Coups tordus et autres mesquineries de campagne

ANALYSE - La campagne a mis du temps à démarrer mais finalement elle s'est avérée assez épicée. Les coups bas n'ont pas manqué. Souvent orchestrés par Jean-Jack Queyranne et son staff de campagne. Faux mail contre Begag, absence de la droite au débat des LGBT, signalement d'un faux candidat “islamiste“ sur la liste PS, Lyon Capitale replonge ici dans le côté “obscur“ de la campagne électorale.

zouzoupresident@ : le faux mail contre Begag
La palme de l'originalité revient incontestablement au Modem. Philippe de Longevialle s'est fait exclure de son parti pour avoir semé le trouble au sein de sa propre famille politique. Le 2 février, il “usurpe“ ainsi l'identité de Thomas Rudigoz, un proche d'Azouz Begag, le candidat investi par le Modem, et envoie un mail incendiaire à la presse. Dans celui-ci, il conteste le choix d'Azouz Begag. Malgré l'adresse aussi clownesque que fantaisiste : zouzoupresident@..., plusieurs journalistes se font piéger et reprennent cette information dans leurs éditions semant un peu plus la zizanie dans une campagne déjà bien agitée au sein du parti de François Bayrou. "Je voulais provoquer le débat autour de la situation du MoDem en Rhône-Alpes, pas choquer”, s'est expliqué ensuite le faussaire.

Les riposteurs de Queyranne
Le staff de Jean-Jack Queyranne est très fier de son commando de riposteurs. 150 militants seraient en veille sur internet prêts à dézinguer toutes les propositions des autres listes et à enjoliver tout ce qui a trait au PS. Dans la réalité, ils ne sont qu'une petite vingtaine sur notre site, lyoncapitale.fr, mais ils sont hyperactifs, capables de poster une centaine de commentaires par jour. Durant la campagne, ils ont souvent pointé du doigt l'absence de programme de l'UMP ou le choix d'Europe Écologie de partir seul au premier tour, ainsi que le manque de connaissance des dossiers de Philippe Meirieu. Ils sont aussi les premiers à réagir quand leur candidat, Jean-Jacques Queyranne se fait attaquer. Leur réactivité n’a été prise à défaut que lors de l’épisode “Ushuaïa”. Le premier “riposteur” sur notre site s’est même excuser de son “retard“. Enfin, certains nous ont reproché de ne pas avoir attendu la fin du meeting de Queyranne pour mettre l’article en ligne… Sur la fin de la campagne, Europe Écologie s'est doté d'un service équivalent de “propagande” sur le net, usant des mêmes méthodes.

Le débat des LGBT
Fin février, Françoise Grossetête, candidate UMP aux régionales, est victime d'une violente cabale. La “toile” et plusieurs journaux ne parlent que de son absence au débat organisé par les LGBT (association de défense des homosexuels, des bisexuels et des transsexuels à Lyon). Tous les partis étaient représentés sauf l'UMP. Les organisateurs se déchaînent : “Françoise Grossetête affiche un mépris assumé aux associations Lesbiennes, Gaies, Bi et Trans et à leurs revendications. C’est parfaitement inacceptable !”. La majorité présidentielle se défend mollement en expliquant que ces thématiques ne sont pas de la compétence de la région. Ils mettront trois jours pour expliquer les vraies raisons du “boycott” : les organisateurs du débat ont partie liée avec Queyranne. Le porte-parole de la LGBT est même chargé de mission à la région Rhône-Alpes. Un politique un peu plus “retors” que Françoise Grossetête aurait sans aucun doute retourné la situation en sa faveur. Pas elle. Le piège était gros mais l'UMP est tombée dedans.

Les montages vidéos de Grossetête et Meirieu
Dans le staff de Queyranne, le candidat PS, certains ont apparemment quelques compétences pour le montage vidéo. Philippe Meirieu, son adversaire d'Europe Ecologie, a été leur première victime. Son premier passage à la télé (sur France 3) en novembre est ainsi transformé en vidéo assassine. Ses propos sont coupés, remontés, le tout donnant l'impression que la tête de liste d'Europe Écologie n'est franchement pas au point. Françoise Grossetête subira le même sort à partir du mois de janvier, sur la base de sa prestation filmée lors du débat Lyon Capitale / IDRAC / Lyon TV le 4 janvier. Il est vrai que la candidate s’y était sérieusement embourbée en préconisant d’arranger le marché des panneaux photovoltaïques du siège de la région en faveur d’une entreprise de Rhône-Alpes.

La boule puante de Collomb
Après l’affaire Soumaré orchestrée par l'UMP en Ile de France et les récits de vacances d’Alain Madelin et de Patrick Devedjian par Vincent Peillon, Gérard Collomb s'est lui aussi lancé dans le concours national de la boule puante. Le maire de Lyon a ressorti une vieille coupure de presse concernant Philippe Meunier, tête de liste UMP dans le Rhône. Il l'a adressé à la colistière de l'intéressé, la secrétaire d'Etat Nora Berra en plein conseil municipal. L'article en question relate l'histoire d'un étudiant lyonnais exclu du parti républicain pour avoir distribué des tracts racistes en 1992. L'étudiant est Philippe Meunier, le numéro 2 de la liste UMP dans le Rhône. “Je n’ai jamais été condamné pour avoir propagé des thèmes racistes. La justice a reconnu que l’objectif de notre démarche n’était pas de propager des idées racistes. Nous combattions à l'époque un syndicat étudiant d'extrême droite et nous avions repris leur propos pour montrer le danger aux étudiants“, nous a expliqué Philippe Meunier. La révélation laisse tout de même apparaître quelques failles dans la solidarité du duo Berra-Meunier. “Les gens évoluent. On dit beaucoup de choses sur Philippe Meunier“, a commenté la Secrétaire d'État.

