L'oeuvre de la place Bellecour
L’oeuvre de la place Bellecour

Pas d'appel d'offres pour l'oeuvre de la place Bellecour ? À Lyon, la grosse infox de Jean-Michel Aulas

L'œuvre Tissage urbain place Bellecour a-t-elle été réalisée sans appel d'offres préalable comme l'affirme Jean-Michel Aulas ? La réponse est trouvable en quelques secondes sur le web.

"Trumpiste", "populiste"... Depuis plusieurs semaines, la (quasi-)campagne électorale du (quasi-)candidat Jean-Michel Aulas pour les élections municipales de 2026 est entachée de déclarations approximatives, voire d'infox, que ses futurs opposants écologistes ne manquent pas de relever.

Il y a quelques semaines, il accusait ainsi les écologistes et notamment la Métropole de Lyon de "bétonner Lyon". Une accusation contredite par les chiffres comme l'avait rappelé notre rédaction, alors que la Métropole de Lyon a planté cet hiver 80 000 arbres et arbustes, soit 24 000 de plus que l'hiver passé. À titre de comparaison, 3 000 arbres et arbustes avaient été plantés lors de l'hiver 2019-2020. L'ancien président de l'Olympique lyonnais explique également régulièrement que les embouteillages importants que subissent les Lyonnais augmentent la pollution, malgré la baisse du trafic, la ZFE et les évolutions technologiques des moteurs. Là aussi, les chiffres disent le contraire.

Pollution, végétalisation, appel d'offres...

Lundi soir, l'homme qui a assuré qu'il se déclarera ou non candidat d'ici le mois de septembre au plus tard s'en est pris vivement à l'oeuvre d'art installée place Bellecour, au coeur d'une énième polémique suite à sa dégradation ce week-end. Alors qu'un élu écologiste se félicitait, photos à l'appui, de l'usage de l'oeuvre par les Lyonnais, Jean-Michel Aulas s'est agacé face à ce qu'il considère comme une "gabegie", taclant au passage Grégory Doucet qui avait déclaré dans une interview que l'ex-président de l'OL avait "nécessairement une responsabilité" dans les difficultés du club.

"Trop c'est trop. Grégory Doucet qui parle football à l'Equipe et maintenant Benjamin Badouard avec une photo et des figurants pour essayer de justifier l'injustifiable sur la gabegie d'une pseudo oeuvre d'art aux vertus environnementales à 1,6 million sans appel d'offre ?", a-t-il écrit. "Jean-Michel Aulas n'est pas un candidat sérieux pour la mairie de Lyon", a rétorqué le co-président des écologistes à la Métropole de Lyon, dénonçant "les fake news" du quasi-candidat.

"Un menteur volontaire très peu modéré", juge Valentin Lungenstrass

Y'a-t-il eu un appel d'offres pour l'œuvre Tissage urbain ? Quinze secondes et une recherche Google permettent à n'importe quel Lyonnais de le consulter. Lancé en novembre 2024, c'est d'ailleurs ce même appel à candidature (et non appel d'offre) qui a fuité dans les médias et révélé le pot aux roses : il n'y aura pas de végétalisation sur la place Bellecour, comme promis par Grégory Doucet.

Ce dernier a été examiné en commission d'appel d'offre, et n'avait guère convaincu en dehors des rangs écologistes. L'ex-adjointe à la culture, Nathalie Perrin-Gilbert, présidente du groupe Lyon en commun était présente lors de cette CAO. Pas convaincue par le coût du projet pour une installation provisoire (1,2 million d'euros plus 300 000 d'entretien sur deux ans), elle et son groupe avaient ainsi écrit au maire de Lyon le 17 octobre 2024 pour demander, "au regard des engagements initiaux de notre exécutif de végétalisation de la place Bellecour, obérés par les contraintes techniques", la tenue d'une "commission générale publique avant la séance du conseil municipal de Lyon du 14 novembre".

Après une période de silence, les écologistes répliquent

"Il suffit de 10 secondes sur un moteur de recherche pour trouver l'appel d'offres. Jean-Michel Aulas c'est du trumpisme, un menteur volontaire très peu modéré, à l'image de la droite réactionnaire" a réagi l'adjoint aux mobilités de la Ville de Lyon, Valentin Lungenstrass. Ce week-end, c'est le président écologiste de la Métropole de Lyon, Bruno Bernard qui s'est agacé sur les réseaux sociaux, appelant l'ex-président de l'OL à "arrêter de raconter n'importe quoi", alors que ce dernier a assuré que "les dépenses de promotion d'image de communication en tout genre à la mairie, à la métropole sont en évolution exponentielle".

Une déclaration encore une fois contredite par les chiffres, trouvables pour la Ville de Lyon dans un rapport de la Chambre régionale des comptes, lequel a par ailleurs donné suite à l'ouverture d'une information judiciaire et à une garde à vue de Grégory Doucet. Selon l'analyse de la chambre, l'ensemble des dépenses de communication au sens large représente 10,35 millions d'euros en 2022, soit 19,8 euros par habitant. La légère hausse de 2% des dépenses de communication constatée entre 2018 et 2022 est inférieure à l'inflation, qui s'élève à 8,2% sur la même période. "Cette quasi stabilité résulte d'une hausse de 10% des dépenses des autres directions, conjuguée à une baisse des dépenses des directions de la communication (- 6 %) et du protocole (- 1 %)", concluaient les magistrats.

Pour les comptes 2023 et 2024, Lyon Capitale avait également constaté une relative stabilité du budget communication de la mairie.

Lire aussi : "Végétalisation" de Bellecour sans arbre : Perrin-Gilbert veut un examen public du projet retenu

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