et que les humains ou les élus se retrouvent à devoir suivre ces choix ?

Alors, deux niveaux de réponse. D’abord, on souhaite avoir des IA explicables, c’est-à-dire pas des boîtes noires, mais des systèmes dont on comprend pourquoi ils préconisent telle ou telle solution. Ce sont des agents de la métropole qui vont définir les paramètres des IA. Donc on peut expliquer d’où viennent ces appuis à la décision. Ensuite — et c’est nécessaire pour toutes les IA de la métropole — c’est l’humain qui garde la décision.

Très bien. Ce sera le mot de la fin. C’est déjà la fin des 6 minutes chrono. Merci beaucoup d’être venu sur notre plateau pour expliquer cet outil IA.rbre. Plus de détails sur l’actualité de l’intelligence artificielle et sur l’écosystème qui les crée sur le site de la métropole de Lyon et sur le site lyoncapitale.fr. À très bientôt.

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