Hélène Geoffroy, maire PS de Vaulx-en-Velin et soutien de Nicolas Mayer-Rossignol, est l'invitée de 6 minutes chrono / Lyon Capitale.
A quelques jours du congrès du Parti Socialiste, Hélène Geoffroy, soutien de Nicolas Mayer-Rossignol, estime que le premier tour a déjà des airs de victoire : "la ligne d’Olivier Faure est arrivée minoritaire, plus encore que lors du congrès précédent. Depuis trois congrès, la ligne portée par la direction nationale sortante s’affaiblit en termes de voix. Aujourd’hui, elle ne représente plus que 42 % des suffrages, ce qui signifie que 58 % des militants ont opté pour un changement d’orientation. Il s’agit là d’une nouveauté majeure de ce congrès".
Elle fait du positionnement par rapport à la France insoumise l'un des enjeux majeurs de ce congrès : "à chaque fois que le PS n’a pas affirmé son identité et sa vision, il s’est affaibli. La France insoumise a imposé sa stratégie, tandis que la direction nationale du PS n’a pas fait travailler le parti sur ses propres projets. Le congrès a été marqué par la nécessité de clarifier la position des socialistes sur des sujets stratégiques tels que l’éducation, la sécurité, l’immigration, le rapport aux institutions, l’identité française. Le débat public est aujourd’hui dominé par les thématiques sécuritaires et identitaires, notamment sous l’influence des Républicains. La gauche doit s’en emparer, mais le PS n’a pas clarifié sa doctrine sur ces questions". "Nicolas Mayer-Rossignol a été très clair : en cas de dissolution, il n’y aura pas d’accord avec La France insoumise, le Nouveau Front populaire est caduc", poursuit-elle.
La retranscription intégrale de l'entretien avec Hélène Geoffroy
La rédaction de Lyon Capitale reçoit Hélène Geoffroy, maire socialiste de Vaulx-en-Velin, pour évoquer le second tour de la désignation du premier secrétaire du Parti socialiste, actuellement en congrès. Ce second tour oppose le sortant Olivier Faure à Nicolas Mayer-Rossignol, que soutient Hélène Geoffroy. Il s’agit de déterminer s’il est simplement question de choisir un dirigeant ou si la thématique de la survie du Parti socialiste, récurrente depuis une dizaine d’années, est de nouveau centrale.
Le Parti socialiste traverse un moment existentiel. Les 39 000 adhérents appelés à voter ne sont pas les seuls concernés, car l’ensemble de la gauche observe la situation. L’issue de ce congrès donnera la tonalité pour les prochaines élections municipales et présidentielles, non seulement pour le PS, mais aussi pour la gauche et, par extension, pour le pays tout entier. Le premier vote a déjà donné une orientation sur les textes stratégiques. La ligne d’Olivier Faure est arrivée minoritaire, plus encore que lors du congrès précédent. Depuis trois congrès, la ligne portée par la direction nationale sortante s’affaiblit en termes de voix. Aujourd’hui, elle ne représente plus que 42 % des suffrages, ce qui signifie que 58 % des militants ont opté pour un changement d’orientation. Il s’agit là d’une nouveauté majeure de ce congrès. Un second vote doit avoir lieu pour choisir le premier secrétaire. Puisque la majorité des militants souhaite un changement d’orientation, il convient de le confirmer par un changement de premier secrétaire, qui devra porter une ambition renouvelée pour le Parti socialiste. Le nombre d’adhérents n’a jamais été aussi bas : de plus de 80 000 au début du mandat d’Olivier Faure, après le congrès d’Aubervilliers, il est désormais tombé à moins de 40 000, un niveau historiquement faible depuis la fondation du parti.
La situation est d’autant plus difficile à vivre que, lors du congrès des Républicains, ceux-ci ont vu leurs adhésions exploser, atteignant plus de 120 000 membres, avec un vote électronique permettant des résultats rapides, alors que le PS peine à moderniser ses procédures.
