Eric Lafond
Eric Lafond

Municipales 2026 : "un schéma binaire se dessine  : pour ou contre les Verts", s'inquiète Eric Lafond

Eric Lafond, porte-parole de 100% citoyens et ancien candidat aux municipales à Lyon, est l'invité de 6 minutes chrono / Lyon Capitale.

Candidat lors des précédentes élections municipales à Lyon, Éric Lafond, porte-parole de 100% citoyen, évoque avec une pointe de déception le décor qui se crée autour du scrutin de 2026 : "On a grosso modo un schéma un peu binaire qui se dessine depuis plusieurs mois, c’est pour ou contre les Verts, et je pense que les Lyonnais méritent bien mieux que ça, qu’une campagne sous l’angle pour ou contre les Verts serait la pire campagne possible que les électeurs puissent connaître dans les mois à venir".

S'il salue les réalisations visibles du mandat écologiste, comme les pistes cyclables et la végétalisation, il regrette une vision "datée" de l’écologie : "sur les enjeux écologiques, environnementaux, ils n’ont pas vu les nouveaux enjeux comme la question énergétique, l’autonomie énergétique du territoire, qui est une question qui n’est pas du tout traitée".

La retranscription intégrale de l'entretien avec Eric Lafond

Bonjour à tous et bienvenue. Vous regardez "6 minutes chrono", le rendez-vous quotidien de la rédaction de Lyon Capitale. Aujourd'hui, nous sommes avec Éric Lafond. Vous êtes porte-parole de 100% citoyen, un acteur régulier des campagnes municipales à Lyon. La saison des candidatures s'est ouverte ce printemps, nous arrivons à la fin du printemps et au début de l'été. Comment vous positionnez-vous ? Il y a des candidats issus de la société civile, comme Edouard Hoffman, Jean-Michel Aulas qui va peut-être le rejoindre, qui se présentent comme la société civile. La droite s'est organisée, le centre s'est organisé. Vous, ce centre droit qui est plutôt votre courant politique, quelle place souhaitez-vous jouer dans les élections municipales qui arrivent ?

Puisque vous évoquez mon expérience en matière de campagne municipale, je souhaite rappeler quelques éléments essentiels pour mener une campagne électorale à l’échelle de la ville, et plus encore de la métropole. Il faut une équipe d’environ 250 personnes, car c’est ce que représente une campagne municipale à Lyon. Il faut également un projet pour le territoire et les moyens financiers nécessaires, puisque ce sont les candidats qui financent bulletins de vote, professions de foi, affiches, tracts, etc. Depuis le début de l’année, de nombreuses déclarations et intentions de candidature ont émergé. Il convient de relire toutes ces déclarations à l’aune de ces trois critères, car tout le monde n’a pas la capacité de réunir ces paramètres.
Je constate qu’un schéma binaire se dessine depuis plusieurs mois : pour ou contre les Verts. Je pense que les Lyonnais méritent mieux qu’un tel clivage, car une campagne axée sur ce seul enjeu serait la pire possible pour les électeurs dans les mois à venir.

Pourquoi serait-ce une mauvaise campagne ?

Parce que la question n’est pas d’être pour ou contre les Verts. Cette approche finirait par opposer partisans et adversaires de l’écologie, ce qui est absurde, car l’immense majorité des Lyonnais a compris les enjeux environnementaux et écologiques du territoire. Il faut aborder cette campagne en posant les questions de fond nécessaires pour parler de l’avenir de Lyon et de la métropole, en se projetant plutôt qu’en étant nostalgique de l’ère Collomb, ce qui anime certaines candidatures, ou de l’écologie du XXe siècle, comme certains Verts. Cette élection doit être l’occasion de se projeter pour Lyon et la métropole, en considérant ce que la ville et la métropole doivent apporter à leurs habitants et à ceux de l’extérieur. D’ailleurs, dans le bilan des équipes en place, il faudra souligner qu’elles ont oublié ce que signifie la métropole pour un territoire plus large.

