Nuits de Fourvière: "Marcher pour la liberté" avec Barbara Hendricks

C’est un chant d’espoir et de liberté qu’a offert l’incroyable interprète Barbara Hendricks au public du théâtre antique de Fourvière ce vendredi soir. Avec un retour aux sources du blues, la cantatrice nous fait voyager, et donne à voir. Car "le blues, c’est la vie comme elle est, vraiment", avec ses joies, ses luttes, ses douleurs et ses peines.

Le théâtre était une nouvelle fois plein à craquer, les spectateurs se serrent autant qu’ils peuvent sous la pluie battante, attendant avec impatience le quintet de la célèbre interprète. La vue de l'arc-en-ciel de ponchos qui colore les gradins fait sourire. Le directeur du festival demande d’ailleurs avant le concert de ne pas jeter les coussins, car avec la pluie, ceux-ci doivent peser "minimum un kilo chacun".

21h30, le concert commence. Mathias Algotsson (piano et orgue) arrive sur scène, accompagné de Max Schultz (guitare). Ils débutent un duo puis sont rejoints par la grande Barbara Hendricks, qui demande à Clas Lassbo (contrebasse) et à Chris Montgomery (batterie) de venir sur scène. Elle présente alors ses musiciens Le quintet de blues est complet et entame le récital de l'album "Blues Everywhere I Go", qui nous fait voyager dans les plantations du Mississippi.

 

Une cantatrice engagée pour la liberté

Native de l'Arkansas, dans le sud des États-Unis, Barbara Hendricks n’a pourtant pas baigné dans l’univers du blues. Petite, elle chantait du negro spiritual dans l’Église de son père, pasteur. Le blues lui était interdit car ce n’était pas une musique sacrée mais plutôt une "musique du diable", car provenant des bars. Negro spiritual et blues ont pourtant la même origine, issue de l’identité noire américaine. C’est la musique des esclaves travaillant dans les champs de coton du Mississippi et d’ailleurs.

C'est finalement grâce à la musique de Son House et de Big Bill Broonzy que Barbara Hendricks découvre le blues. Après avoir écouté les virtuoses de cette musique engagée, elle décide d’interpréter elle-même son propre blues. Pour cela, elle s'inspire beaucoup de la musicienne folk et activiste Odetta ainsi que de la grande Nina Simone.

Engagée sur scène, la cantatrice lutte, en dehors, pour les droits de l’homme depuis son adolescence, quand le Civil rights bill lui permit d'être réellement considérée comme citoyenne des Etats-Unis. Barbara Hendricks s’est battue pendant une vingtaine d’années pour la cause des réfugiés partout dans le monde. Le 31 décembre 1991, elle donne un concert pour la paix à Dubrovnik, alors que la ville était sous le feu des bombardements. En 2002, elle sera élevée au rang d’ambassadrice honoraire à vie de le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR).

Les protest songs et la dimension politique du blues

Une vie de luttes, que la chanteuse a partagé ce vendredi avec les spectateurs du théâtre antique de Fourvière. Après avoir joué les morceaux de son album, elle est revenue en seconde partie de concert aux grands classiques du blues, à ces protest songs, outil décisif dans la lutte des droits civiques aux Etats-Unis.

Le quintet interprète notamment Down in Mississippi ou bien Strange Fruit de Billie Holiday. Puis, Barbara chante un solo pour les esclaves avec une maraca qui évoque le bruit des chaînes. Enfin pour le grand final, le quintet reprend le magnifique morceau de Nina Simone : I Wish I Knew How It Would Feel To Be Free. "Well I wish I could be like a bird up in the sky" -"J'aimerais pouvoir voler haut comme un opiseau dans le ciel"- car la liberté est un envol.

Après un tonnerre d’applaudissement, Barbara Hendricks fait un discours en chantant. "Nous sommes les soldats de la liberté car le mal n’est jamais vaincu bien longtemps", dit-elle, en rappelant ensuite l’article 1 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen. "Marcher pour la liberté. Marcher pour la vérité", voici le message du blues et de cette femme d’exception.

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