OL : une saison pour redevenir roi

La Ligue 1 reprend. Et à Lyon, la saison qui s'ouvre samedi à des lointains airs de déjà vu. Chasseur pendant cinq ans puis chassé pendant sept années fastueuses, l'OL retrouve le costume de prétendant. Le roi déchu de l'an passé a bien changé. Claude Puel a confirmé cet été la mue entrevue lors d'une dernière saison chaotique et parfois sans logique sportive. Lyon sort de son année de transition. Une nouvelle ère s'ouvre et si l'on ne peut pas vraiment parler de reconstruction, c'est un groupe presque nouveau qui se lance à l'assaut du plus grand défi de l'OL depuis sept ans : redevenir le roi. Lyon veut retrouver l'ambiance surchauffée de la place des Terreaux les soirs de sacre. Ils ont un an pour arriver à leurs fins et un groupe consolidé lors de ce marché des transferts à grands renforts de millions d'euros.
Puel a pris la main

Les nouveaux lyonnais pour cette mission commando au long cours ne sortent pas d'une préparation convaincante : six matches et aucune victoire. Etrangement pourtant, la sérénité transpire des rangs lyonnais. Comme si les deux dernières années mouvementées étaient oubliées. Déjà pour la première fois depuis trois ans, l'OL n'a pas changé d'entraîneur. En un an, Claude Puel a perdu le championnat de France mais gagné la bataille la plus importante : celle qui se trame en interne. Dans un club de notables installés, ses prédécesseurs s'étaient cassés les dents. Puel a triomphé, grâce au soutien infaillible de Jean-Michel Aulas, le tout puissant président d'autrefois qui a accepté de lui donner les presque pleins pouvoirs. Là où Gérard Houllier admettait dépité ne pouvoir choisir la couleur des poubelles, Claude Puel a pu gérer son "mercato". Il a lui même négocié pour "Bafé" Gomis. L'entraîneur aux pouvoirs élargis a rogné sur le terrain de jeu d'un Bernard Lacombe qui sort affaibli de cet été. Son poids dans les décisions diminue. Pour preuve : le recrutement de Michel Bastos. Le conseiller de Jean-Michel Aulas n'y était pas vraiment favorable. Claude Puel a eu le dernier mot et pourra compter sur un joueur qu'il a déjà eu dans son groupe à Lille.
Et puis, le vent du changement a soufflé du siège au centre d'entraînement Là où Alain Perrin confiait plein de fiel n'avoir pu gérer son groupe à cause des adjoints historiques qu'étaient Duverne ou Garde, Puel a fait place nette. Le préparateur physique des années victorieuses, Robert Duverne, est parti, officiellement pour avoir plus de temps à consacrer aux Bleus. Vincent Espié, qui a travaillé avec Puel à Lille, le remplace. Rémi Garde, membre de la cellule de recrutement, a aussi pris des distances avec la gestion des affaires courantes de la maison lyonnaise. Le grand ménage interne des cadres a eu lieu.

72 millions d'euros de transferts

Et dans le vestiaire aussi l'ordre établi a volé en éclats. Les deux leaders des saisons dernières ont quitté le club. Juninho joue désormais au Qatar et Karim Benzema est devenu un galactique. Des grognards des grandes années, il ne reste plus qu'un Cris à l'influence déclinante et pas certain de garder sa place de titulaire dans l'axe de la défense, et Govou qui une fois de plus reste à Lyon alors qu'il était annoncé partant. Une vieille habitude. Le groupe n'a trop changé mais deux départs ont suffi à lui donner un autre visage : moins de tauliers, d'égos et d'individualités. De quoi plaire au taciturne Claude Puel qui dispose d'un groupe plus malléable que la saison dernière. Dans son recrutement, il a ciblé la puissance (Gomis et Cissokho) et la technique (Lisandro Lopez et Michel Bastos). "Le groupe me convient, il est homogène". Il est aussi plus évolutif que la saison dernière. Juninho par son jeu et son registre condamnait tous les entraîneurs lyonnais à jouer en 4-3-3. Avec le départ de son capitaine, l'OL va (re)découvrir les joies du choix. 4-2-3-1 old school avec Ederson ou Delgado derrière Lopez ou 4-4-2 avec Gomis et Lopez, deux joueurs complémentaires sur le papier. Le fond de jeu entrevu lors de la préparation est aussi plus excitant que l'année dernière. Ce sera le strict minimum pour espérer reprendre son bien. Quand l'OL dépensait 72 millions lors de ce mercato, Marseille se montrait presque moitié moins dépensier mais donne l'impression d'avoir monté une équipe pour le titre. Le club phocéen a envoyé du lourd cet été : Deschamps au poste d'entraîneur et puis, côté joueurs Heinze, Rool, Souleymane Diawara, M'Bia, Abriel, Morientes, Lucho Gonzalez et Edouard Cissé. Bref, un recrutement haut de gamme. Bordeaux s'est fait plus discret mais reste un prétendant sérieux. Le groupe de Laurent Blanc affiche une maturité, une sérénité et une confiance qui valent parfois tous les recrutements du monde. Lyon est cette année un challenger. Il n'a rien à défendre. Alors en même temps qu'une nouvelle saison de Ligue 1, une nouvelle ère s'ouvre à Lyon. Celle de Claude Puel et d'un groupe qui a la possibilité d'écrire sa propre histoire. Et plus la responsabilité de perpétuer celle des autres.

Paul Terra

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