Centrale nucléaire du Bugey dans l'Ain @ Cheyenne Gabrelle
La centrale nucléaire du Bugey dans l’Ain @ Cheyenne Gabrelle

Près de Lyon, dans les coulisses de la centrale nucléaire du Bugey

À l'heure où le réchauffement climatique s'accélère, les centrales nucléaires sont au coeur des enjeux liés à la transition énergétique et au bas carbone. La centrale du Bugey alimente 40 % de la consommation en électricité de la région Auvergne-Rhône-Alpes. Reportage dans un site hautement sécurisé.

À quoi ressemble l'intérieur d'une centrale nucléaire ? Pour vous le faire découvrir, Lyon Capitale vous emmène dans les coulisses de la centrale nucléaire du Bugey, dans l'Ain.

Implantée à Saint-Vulbas, à une quarantaine de kilomètres de Lyon, sur un site de plus de 100 hectares, la centrale nucléaire du Bugey fournit 40% de la consommation d'électricité de la région Auvergne-Rhône-Alpes, et représente l'équivalent de 7% de la production nucléaire française. Actuellement, la centrale tourne avec quatre réacteurs de 900 MW, le cinquième, le plus ancien (unité 1), étant en phase de déconstruction.

Plongez dans les coulisses de la centrale nucléaire du Bugey en vidéo :

Un site hautement sécurisé

De loin comme de près, les quatre tours de refroidissement de la centrale nucléaire du Bugey impressionnent. À l'entrée de la centrale, il est obligatoire de se munir de sa carte d'identité pour créer une carte de visite. Un casque, des bouchons d'oreilles et des chaussures de sécurité sont remis aux visiteurs. Pour éviter les actes de malveillances, l'entrée du site est contrôlée et soumise à la détection de traces d'explosifs.

Comme dans un aéroport, les téléphones, les sacs et les appareils photo sont passés au crible sur un tapis roulant. Après ces contrôles, il faut encore badger un code de sécurité à deux chiffres pour passer la première barrière de sécurité. Chaque jour, ce sont plus de 2 300 salariés et exploitants du site qui entrent et qui sortent du site en se pliant aux mesures de sécurité, le tout sous le regard de policiers en patrouille. Avant chaque sortie du site, les visiteurs sont invités à passer sous un portillon afin de s'assurer de l'absence de matières radioactives sur eux. En cas de passage dans une zone à risque de la centrale, des tests plus poussés sur les vêtements et la peau sont également menés.

Le cœur névralgique de la centrale

Pour entrer au cœur de la centrale nucléaire, près des réacteurs et des tours de refroidissement, il faudra à nouveau passer des barrières de sécurité. La directrice de la centrale nucléaire arrivée à Bugey le 1er avril, Elvire Charre, nous montre l'extérieur des réacteurs 4 et 5, au sein desquels la radioactivité est concentrée. Seules les personnes autorisées ont accès au réacteur.

Extérieur du réacteur nucléaire de la centrale du Bugey @ Cheyenne Gabrelle

Un lieu tenu à l'abri des regards et de notre curiosité journalistique, seules les personnes habilitées étant autorisées à accéder au réacteur. C'est le cas des techniciens qui travaillent en salle de commande. Ces derniers doivent notamment s'occuper des dysfonctionnements occasionnels au fur et à mesure qu’ils se présentent. Le réacteur contient quant à lui : une cuve principale renfermant le cœur du réacteur nucléaire, un pressuriseur pour "réduire la pression dans le circuit", des générateurs de vapeur "pour transférer la chaleur au circuit secondaire" et des pompes primaires "pour faire circuler la chaleur".

Salle de commande fictive de la centrale nucléaire du Bugey (salle de formation) @ Cheyenne Gabrelle

"En termes de sécurité, trois barrières permettent de s'interposer entre le combustible nucléaire hautement radioactif et l'homme. À savoir, la gaine du combustible, sous forme de crayon, l'enveloppe du circuit parfaitement étanche, et le bâtiment"

Elvire Charre, actuelle directrice de la centrale du Bugey, anciennement directrice de la centrale de Fessenheim (Haut-Rhin).

Accolée au réacteur, la salle des machines abrite la turbine à vapeur et l’alternateur, le condenseur, suivi de turbopompes alimentaires. Il s'agit du circuit secondaire et non-nucléaire, dans lequel nous avons pu entrer. C'est le moment de mettre les bouchons d'oreille et ses lunettes de protection. Dans ce grand bâtiment où le thermomètre grimpe à 28°c, la turbine effectue 1 500 tours par minute entraînant l'alternateur qui permet la production de l'électricité.

Salle des machines de la centrale nucléaire du Bugey @ Cheyenne Gabrelle
Salle des machines de la centrale nucléaire du Bugey @ Cheyenne Gabrelle

Comment fonctionne un réacteur nucléaire ?
Une centrale nucléaire produit de l’électricité à partir d’une combustion nucléaire, et donc, de la chaleur, elle-même dégagée par la fission de l'atome d'uranium. La centrale du Bugey a la particularité d'avoir deux systèmes de fonctionnement : sans aéroréfrigérant et avec aéroréfrigérant. Les tours du Bugey ne refroidissent ainsi que les réacteurs 4 et 5, les réacteurs 2 et 3 étant refroidis directement dans le Rhône. Chacun de ces systèmes dispose d'un circuit primaire, secondaire et d'un troisième circuit de refroidissement, en passant par la tour, ou par le Rhône.

"Une énergie bas carbone"

Placée au cœur de la transition énergétique et portée par la politique de relance du président de la République, Emmanuel Macron, l'énergie nucléaire est selon la directrice de la centrale du Bugey, "une énergie bas carbone qui tend vers la neutralité carbone en 2050". "Le bilan carbone d'une centrale nucléaire, en intégrant l'ensemble du cycle du nucléaire, en commençant par l'extraction du combustible jusqu'à la prise en compte des déchets, représente 4 grammes de CO2 émis par kilowattheure, ce qui équivaut à une ampoule branchée pendant une heure. On est sur un carbone qui est très très bas", souligne Elvire Charre. À titre de comparaison, les centrales à charbon - énergie fossile - consomment environ 1 058 grammes de CO2 par kilowattheure.

Contrairement aux énergies renouvelables telles que les panneaux photovoltaïques, le nucléaire est une énergie "pilotable, puisqu'on peut ajuster la production et la consommation à tout moment" tandis que l'énergie renouvelable dépend de beaucoup d'éléments naturels. Le photovoltaïque ayant besoin de soleil pour produire de l'électricité. "Mais ces deux énergies bas carbone sont très complémentaires", reconnaît Elvire Charre. À titre d'exemple, dans le mix énergétique français, le nucléaire produit 85,7% de l'électricité contre 10,5% produits par les énergies renouvelables.

Et pourtant, même si l’énergie nucléaire ne rejette que très peu de CO2, la question de la gestion des déchets nucléaires reste encore vivement sujette à débat. C’est en retraitant le combustible usé des centrales nucléaires d’EDF, que les déchets de haute activité à vie longue sont ensuite vitrifiés et plongés dans des piscines de refroidissement à la Hague, en Normandie, pour une durée de quatre ans. Pour l'heure, ces déchets, qui représentent environ 4% de la totalité des déchets mais qui concentrent 99 % de la radioactivité, attendent d'être enfouis à Bure (Meuse), dans le cadre du projet Cigéo (Centre industriel de stockage géologique).

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