Les démineurs de la sécurité civile et les plongeurs de la gendarmerie ont repêché trois bombes allemandes de la Seconde Guerre mondiale sous le pont de Frans à Villefranche-sur-Saône. (Photo Hadrien Jame)

Trois bombes repêchées dans la Saône, vestiges d'une opération allemande ratée en 1944

Posées en septembre 1944 sur le pont de Frans par les Allemands, trois bombes qui n’avaient jamais rempli leur dessein ont été repêchées ce lundi 14 novembre à Villefranche-sur-Saône. Elles seront détruites d’ici quelques jours. 

Mi-mars, des plongeurs de la gendarmerie qui s’entraînaient sous le pont de Frans à Villefranche-sur-Saône avaient découvert avec surprise plusieurs engins explosifs datant de la Seconde Guerre mondiale. "À la base, on pensait plutôt trouver des téléphones, des objets volés, des voitures…", confie l’adjudant Sebastien de la Brigade nautique d’Aix-les-Bains présent lors de la découverte. Ce qui semblait à première vue être un taquet d’amarrage s’était finalement révélé être une bombe. Des recherches plus poussées avaient ensuite permis de mettre au jour deux autres engins. Si la découverte n’est pas inhabituelle, elle reste tout de même plutôt rare pour les militaires, plus habitués à trouver des obus, dont la taille est plus petite. 


"Une grande partie des ponts de Lyon ont été détruits par les Allemands pour assurer leur fuite en septembre 44. La particularité du pont de Frans c’est que le piège a été neutralisé", capitaine Le Goff, démineur de Lyon


Vestige d’un bombardement allié, d’une opération allemande ou de la Résistance ? Jusqu’à ce lundi 14 novembre, le mystère planait sur ces bombes. Sorties des eaux de la Saône dans la matinée par une douzaine de plongeurs de la gendarmerie et de la sécurité civile elles ont pu être formellement identifiées. Un coup d’oeil suffit au capitaine Le Goff pour les lier à la fuite des forces allemandes en 1944. "Dans leur fuite, ils ont piégé tous les ponts", explique l’adjoint au chef de centre de déminage de Lyon.

Il n'aura pas fallu plus de 15-20 minutes aux plongeurs pour sortir les trois engins d'un mètre de l'eau. (Photo Hadrien Jame)

L'explosion du pont de Frans contrecarrée

Construit en 1902 pour relier les villes de Villefranche-sur-Saône et Jassans-Riottier l’ouvrage de 162 mètres de long n’a toutefois jamais explosé, contrairement à de nombreux autres ponts construits sur la Saône à Lyon et dans ses environs. "Le piège a été neutralisé par des résistants  qui ont eu le courage de couper le fil avant que les Allemands ne fassent exploser le pont", précise le démineur lyonnais. Longues d’environ 1 mètre, les trois bombes retrouvées pèsent chacune 50 kilos et contiennent environ 16 kilos d’explosifs, "ils en mettaient beaucoup pour pouvoir casser le pont, au milieu ou au niveau de la pile". 

Ces reliques qui n’ont donc jamais mené à bien leur mission sont aujourd’hui inoffensives, bien que leur charge soit toujours présente. "La particularité des bombes allemandes par rapport à toutes les bombes que l’on voit, c’est que leur mise à feu était électrique. Donc 78 ans après, même s’il y avait un système d’amorçage ça ne fonctionne pas. Il n’y a plus de danger de ce côté-là", assure le capitaine Le Goff. Alors, pourquoi prendre la peine de retirer ces engins de l’eau ? Tout simplement pour éviter qu’un pêcheur à l’aimant (par exemple) ne les sorte de l’eau et tente par la suite de les ouvrir pour récupérer l’explosif niché à l’intérieur. "Là ça exploserait et ça ferait des dégâts sur au moins 100 à 200 m", prévient le démineur. 

La mobilisation d'une douzaine de plongeurs des gendarmeries de Valence, Aix-les-Bains et Villefranche-sur-Saône aura été nécessaire pour sortir les engins de l'eau sous le pont de Frans. (Photo Hadrien Jame)

12 à 15 tonnes d'engins récupérées par an

Des opérations de ce type, les démineurs de la sécurité civile en mènent très régulièrement dans la région Auvergne-Rhône-Alpes. Sur les 1 000 opérations réalisées chaque année par l’antenne de Lyon, environ 80% seraient liées à de la démolition historique. "En France il reste encore beaucoup d’engins des guerres de 1870, 1914-1918 et 1939-1945. On s’occupe de toute la région Auvergne-Rhône-Alpes et on récupère entre 12 et 15 tonnes par an", estime le capitaine Le Goff. À l’entendre, il faudrait pas moins de 500 ans pour nettoyer tout le territoire national. 

Privées de leur système de mise à feu électrique, une particularité des bombes allemandes pendant la guerre, les trois bombes récupérées sont "inoffensives". (Photo Hadrien Jame)

Transportées à Corbas, les trois bombes de Villefranche seront emmenées dès mercredi à Colmar, en Alsace, où elles seront détruites vendredi matin. Placées au fond d’un trou creusé sur un terrain de la sécurité civile, 78 ans après avoir manqué leur cible elles exploseront à l’abri des regards sans causer le moindre dégât.

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