Patrice Lair : "Bergeroo va apporter du professionnalisme"

Alors qu’il entame sa quatrième saison sur le banc des féminines de l’OL, Patrice Lair a toujours faim de victoires. Malgré une intersaison où il a vu partir certaines de ses cadres (Laura Georges, Sonia Bompastor), le technicien lyonnais est prêt à affronter une nouvelle saison avec le PSG comme principal adversaire pour la lutte pour le titre.

Lyon Capitale : Patrice Lair, comment s’est passé la reprise depuis le retour des internationales ?

Patrice Lair : On a repris tardivement puisque j’avais décidé de laisser un mois de vacances aux internationales. Cela faisait trois ans qu’elles n’avaient pas soufflé, ça leur a fait du bien. On est allé à Tignes où l’on a surtout travaillé physiquement. D’après moi, on va être en préparation jusqu’à la fin du mois, même s’il y a des gros rendez-vous qui arrivent. A nous de compenser notre manque de rythme par de la maîtrise.

Les internationales ont-elles digéré l’échec de l’Euro ?

Digéré oui mais elles le gardent dans un coin de la tête. Pour la plupart, elles ont un CV international qui est toujours vierge. L’arrivée de Philippe Bergeroo est une bonne chose pour elles. Il va apporter du professionnalisme dans un monde féminin qui est resté dans le monde amateur. J’espère qu’il nous ramènera la Coupe du monde.

Étiez-vous intéressé par le poste ?

Oui, mais on ne m’a pas sollicité. De toute façon, ça risque d’être compliqué en France. Mon discours ne passe pas vraiment auprès des instances fédérales. Si je dois entraîner une sélection un jour, ça sera à l’étranger.

A l’instar des garçons, le club a dû réduire la voilure cette saison. Cela va t-il vous pénaliser face au PSG ?

C’est sur que ça sera plus compliqué mais j’ai un groupe intéressant. Le club est toujours aussi ambitieux pour les filles. Je suis persuadé qui si vraiment nous en avons besoin, le président Aulas saura faire ce qu’il faut. Concernant le PSG, c’est une somme d’individualités comme pour les garçons. Nous avons la chance d’avoir un collectif, les filles jouent ensemble depuis plusieurs années mais l’objectif reste de gagner le plus de matchs possible.

Le fait d’avoir peu recruté permettra-t-il aux jeunes de s’exprimer chez les pros ?

Je ne ferai pas du social, les meilleures joueront. Si une fille de 33 ans est meilleure que celle de 17 ans, c’est elle qui jouera. Je suis partisan de l’idée qu’une équipe doit être composée de joueuses de talent. Après il y a quelques jeunes qui se rapprochent, mais pour une place de titulaire, il faudra attendre 2 ou 3 ans. Concernant les recrues, Saki Umagai est vraiment un plus pour l’équipe. Pour Mélissa Plaza, elle savait qu’en arrivant elle partirait en tant que numéro 2. Mais elle est en train de bousculer la hiérarchie, c’est positif.

Vous voyez d’autres rivaux hormis le PSG ?

Montpellier me semble dangereux, ils ont fait un bon recrutement. Ils ont pris un entraîneur venant des garçons, ça va leur amener de la rigueur en plus. Juvisy peut venir jouer les troubles-fêtes mais je ne les vois pas tenir sur la longueur. Ils leur manquent quelque chose. Ils n’ont plus gagné de titres depuis 2006, c’est bien qu’il y a une raison. Les places européennes se joueront entre Paris, Montpellier et nous.

Comment jugez-vous ce championnat ?

Il s’améliore mais c’est long. Montpellier et l’AS Saint-Etienne ont fait de bons recrutements cette année mais ce n’est pas encore suffisant. J’aimerais que des clubs comme l’OM ou Bordeaux misent plus sur les féminines mais c’est de la responsabilité des présidents. Le rêve ça serait d’avoir une première division avec 18 clubs professionnels. On en est à trois fois moins , ça prend du temps.

Vous n’avez perdu qu’un seul match en trois ans, vous et votre groupe ne ressentez pas une certaine lassitude ?

On a toujours su se motiver. Depuis trois ans, on a réalisé des choses fabuleuses et on veut garder ce rêve. Aujourd’hui, mon plus grand boulot est de garder mon groupe sous pression, car nous avons une image et que les gens en demandent toujours plus. C’est très fatiguant. Après, c’est vrai que c’est difficile de se motiver pour aller jouer sur un terrain bosselé à Hénin-Beaumont, on préférerait jouer tous les week-ends dans des vrais stades.

Vous pensez à l’après OL ?

J’entame ma quatrième saison ici. C’est rare que je sois dans un club aussi longtemps. Pour moi, un entraîneur ne doit pas faire plus de deux trois ans après il est en fin de cycle. Pour l’instant je me sens bien ici, le boss me fait confiance, mais tout peut aller très vite en fonction des résultats. J’ai eu des sollicitations pour aller entraîner des garçons mais je suis sous contrat avec l’OL. Le seul qui peut me libérer c’est le président. Je peux partir dans six mois ou dans trois ans, je n’en ai aucune idée.

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