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© Steven Belfils

Lyon : la fermeture de l'école Lévi-Strauss attaquée en justice

Plusieurs recours en justice ont été déposés contre la fermeture de l'école maternelle Lévi-Strauss votée le 25 mars dernier par la majorité de Gérard Collomb. Nathalie Perrin-Gilbert, la maire du 1er arrondissement, comme plusieurs groupes d'opposition, dénonce notamment les “faux arguments” avancés par la municipalité pour justifier sa décision.

Nathalie Perrin-Gilbert, la maire du 1er arrondissement de Lyon a décidé de déposer deux recours (un en référé et un sur le fond) contre la fermeture de l'école maternelle Lévi-Strauss votée le 25 mars dernier par le conseil municipal de Lyon. Un établissement composé de deux classes, situé dans un immeuble d'habitation au 35 Rue Paul Chenavard, qui accueille cette année 43 enfants. Sa disparition est aussi contestée par les parents d'élèves qui ont manifesté en début d'année contre cette décision et qui vont eux aussi exercer des actions en justice.

Sécurité de l’enfant ou sécurité budgétaire ?

De son côté, Nathalie Perrin-Gilbert estime que “la ville de Lyon a mis en avant des arguments de sécurité des enfants pour justifier une fermeture dont le vrai enjeu pour la ville est économique”. Lors du dernier conseil municipal, Guy Corrazol, l'adjoint en charge de l'éducation a expliqué que concernant la cour de récréation, “aucun scénario testé ne permet de garantir de manière optimale la sécurité des enfants”. Actuellement, cette cour est située au sein du Musée des beaux-arts, obligeant donc les 43 enfants de l'école à emprunter la rue Paul Chevenard à chaque pause. La municipalité a aussi mis en avant “l'absence de salle de motricité” et “des problèmes de maintenance des bâtiments” pour justifier son choix.

Des explications contestées par différents élus d'opposition. Pour Nathalie Perrin-Gilbert le motif de sécurité n'est pas valable. “Dans le projet du réaménagement des bords de Saône, la métropole a voté en 2018 une délibération accordant un espace pour l'école”, assure la maire du 1er. Même raisonnement pour l'élue LR Dominique Nachury : “Concernant l'utilisation de la cour du musée, Madame la maire du 1er indiquait (en janvier, NdlR) sa satisfaction qu'elle puisse servir de cour de récréation et demandait le maintien de cette possibilité jusqu'à la livraison de la nouvelle cour. Votre adjoint se disait alors très heureux de cette solution et n'a alors jamais mentionné la fermeture de cette école. Ne nous faites pas croire que cette décision a été prise postérieurement au 21 janvier”. “Dans ce dossier, aucune justification crédible n’est avancée. Monsieur Corazzol parle d'une impérieuse nécessité de sécurité. (…) Vous prétextez une raison administrative alors que c'est un choix politique. Peut-être même que certains intérêts immobiliers ne sont pas étrangers”, a ajouté l'élu centriste Denis Broliquier, maire du 2e arrondissement de Lyon, en référence à l’immeuble d’habitation dans lequel est situé l’établissement. Un immeuble vendu par les HCL à une SCI, dont 20% appartiennent toujours à la ville.

59 000 euros de loyer par an

Dans sa saisine de la justice administrative, Nathalie Perrin-Gilbert critique l'argument de la dangerosité des déplacements pour se rendre aux beaux-arts ou sur les quais de Saône à l'avenir. “Sur la ville de Lyon des enfants se déplacent quotidiennement pour aller aux activités périscolaires ou à la cantine sur des distances parfois plus longues”, explique la maire du 1er arrondissement. “Quand l'adjoint de Gérard Collomb parle d'intérêt supérieur de l'enfant on se demande où il est quand on va proposer à ces mêmes enfants d'allers à Michel Servet, qui a les problèmes de pollution que l’on connaît, ou à Doisneau dont la cantine est en sureffectif”, ajoute-t-elle

Lors du conseil municipal, Guy Corrazol a assuré que 73 places allaient être mises à dispositions dans les écoles Servert, Doisneau et Lamartine. “Les familles pourront choisir l'école dans laquelle iront les enfants”, a-t-il précisé tout en battant en brèche l'argument financier de la fermeture. “Le loyer de l'école Lévi-Strauss est de 59 000 euros. Au regard des 102 millions d'euros du budget annuel de l’éducation de la ville, on ne peut pas dire que l'on ferme cette école pour des raisons budgétaires”, a conclu l'adjoint. Mais Nathalie Perrin-Gilbert n’en démord pas : “Leur intention est très claire. L'exécutif est sur un impératif de rentabilité appliquée à tous les services publics y compris à l'école. Certes en terme de budget cette fermeture n’est pas très importante, mais c’est ouvrir la voie vers la fermeture d’autres écoles considérées comme non rentables”.

Une presqu’île sans habitants

Politiquement, pour l'opposition, cette décision de la ville de Lyon est le symbole de la désertification de la Presqu'île. “Quelle famille viendra s'installer dans ce secteur sachant qu'il n'y a pas d'école dans le quartier ? Si vous voulez un centre-ville sans habitant, continuez dans cette voie”, a notamment regretté Denis Broliquier. Selon nos informations, le référé-suspension de la maire du 1er arrondissement sera examiné le 30 avril prochain. Une étape importante pour l'avenir de l'école. En cas de suspension de la délibération, la maternelle Lévi-Strauss pourrait rester ouverte en attendant une décision sur le fond du dossier. Le dossier de la fermeture de l'établissement serait alors renvoyé à la rentrée 2020 et deviendrait un véritable sujet politique lors des prochaines élections municipales.

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