Meirieu, 4ème de la liste dans le Rhône
C'était le coup de pied de l'âne des Verts historiques. Philippe Meirieu, le candidat d'Europe Écologie, a été “imposé“ par Paris alors, localement, les militants le lui ont fait payer. Au moment d'élire leur tête de liste départementale dans le Rhône, ils ont plébiscité Véronique Moreira. Philippe Meirieu était le seul candidat à ne pas être tête de liste départementale. “Ils votent Meirieu à 80% et après, ils sortent des flingues. Ils ont voulu l'affaiblir en le plaçant en 4e position de la liste départementale“, s'amuse à l'époque Bernard Soulage, premier vice-président de Jean-Jack Queyranne à la région.

Frêche s'invite dans la campagne
Gérard Collomb, maire de Lyon, a fait deux apparitions dans des meetings de Jean-Jack Queyranne, le candidat socialiste à la région, mais il a consacré une journée de son temps pour son “frère“ Georges Frêche, candidat dissident du PS en Languedoc-Roussillon. Les adversaires de Jean-Jack Queyranne se sont engouffrés dans la brèche pour tenter de jeter l'opprobre sur le candidat socialiste. Nora Berra, tête de liste UMP dans le Rhône, a même demandé des comptes à Jean-Jack Queyranne dont elle a condamné le “silence assourdissant“. La tête de liste socialiste a fait le dos rond se contentant de confier à Lyon Capitale qu'il ne comprenait pas l'attitude de Gérard Collomb.

Toufik Chergui, le Soumaré de Rhône-Alpes
Le 11 février, le Figaro publiait un confidentiel qui faisait grand bruit dans la campagne régionale : Toufik Chergui, candidat socialiste dans l'Ain, 9ème sur la liste de Jean-Jacques Queyranne était “membre de l'Union des organisations islamiques de France (UOIF), mouvance proche des Frères musulmans“. Le préfet de région avait donc “jugé bon d'attirer l'attention du ministère de l'Intérieur“, révélait le quotidien. Joint par téléphone, Jacques Gérault, démentait immédiatement. Le staff de Queyranne, lui, criait au loup. Après vérification, il s'avérait que le candidat en question n'était ni membre de l'UOIF, ni proche des Frères musulmans.

Les débauchages de Queyranne
Pour faire des coups dans une campagne, il faut savoir faire de la politique”, bichait Jean-Jack Queyranne. C’était fin janvier, bien avant l'épisode de peur panique du report d’Ushuaïa. À l’époque, le candidat socialiste est en pleine opération ralliement. Et elle est rondement mené. Un peu de Peizerat pour faire parler de lui, puis un zeste de Blanchard pour semer la pagaille chez Europe Écologie. Avec l'arrivée sur sa liste d'Hélène Blanchard, il réalise un vrai coup. Elle est vice-président en charge de l'environnement sous la mandature actuelle, siège dans le groupe Verts et partage la vie d'Étienne Tête, troisième sur la liste d'Europe Écologie. L'annonce est faite au moment où la campagne d'Europe Écologie s'ébroue. Jean-Jack Queyranne fait coup double : il enquiquine ses adversaires et hérite d'une solide caution écolo. Il tentera de faire de même avec l'UMP en brisant l'unité que la droite revendique. En Haute-Savoie, il enrôle le maire de droite du Grand-Bornand, Gérard Périssin-Fabert. Ce haut-savoyard était aussi le président départemental du Parti Radical valoisien. ce transfuge fonctionne moins bien et provoque un tollé au sein du PS. Des militants socialistes démissionnent même pour marquer leur colère.

Grossetête-Abad : “je t'aime moi non plus“
À force d'entendre que Françoise Grossetête n'est pas la femme de la situation pour battre Jean-Jack Queyranne, Damien Abad, député européen du Nouveau Centre, a fini par se dire qu'il pourrait la remplacer. En octobre, il se positionne. Panique à droite. Françoise Grossetête le tacle violemment : “Damien est un jeune qui a tout à apprendre. Quand on est un gamin de 29 ans parachuté, on n’est pas en droit d’exiger ce qu’on pourrait avoir après vingt années de bon travail“. Abad réplique . “Me traiter de gamin de 29 ans, franchement, c’est du racisme anti-jeune. C’est inquiétant de voir une élue qui a vingt ans d’expérience péter les plombs de la sorte".

Queyranne a peur de Nicolas Hulot
À défaut d'être brillante, la campagne de Jean-Jack Queyranne a été bien maîtrisée. Enfin jusqu'au 8 mars. Ce jour-là, le candidat socialiste adresse une lettre au CSA et demande le report de l'émission Ushuaïa, programmée samedi 13 mars, la veille du premier tour des élections régionales. Jean-Jack Queyranne redoute un nouvel effet “Home“ (du nom du documentaire de Yann Arthus-Bertrand sur le réchauffement climatique diffusé 48 heures avant les élections européennes). La percée verte avait été en partie attribuée à la programmation du film. Avant de rendre public sa lettre au CSA, il venait de prendre connaissance d'un sondage, réalisé par la Sofres pour Le Progrès, qui plaçait Europe Écologie à seulement quatre points de sa liste. “Queyranne panique” titre alors lyoncapitale.fr.

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