Puisque vous évoquez le bilan, quel regard portez-vous sur ces cinq années où les écologistes ont dirigé la ville et la métropole ?

Dans quelques années, une fois la période chaotique des travaux oubliée, personne ne reprochera aux Verts d’avoir construit de nombreuses pistes cyclables dans le centre de la métropole et planté un grand nombre d’arbres ; tout le monde s’en réjouira. En revanche, sur les enjeux écologiques et environnementaux, ils n’ont pas perçu les nouveaux défis. Leur lecture de l’écologie est, selon moi, datée du XXe siècle. Les nouveaux enjeux pour le territoire concernent l’autonomie énergétique, qui n’est pas du tout traitée, notamment la solidité des réseaux. Les collectivités locales gèrent le réseau local et sa fragilité est connue. Les Verts mettent en avant quelques panneaux solaires, mais il existe un véritable enjeu d’autonomie énergétique du territoire, qui n’est pas traité.
La question de l’eau n’est abordée que symboliquement à travers la tarification sociale, dont je doute des impacts écologiques et sociaux. Les enjeux d’autonomie et de résilience alimentaire, ainsi que la mutation économique vers l’économie circulaire, sont également absents. Sur l’industrie, rien n’a été fait durant ces mandats, alors que la mutation de notre modèle économique et industriel vers l’économie circulaire est un enjeu écologique majeur. Je pense qu’ils ont été défaillants parce qu’ils ne voient pas ces questions à cette échelle.

Est-ce l’écologie du quotidien qui l’emporte sur les grands enjeux ?

Je ne sais même pas. Pour moi, c’est une écologie datée. Oui, les vélos, tout le monde est d’accord, mais ils auraient pu faire beaucoup mieux en s’inspirant d’autres expériences. Par exemple, aller voir ce qui se fait au Danemark ou aux Pays-Bas pour les plans vélos aurait permis d’être plus efficace. À vouloir rompre avec l’ère Collomb, ce qui était nécessaire sur de nombreux sujets, ils ont coupé le territoire métropolitain du reste du territoire. Or, la métropole a un rôle fondamental, elle est très attractive pour beaucoup de personnes. Il faut être capable de bien accueillir ces 600 000 personnes qui viennent chaque jour à Lyon, et je crois que ce n’est pas le cas aujourd’hui.

Vous avez évoqué le constat et les propositions. Pour revenir à la question initiale, souhaitez-vous porter une liste, vous rapprocher d’autres candidats ou travailler avec eux ?

À ce stade, le message que nous portons, à destination de tous ceux qui se situent dans un arc modéré, centre-droit, centre-gauche, etc., c’est qu’il faut travailler. On ne peut pas inventer un projet de territoire en quinze jours, à la veille d’une élection. Si l’on veut être lucide face aux enjeux de la ville de Lyon et de la métropole, et si l’on souhaite donner à nos concitoyens un message d’avenir en leur indiquant une direction, en rassurant ceux qui sont inquiets, qu’ils le soient pour des raisons environnementales, sociétales ou économiques, il faut élaborer un projet solide. Nous rencontrons tous les candidats déclarés, nous avons déjà travaillé avec certains, et nous échangeons sur le fond. Notre capacité à produire des idées différentes depuis des années constitue un réservoir de solutions à proposer à nos concitoyens. C’est notre rôle aujourd’hui. Je ne sais pas ce qui se passera demain, ni si un candidat viendra rassurer les Lyonnais par sa notoriété, mais nous apportons du contenu et faisons en sorte que les acteurs les plus raisonnables se rassemblent pour proposer une alternative à la gestion actuelle du territoire.

Laisser un commentaire

réseaux sociaux
X Facebook youtube Linkedin Instagram Tiktok
d'heure en heure
d'heure en heure
Faire défiler vers le haut