Sultan Ulutas Alopé dans La Langue de mon père © Jeanne Garraud

Théâtre : "La Langue de mon père", un bijou d’émotion de Sultan Ulutas Alopé

Créé la saison dernière sur la petite scène des Clochards-Célestes, La Langue de mon père de Sultan Ulutas Alopé est repris le 6 février à la Mouche à Saint-Genis-Laval et sur le plateau du théâtre de la Croix-Rousse en mars.

Aucune recherche d’effets spectaculaires dans le spectacle écrit et interprété par Sultan Ulutas Alopé, La Langue de mon père. C’est dans une tenue ordinaire et sur une scène totalement vide, éclairée sobrement, que Sultan (prénom féminin en l’occurrence) Ulutas Alopé fait son entrée. 

Dans son interprétation, rien de démonstratif non plus. Elle ne joue pas. Elle se confie à nous le plus simplement du monde et nous raconte son histoire. 

Est-ce son léger accent oriental, sa façon parfois mal assurée d’articuler les mots, comme s’ils étaient lestés d’une émotion palpable ?

Un texte bouleversant

La magie opère : l’auditoire est captivé. Elle nous explique d’abord comment elle s’est retrouvée en France dans l’attente d’une carte de séjour, après avoir quitté la Turquie. Avec du temps libre à revendre puisqu’il lui est interdit de travailler. Sur une sorte d’intuition difficilement explicable, elle se décide à apprendre la langue kurde, la langue – maternelle – de son père. 

Les souvenirs remontent. Ils sont tous bouleversants. Mais ceux de l’enfance sont encore plus déchirants. Il y a la honte d’être kurde à Istanbul, là où elle réside avec sa mère et ses deux sœurs. Le racisme ordinaire de la société turque qu’elle subit de plein fouet.

Le père dysfonctionnel, alcoolique, qui les oblige à fuir en pleine nuit avec ses deux sœurs, alors qu’elle a à peine 7 ans… On comprend son envie de rejoindre la France et d’apprendre le français (en plus du kurde !) pour que cette langue devienne un “gilet de sauvetage”.

Pendant un peu plus d’une heure, elle nous tient en haleine. Et l’on voudrait que les applaudissements qui saluent la fin de la représentation ne s’arrêtent jamais. Ce spectacle est un bijou d’émotion et de sincérité. 

La Langue de mon père – Le 6 février au centre culturel La Mouche (Saint-Genis-Laval) et du 12 au 14 mars au théâtre de la Croix-Rousse

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