Renaud Pfeffer
Renaud Pfeffer

Sécurité dans les lycées : "Il faut éviter que nos établissements scolaires soient des passoires"

Renaud Pfeffer, vice-président de la région Auvergne-Rhône-Alpes en charge de la sécurité est l'invité de 6 minutes chrono.

L'attentat au collège-lycée d'Arras qui a couté la vie au professeur de lettres Dominique Bernard a remis la sécurité dans les établissements scolaires au cœur des débats et rappelé que le "sanctuaire" promis par le gouvernement n'était pas inviolable. "Il est important de sanctuariser ces lieux d'éducation, de découverte, d'apprentissage, de culture, de sociabilisation pour pour nos enfants et nos jeunes et c'est vrai qu'aujourd'hui on se rend compte que ces établissements qui devraient être beaucoup plus protégés ne le sont pas suffisamment. Alors c'est vrai qu'en Auvergne-Rhône-Alpes depuis quelques années déjà le président Laurent Wauquiez a engagé une sécurisation de nos lycées mais partout en France ça manque", estime Renaud Pfeffer, vice-président de la région Auvergne-Rhône-Alpes en charge de la sécurité.

"Il y a une différence entre l'école telle qu'elle avait été conçue il y a une cinquantaine d'années qui était une école très ouverte. Aujourd'hui on est dans une société de la violence, des risques terroristes et donc il faut éviter que nos établissements scolaires soient des passoires et d'un autre côté le risque zéro, il n'existe pas. Donc il faut trouver comment améliorer la sécurité", développe-t-il.

La retranscription intégrale de l'entretien avec Renaud Pfeffer

 Aujourd'hui on accueille Renaud Pfeffer. Vous êtes vice-président de la région en charge de la sécurité. On vous a invité pour parler de sécurité dans les lycées après ce qui s'est passé vendredi dernier à Arras l'attentat terroriste qui a coûté la vie au professeur de lettres Dominique Bernard. Est-ce que l'école, les lycées, plus particulièrement, peuvent être un sanctuaire comme le martèle de gouvernement ?


Il est important de sanctuariser ces lieux d'éducation, de découverte, d'apprentissage, de culture, de sociabilisation pour pour nos enfants et nos jeunes et c'est vrai qu'aujourd'hui on se rend compte que ces établissements qui devraient être beaucoup plus protégés ne le sont pas suffisamment. Alors c'est vrai qu'en Auvergne-Rhône-Alpes depuis quelques années déjà le président Laurent Wauquiez a engagé une sécurisation de nos lycées mais partout en France ça manque.

Mais est-ce qu'ils peuvent être plus sécurisés qu'ils ne le sont aujourd'hui ? Où est-ce que finalement on est face un risque attentat qui par définition ne peut pas forcément s'anticiper, se prévoir. Est-ce que la promesse elle n'est pas un peu illusoire pour les lycées comme finalement pour le reste de l'espace public ?


En fait il y a une différence entre l'école telle qu'elle avait été conçue il y a une cinquantaine d'années qui était une école très ouverte. Aujourd'hui on est dans une société de la violence, des risques terroristes et donc il faut éviter que nos établissements scolaires soient des passoires et d'un autre côté le risque zéro, il n'existe pas. Donc il faut trouver comment améliorer la sécurité. Je vais vous donner l'exemple de ce qu'a engagé le président Wauquiez en Auvergne-Renalp. C'est cinq piliers. La sécurité périmétrique des établissements avec bornes anti-bélier, clôture des enceintes. Ensuite c'est un contrôle d'accès par badge. Ensuite c'est la vidéosurveillance. C'est les plans de prévention et de mise en sécurité de nos établissements. Et puis c'est aujourd'hui des équipes mobiles d'accueil renforcées qui peuvent aller dans les établissements où il y a de la tension, du communautarisme, du harcèlement ou de la radicalisation pour intervenir soit pour gérer les conflits, soit à titre préventif et intervenir dans les lycées.


Cette brigade, elle intervient régulièrement ? 

On est en expérimentation. Il y a trois brigades qui sont aujourd'hui déployées sur la région. Une basée à Lyon, une basée à Grenoble, une basée à Clermont. Et l'idée c'est qu'elles interviennent à la demande des chefs d'établissement quand la tension se fait sentir. Les tensions c'est quoi ? C'est les violences, les trafics, le harcèlement et la radicalisation. Mais par ailleurs.


Et vous avez des demandes régulières ?


Quand Laurent Wauquiez avait proposé en 2016 la sécurisation de nos lycées.

C'était une campagne électorale dans un contexte particulier. Il y a eu les attentats du Bataclan, deux semaines, trois semaines avant l'élection, ça avait forcément aussi influé sur le programme des candidats...


Oui bien sûr, mais là c'est quand il était en responsabilité qu'il a mis en œuvre ce programme. Je me souviens, la ministre de l'Education de l'époque, Najat Vallaud-Belkacem, qui est aujourd'hui votre opposante à la région, et qui avait poussé des cris d'or frais en disant mais comment la sécurité, le sécuritarisme, les lycées, aujourd'hui, tous les chefs d'établissement nous demandent plus de sécurité et même le gouvernement va prendre certainement des mesures pour sacraliser, sanctuariser ces lieux d'éducation. Mais au-delà de tout ça, la région aide les communes, également, pour protéger les écoles. Il y a beaucoup de panneaux bleus qui le montrent. Pour protéger nos écoles. Aujourd'hui, les maires demandent à ce que les écoles soient sécurisées, ça coûte vraiment très cher, et donc la région vient aider les maires pour sécuriser nos écoles maternelles et élémentaires.


Est-ce que, après ce qui s'est passé, à Arras, vous dites que le dispositif peut avoir des failles, on va améliorer des choses. Est-ce que vous avez déjà des pistes de travail, soit pour faire différemment, soit pour faire encore plus ?

Nous, déjà, on a l'expérience. Ça fait maintenant sept ans qu'on déploie des outils.

C'est aussi ce qui se fait dans la région Haute-France dirigée par le LR Xavier Bertrand....


On déploie depuis sept ans des dispositifs qui n'assurent pas la sécurité à 100% face aux risques terroristes. Mais c'est des obstacles, des embûches à des personnes qui voudraient rentrer, rarement pour les bonnes causes ou pour les bonnes raisons, dans des établissements scolaires.


Là, vous avez des retours de la communauté éducative, que ce soit les parents d'élèves, les professeurs, sur la manière dont ils ont vécu ce traumatisme. Vous sentez qu'il y a un besoin d'accompagnement ?


Oui, on sent que tout le monde est choqué. Toute la communauté éducative, parents, enfants, équipes éducatives, sont choqués. Et puis c'est quasiment la date anniversaire de l'assassinat de Samuel Paty. Et on se dit, depuis Samuel Paty, qu'est-ce qui a changé en France ? Si en région, on a sécurisé, en France, c'est malheureusement pas le cas.

Il faudrait faire quoi alors, selon vous ?

On voit qu'on est dans une société qui se radicalise, une société de la violence, une société du communautarisme. Et donc, je crois qu'il est important que les règles de la République, l'autorité républicaine reviennent. Et je crois que c'est à nos gouvernants de prendre les mesures fortes, certains diront dures, pour mettre fin à cette déviance de la société.

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