Les Républicains ont mené une campagne qui leur a permis de dépasser les 120 000 adhérents et d’obtenir des résultats en une demi-heure grâce au vote électronique, alors que le PS met plus d’une journée. Le PS, historiquement attaché à la démocratie interne et à la consultation régulière des militants, ne les a pas consultés pour les accords électoraux récents. Si Nicolas Mayer-Rossignol devient premier secrétaire, il consultera les militants et instaurera une forme moderne d’adhésion, avec pour ambition de dépasser à nouveau les 100 000 adhérents. Le constat est celui d’un parti affaibli, dissous au gré d’accords électoraux où les projets socialistes n’ont pas été conçus, portés ou élaborés. Désormais, 58 % des militants demandent un changement d’orientation.
La question centrale du congrès concerne-t-elle aussi la stratégie d’alliance, notamment les accords électoraux avec La France insoumise, scellés par Olivier Faure pour les législatives de 2022 et 2024 ? Est-ce la question centrale du congrès et La France insoumise occupe-t-elle une position hégémonique ?
La France insoumise a donné le ton du débat à gauche ces quatre dernières années, son leader Jean-Luc Mélenchon étant arrivé en tête de la gauche aux deux dernières présidentielles, à l’exception des européennes. Lors des européennes de juin 2024, le Parti socialiste, en adoptant une ligne claire, a pris la tête à gauche. À chaque fois que le PS n’a pas affirmé son identité et sa vision, il s’est affaibli. La France insoumise a imposé sa stratégie, tandis que la direction nationale du PS n’a pas fait travailler le parti sur ses propres projets. Le congrès a été marqué par la nécessité de clarifier la position des socialistes sur des sujets stratégiques tels que l’éducation, la sécurité, l’immigration, le rapport aux institutions, l’identité française. Le débat public est aujourd’hui dominé par les thématiques sécuritaires et identitaires, notamment sous l’influence des Républicains. La gauche doit s’en emparer, mais le PS n’a pas clarifié sa doctrine sur ces questions. Dans ces conditions, le parti n’est pas en mesure d’aborder sereinement l’élection présidentielle, alors que le Rassemblement national est aux portes du pouvoir. Il est donc essentiel de définir une vision claire de la société et de l’avenir. L’enjeu ne se limite pas à la question des alliances avec La France insoumise. Nicolas Mayer-Rossignol a été très clair : en cas de dissolution, il n’y aura pas d’accord avec La France insoumise, le Nouveau Front populaire est caduc.
Cette position s’appliquera-t-elle également aux municipales de 2026 ? Le débat sur les alliances se posera-t-il, notamment pour les élections métropolitaines, où il pourrait être nécessaire de composer une majorité ? Pour vous, s’il y a les Insoumis, cela signifie-t-il un refus d’alliance ?
J’ai fait partie des élus et militants socialistes qui ont voté contre la NUPES dès sa création en 2022, en raison de désaccords de fond avec la ligne incarnée par La France insoumise, notamment sur les quartiers populaires. Les accords évoqués concernent principalement l’échelon national. Au niveau local, il n’y aura pas d’accords entre le Parti socialiste et La France insoumise pour les municipales. Certains maires ou candidats peuvent constituer des équipes autour d’un projet municipal, ce qui peut inclure des personnes issues de différents horizons, mais il n’y aura pas d’accord au niveau du parti entre la France insoumise et le Parti socialiste. Un maire qui décide de faire une équipe autour d’un projet municipal peut inclure des personnes plus larges, mais cela relève de la constitution d’équipes locales et non d’un accord national.
Vous cherchez à rassurer votre collègue Cédric Van Styvendael, maire de Villeurbanne ?
Il est possible, en effet, qu’il y ait des équipes municipales composites, comme celle du maire de Villeurbanne. Pour ma part, ma position sur ce sujet est très claire.