Marion Sessiecq
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Part-Dieu : "nous avons redonné le quartier à ses habitants", assure la maire du 3e

Marion Sessiecq, maire Les Ecologistes du 3e arrondissement de Lyon, est l'invitée de 6 minutes chrono / Lyon Capitale.

La tournée de fin de mandat des arrondissements de Grégory Doucet a fait halte dans le 3e arrondissement ce mercredi. Dans ce quartier, les écologistes ont revu le plan Part-Dieu lancé par Gérard Collomb et tenu leurs promesses de ne plus construire de nouvelles tours. "Les quartiers d'affaires comme La Défense, en plein cœur de ville, finissent par faire mourir la ville. Une ville, ce sont ses habitants, ses équipements, sa culture, ses voyageurs. Il serait triste et irréaliste de considérer un quartier central totalement déshumanisé", rappelle Marion Sessiecq.

Elle évoque aussi l'évolution, positive pour elle, du quartier de la Guillotière qui a été l'un des fils rouges du mandat de Grégory Doucet : "tout n'est pas résolu, mais l'action conjointe de la prévention, de l'accompagnement de ces jeunes et de la répression, avec la collaboration des polices municipale et nationale, a permis de faire baisser la délinquance".

La retranscription intégrale de l'entretien avec Marion Sessiecq

Bonjour à tous et bienvenue. Vous regardez "6 minutes chrono", le rendez-vous quotidien de la rédaction de Lyon Capitale. Aujourd'hui, nous accueillons Marion Sessiecq. Vous êtes maire écologiste du 3ème arrondissement de Lyon. Ce mercredi avait lieu la restitution de fin de mandat de Grégory Doucet, qui s'est lancé dans une tournée des arrondissements. Vous êtes maire d'arrondissement depuis une année. Qu'est-ce qui a été entrepris, qu'est-ce qui a été mené à bien, quelles sont les grandes réussites sur le 3ème arrondissement de ce mandat ? Finalement, avec quel bilan allez-vous vous présenter dans moins d'un an face aux électeurs ?

C'est un bilan partagé avec d'autres arrondissements, prioritairement un meilleur partage de l'usage de l'espace public. Cela concerne notamment la sécurisation des abords des écoles, ce que nous appelons les rues des enfants, la désimperméabilisation des cours d'école et de crèche. Au centre du 3ème arrondissement, la transformation autour de la gare de la Part-Dieu est un projet entamé en 2006, bien avant notre arrivée, qui visait à faire de ce quartier un pôle d'affaires très attractif, avec de grandes tours et de nombreux bureaux. Nous avons transformé ce projet en arrivant : quelques tours ont continué à sortir de terre, car il était juridiquement et financièrement difficile de les arrêter, mais nous avons redonné le quartier à ses habitants, notamment avec l'ouverture du passage Pompidou. Nous avons demandé à repenser certains projets pour les végétaliser, comme la place Béraudier, et créé des parkings à vélos. Même si certains détracteurs estiment que nous faisons trop pour le vélo, ces parkings sont rapidement pleins, ce qui démontre qu'ils répondent à un besoin.

Est-ce que la Part-Dieu, comme c'était la promesse, est devenue un quartier à vivre ? Ou bien sa vocation reste-t-elle celle d'un quartier d'affaires ?

C'est un quartier d'envergure européenne, l'une des plus grandes gares de France, voire d'Europe, avec 32,6 millions de voyageurs par an, contre 7 ou 8 millions pour Perrache, pour donner une idée de l'échelle. C'est donc une porte d'entrée dans la ville, nécessitant de grands espaces pour la sécurité et la circulation des voyageurs. C'est aussi un quartier commerçant, avec Westfield-La Part-Dieu, l'un des plus grands centres commerciaux d'Europe, ce qui favorise l'attractivité et le commerce de proximité. Ce sont des activités qui ne peuvent pas être délocalisées ou achetées en ligne. C'est également un lieu de rencontre, fonctionnel et de loisirs, avec l'auditorium et la bibliothèque. La Part-Dieu concentre les caractéristiques d'une ville très dense, mais c'est aussi un quartier à vivre. Nous avons récemment posé la première pierre de l'immeuble Quay, en présence de Grégory Doucet, Bruno Bernard, les promoteurs et l'architecte. Il s'agit de bureaux, car il en reste encore un besoin, mais la base de l'immeuble accueille des logements, dont certains en bail réel solidaire. Une foncière solidaire achète le foncier, et les primo-accédants n'achètent que leur appartement, ce qui rend les prix bien inférieurs à ceux du marché. Nous contribuons ainsi à faire de ce quartier un lieu d'habitation. Les quartiers d'affaires comme La Défense, en plein cœur de ville, finissent par faire mourir la ville. Une ville, ce sont ses habitants, ses équipements, sa culture, ses voyageurs. Il serait triste et irréaliste de considérer un quartier central totalement déshumanisé.

Le début du mandat sur la partie troisième et septième avait été marqué par de nombreuses polémiques et critiques sur l'évolution du quartier de la Guillotière et sur l'action de la municipalité. Pensez-vous qu'à la fin de ce mandat, le problème est réglé ou qu'il perdure encore ?

La place Gabriel-Péri se situe dans un quartier politique de la ville, une zone de géographie prioritaire. Depuis les années 1990, on constate que certains quartiers concentrent la précarité et les difficultés, ce qui justifie des financements supplémentaires. Maurice Charrier, ancien maire de Vaulx-en-Velin, disait que critiquer les quartiers populaires parce qu'ils concentrent la précarité revient à critiquer les hôpitaux parce qu'ils concentrent les malades. Les quartiers populaires ont une fonction d'accueil pour ceux qui ne peuvent pas payer des loyers élevés, notamment grâce au logement social. Ce sont des personnes qui rencontrent diverses difficultés, et la France est championne de la reproduction et des inégalités sociales. Ces quartiers accueillent les plus précaires. La place Gabriel-Péri est historiquement un quartier d'accueil de toutes les migrations, parfois de personnes forcées à l'exil. Il existe tout un réseau de solidarité et d'accueil, mais aussi des réseaux mafieux, de contrebande et de délinquance, qui profitent du désespoir de jeunes migrants pour les entraîner dans des circuits mafieux de vols ou de trafics. Tout n'est pas résolu, mais l'action conjointe de la prévention, de l'accompagnement de ces jeunes et de la répression, avec la collaboration des polices municipale et nationale, a permis de faire baisser la délinquance. Le marché sauvage devant le supermarché a beaucoup diminué, même s'il revient parfois. La présence policière y contribue. C'est un quartier où l'on vit bien, avec de nombreux événements positifs, comme le Festival des cuisines du monde, qui a rassemblé 5 500 personnes lors de sa troisième édition.

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