Les anneaux au large du Cap Corse – © Laurent Ballesta

Le "mystère des anneaux", une passionnante exposition immersive au Musée des Confluences

Plongez au cœur d’un mystère des anneaux sous-marins au large du Cap Corse. Une exposition immersive vous invite à explorer ces écosystèmes fragiles à travers l’appareil photo de Laurent Ballesta, biologiste et plongeur. 

Une exposition sensorielle et scientifique

Dès l’entrée dans l’exposition, le visiteur est immédiatement immergé dans une atmosphère sombre et aquatique. Autour de lui résonnent les sons du monde sous-marin, baigné d’une lumière bleutée rappelant les profondeurs océaniques. Au centre de cette immersion, les photographies de Laurent Ballesta, biologiste et plongeur d’exception, racontent cette expédition unique.

L’exposition se déploie comme une promenade à travers les récifs coralliens, depuis les plateaux rocheux jusqu’aux mystérieux anneaux. Une cinquantaine d’images, un film de dix minutes, ainsi qu’un travail subtil sur les couleurs, restituent 21 jours d’immersion à 128 mètres de profondeur, dans des conditions extrêmes, pour documenter ce phénomène naturel encore unique au monde.

La limace d'Inès, espèce "porte drapeau" en raison de sa beauté, - © Laurent Ballesta

Au-delà de la mise en scène technique, l’exposition vise à sensibiliser à la fragilité de ces écosystèmes. Mais elle est aussi un "formidable outil de vulgarisation scientifique" : la scénographie et l’ambiance sonore invitent petits et grands à plonger au cœur de ces univers sous-marins inaccessibles, "ouvrant une fenêtre sur un monde fascinant et encore largement méconnu", selon les mots de la directrice générale du musée, Hélène Lafont-Couturier.

Les anneaux, site naturel hors du commun

À 120 mètres de profondeur, au large du Cap Corse, s'étend ce site marin unique : une vaste plaine sablonneuse parsemée d’environ 1 400 anneaux calcaires. Découverts grâce à un navire de recherche, ces formes ont été révélées par les chercheurs de l’université de Corse. Situé dans le Parc naturel marin du Cap Corse et de l’Agriate, ce paysage sous-marin spectaculaire est l’un des rares témoins physiques du dernier âge glaciaire encore visibles sur Terre.

Récifs corraligènes sur les plateaux rocheux - © Laurent Ballesta

Autour de cette plaine, entre 80 et 115 mètres de fond, s’élèvent plateaux rocheux et tombants abrupts, recouverts de récifs coralligènes ainsi que de forêts d’algues brunes. Typiques de la Méditerranée, ces récifs sont des véritables réserves de biodiversité, ils abritent plus de 1 700 espèces et jouent un rôle crucial dans la filtration de l’eau et le stockage du carbone.

Dans cette obscurité bleutée, la lumière des lampes révèle un monde vivant insoupçonné. Poissons, gorgones, coraux et limaces rares cohabitent dans un équilibre fragile. Mais personne n’avait encore observé certaines espèces à ces endroits ni à cette profondeur.

Mais, d’où viennent ces mystérieux anneaux sous-marins ? Cette exposition vous invite à percer leur secret. En retraçant les phénomènes géologiques, climatiques et biologiques qui se sont enchaînés depuis plus de 20 000 ans, vous découvrirez comment la science, à travers la mission Gombessa 6, a peu à peu résolu ce mystère naturel.

Cabine permettant aux plongeurs d'aller en profondeur - © Laurent Ballesta

La mission Gombessa 6

"Pour explorer les anneaux à 120 mètres de profondeur, il ne suffit pas de plonger, il faut y vivre". Pendant près d’un mois, Laurent Ballesta et son équipe ont été confinés dans une station pressurisée de cinq mètres carrés, à la pression des grandes profondeurs. Ce choix leur permettait de plonger le plus possible, sans avoir à remonter progressivement à chaque fois. Mais au bout des vingt-et-un jours, il leur a fallu encore quatre jours de décompression pour revenir à la surface.

Les quatre plongeurs de l'équipe dans la tourelle pressurisée : Laurent Ballesta, Thibault Rauby, Antonin Guilbert et Roberto Rinaldi- © Laurent Ballesta

Cette immersion prolongée n’a rien d’un séjour confortable : à cette profondeur, la pression est treize fois supérieure à la normale, l’hélium remplace presque tout l’oxygène et l’air ambiant ne retient plus la chaleur. Malgré une température maintenue à près de 30 degrés dans la station, les plongeurs sortaient frigorifiés, "tout cela rendait l’expérience presque plus rude qu’une plongée polaire". Le film présenté à la fin de l’exposition permet de retracer cette aventure hors norme.

Un message fort sur la protection des océans

Alors que nos dirigeants se sont réunis à Nice cette semaine pour un sommet international sur les océans, l’exposition rappelle la nécessité de protéger les fonds marins, riches en biodiversité, qui sont aujourd’hui menacés par plusieurs facteurs. Parmi eux, l’acidification des océans, la surpêche et la destruction des habitats naturels occupent une place majeure. 

Un alcyonaire poussant sur des rhodolithes - © Laurent Ballesta

Selon le biologiste, "ce qu’il se passe aujourd’hui dans nos océans est gravissime". Laurent Ballesta souligne également que "l’actuelle crise de la biodiversité représente un aussi grand danger pour l’homme que le réchauffement climatique" . Et alors que ces récifs coralliens contiennent jusqu'à 1200 espèces différentes par mètre carré, on se rend compte de l'importance écologique de ces milieux.

Le plongeur montre aussi à quel point notre connaissance des profondeurs marines reste limitée : ce que l’on considère parfois comme une rareté d’espèces peut simplement être liée à la difficulté de les observer. Pourtant, certaines espèces, comme le mérou à dent de chien, ont réellement souffert de pêches intensives et non durables.

Le dragonnet d'Alboran, encore jamais observé dans cette région - © Laurent Ballesta

Les recherches présentées, notamment celles menées par les missions Gombessa, ont pour but de faire progresser la connaissance scientifique des écosystèmes sous-marins, afin de mieux les préserver. En valorisant la biodiversité passée et actuelle, l’exposition invite à considérer ces anneaux et récifs comme un patrimoine fragile à protéger.

Enfin, comme le souligne Laurent Ballesta : "Si nous sommes venus sur ce site exceptionnel avec la curiosité de découvrir un mystère, nous repartons avec la volonté de protéger un patrimoine".

Retrouvez plus d'informations sur le site officiel du musée des confluences.

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