Faut-il séparer l’homme de l’artiste ? © Marie Charbonnier

Théâtre du Point-du-Jour : a-t-on le droit d’aimer un artiste monstrueux ? 

Faut-il séparer l’homme de l’artiste ? Réponse au théâtre du Point-du-Jour. Artiste associé au théâtre avec sa compagnie Y, Étienne Gaudillère a collaboré avec la journaliste Giulia Foïs pour mettre l’actualité en pièce de théâtre.

Étroitement lié au théâtre du Point-du-Jour avec sa compagnie Y, Étienne Gaudillère y a déjà proposé quelques spectacles mémorables. Pale Blue Dot, une histoire des Wikileaks, passionnante fresque théâtrale sur le rôle des lanceurs d’alerte. Où l’on croisait aussi bien Hillary Clinton que Julian Assange, alors en proie à la vindicte de l’administration Obama (avant qu’il ne subisse celle de Trump puis de Biden). Mais aussi, Cannes – 39/90, un spectacle, là aussi abondamment documenté, dans lequel il disséquait gaiement, et cruellement, l’histoire agitée du plus grand festival de cinéma au monde, de 1939 à 1990.

Comme le trentenaire aime s’attaquer aux plus brûlants sujets d’actualité, il était le candidat idéal pour animer et diriger le cinquième numéro de “Grand Reporterre”, un format théâtral conçu par les co-directeurs du théâtre du Point-du-Jour, Éric Massé et Angélique Clairand. Soit quelques soirées au cours desquelles un sujet marquant d’actualité devient l’occasion d’un spectacle.


Ils se sont penchés sur la question tant de fois répétée : peut-on séparer l’homme de l’artiste ?


Pour ce “Grand Reporterre”, présenté en janvier 2022 et repris en janvier 2023, Étienne Gaudillère s’était associé à Giulia Foïs. Qui n’est pas seulement la sœur de la comédienne Marina Foïs, mais aussi une excellente journaliste, officiant notamment sur France Inter, spécialiste des questions de société et féministe engagée.

Ensemble, ils se sont penchés sur la question tant de fois répétée : peut-on séparer l’homme de l’artiste ? (Oui mais à la hache, pourrait-on répondre de manière facétieuse...) Ou encore : a-t-on le droit d’aimer un artiste monstrueux ? Autant d’interrogations qui nous saisissent lorsqu’on est confronté à l’œuvre d’un artiste dont on sait que le comportement n’a pas toujours été exemplaire.

Une question d’ailleurs revenue sur la sellette il y a quelques mois avec la publication d’écrits, jusque-là inédits, de Louis-Ferdinand Céline. Encore qu’aujourd’hui elle soit davantage centrée sur les rapports douteux qu’ont pu avoir de nombreux artistes et hommes “puissants” avec les femmes.

En tout cas, si l’on se fie au fond de scène du spectacle : il est recouvert, en grand format, de publications ayant agité le débat public : une affiche du livre de Vanessa Springora Le Consentement (Grasset, 2020), la couverture des Inrockuptibles célébrant le retour musical de Bertrand Cantat, des unes de Libération telle “Césars, le grand fossé”, mettant face à face le visage de Roman Polanski et celui d’Adèle Haenel…

Dialogue impossible ? Pas sur scène en tout cas, avec le couple de comédiens, Marion Aeschlimann et Jean-Philippe Salério, qui reprend l’intelligente partition d’Étienne Gaudillère et de Giulia Foïs.


Faut-il séparer l’homme de l’artiste ? – Du 16 au 20 janvier, au théâtre du Point-du-Jour (représentations nomades dans différents lieux du 5e arrondissement)


 

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