Musée des Tissus : Képénékian et Kimelfeld veulent reprendre la main

Très critiquées jusqu’ici pour leur passivité, la ville et la métropole de Lyon ont présenté à la presse ce mercredi un “projet artistique et scientifique pour le futur musée des Tissus”. Élaboré en collaboration avec l’équipe du musée des Beaux-Arts de Lyon.

Ils ne veulent plus être traités de “fossoyeurs”

Agacés d’être montrés du doigt sur le dossier du musée des Tissus, le maire de Lyon et le président de la métropole ont organisé une conférence de presse ce mercredi au musée des Beaux-Arts pour communiquer sur le projet élaboré par leurs deux collectivités. “Nous avons déclenché ce rendez-vous avant la réunion de vendredi [avec la Région et la CCI, voir en fin d'article], car nous sommes un peu lassés d’être cloués au pilori comme une collectivité qui traîne les pieds sur le “sauvetage” du musée”, a débuté Georges Képénékian. “J’ai reçu des courriers de gens qui nous accusent d’être les fossoyeurs de ce musée, renchérit David Kimelfeld. Je suis blessé par le bruit qui consiste à expliquer que la ville et la métropole de Lyon ne seraient pas attentives au patrimoine de la ville, alors qu’en tant que maire du 4e arrondissement j’ai encore le souvenir ému du sauvetage du musée des Canuts.”

“Si on met seulement de l’argent, on sera peut-être réélu mais on n’aura pas sauvé le musée”

Laurent Wauquiez, le président du conseil régional, a de son côté fait des annonces fortes en proposant de mettre 10 millions d’euros sur la table pour sauver le musée. Georges Képénékian et David Kimelfeld préfèrent mettre en avant un projet “artistique et scientifique” pour le musée. Une façon pour eux de renverser le paradigme qui consistait jusqu’ici à parler du financement comme l’alpha et l’oméga du “sauvetage”. “Si on met seulement de l’argent pour le sauver provisoirement, on sera peut-être réélu aux prochaines élections, mais on n’aura pas sauvé le musée. Il faut un modèle qui nous survive. Si on ne fait que “sauver le musée” sans projet et en reculant la mort du musée, alors ce sera un aller sans retour”, a déclaré dans ce sens David Kimelfeld. Une façon aussi de reprendre la main et le leadership sur un dossier laissé jusqu’ici à la région. Cette conférence de presse organisée par les deux élus est une première pour la ville et la métropole. À demi-mots, George Képénékian admet que du temps a été “perdu”. En proposant un projet avant de parler de financement, le président de la métropole souhaite aussi associer le privé : “Les entreprises ne sont pas intéressées par un “sauvetage”. Alors qu’en proposant un projet qui se développe cela peut susciter des intérêts.”

La vente d’un des deux hôtels particuliers permettrait de récupérer 8 millions

Élaboré avec le musée des Beaux-Arts, le projet de la ville et de la métropole se veut “responsable financièrement et ambitieux”, insistent Georges Képénékian et David Kimelfeld. L’objectif ? Conserver les collections et vendre l’un des deux hôtels particuliers (celui de Villeroy) pour financer en partie la rénovation de l’autre, l’hôtel Lacroix-Laval. Une vente qui rapporterait autour de 8 millions d’euros, selon les élus. La scénographie du musée serait alors revue sous la houlette du musée des Beaux-Arts et les collections seraient exposées au musée des Tissus mais aussi hors les murs, dans diverses institutions lyonnaises (dont le musée des Confluences) et internationales. “L’expo Lumière aurait-elle eu autant de visites à l’institut Lumière, sans faire injure à Thierry Frémaux ?” interroge David Kimelfeld pour appuyer sa volonté de faire voyager la collection. “Nous avons des collections de très grande qualité et il faut un moyen de les montrer de manière plus large à un public plus large, renchérit Georges Képénékian. On veut que des enfants, leurs parents et leurs grands-parents aillent visiter ce lieu.” Le nouveau musée des Tissus entrerait alors dans un parcours touristique avec la Cité de la gastronomie (à l’Hôtel-Dieu), le musée des Confluences et le musée des Beaux-Arts. “Lyon est une ville leader sur les “city breaks”. Mais pour le moment les gens qui viennent deux jours à Lyon, sauf les passionnés, ne s’arrêtent pas au musée des Tissus”, explique le président de la métropole.

“Avec la région, ce n’est pas projet contre projet”

Laurent Wauquiez avait été très critique sur l’action de la ville dans ce dossier. En juin, à l’assemblée plénière du conseil régional, il avait même déclaré que la ville et la métropole de Lyon agissaient “de manière inacceptable”. Une réunion est prévue ce vendredi avec la CCI et la région. Ville et métropole de Lyon y présenteront leur projet aux différents acteurs du dossier. Georges Képénékian se veut confiant : “Pour le moment, le prévisionnel du futur musée des Tissus est basé sur un déficit de fonctionnement de 2,5 millions d’euros par an. Cet argent à mettre chaque année, ce serait autant en moins pour d’autres projets, sachant qu’une ville comme Lyon a déjà beaucoup d’institutions à gérer. Nous, nous ne voulons pas partir sur une base qui comprend un déficit. D’où l’intérêt de proposer un projet responsable financièrement. Toutes les collectivités locales ont des difficultés budgétaires. Avec la région, ce n’est pas projet contre projet et je pense d’ailleurs que nos visions ne sont pas si lointaines qu’il y paraît.” Même position pour David Kimelfeld : “Sans faire injure à la Région et la CCI, la Ville a une compétence et une expérience en matière muséale. Je pense que le président du conseil régional peut être sensible au projet que l’on propose, qui est un investissement utile et plus responsable financièrement.” Un calendrier sera discuté lors de la réunion de vendredi. “Après ça, chacun devra prendre ses responsabilités”, confie Georges Képénékian. Sans avancer de promesses financières, le maire conclut que la ville et la métropole “seront présentes” sur le financement.

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