Hôtel de ville de Lyon © Eliot Lucas
La mairie de Lyon se dote d’un service pour les personnes sourdes et malentendantes © Eliot Lucas

Il laissa sa place de maire de Lyon à Herriot sans pouvoir la reprendre

Histoire – Lyon 1905. Jean-Victor Augagneur laisse sa place de maire de Lyon à Édouard Herriot, espérant pouvoir la reprendre une fois sa mission terminée. Il n’y parviendra jamais.

Gérard Collomb va récupérer sa place de maire de Lyon, après l'avoir confié à Georges Képénékian. Un autre maire avait choisi de faire de même, mais l'homme qu’il avait choisi ne lui laissa jamais l'opportunité de revenir. En 1905, Jean-Victor Augagneur, socialiste indépendant, est maire de Lyon depuis cinq ans. Il est parvenu à se faire réélire en 1904, mais est néanmoins nommé gouverneur de la colonie de Madagascar. Il décide donc de quitter son poste de maire de Lyon. Il veut alors choisir quelqu'un qui va assurer l'intérim avant de pouvoir reprendre ses fonctions, une fois sa mission effectuée.

En janvier 2018, dans Lyon Capitale, l'historien Bruno Benoit détaillait cette décision qui poursuivra Augagneur toute sa vie : “Il pense à deux remplaçants possibles [dans son fauteuil de maire] : Justin Godart, un gone, avocat social, lyonnais pure souche, 6e adjoint… et Édouard Herriot, 5e adjoint – il vient de soutenir sa thèse sur Mme Récamier, agrégé de lettres (en 1920, à l’Assemblée nationale, il débat pendant trois heures en grec ancien avec Léon Daudet, représentant de l’extrême droite, direct, sans notes, imaginez ça aujourd’hui !). Augagneur se dit que le petit Herriot va partir à la Sorbonne et qu’il pourra récupérer sa ville à son retour. Comme Collomb, il nomme quelqu’un en pensant qu’il ne lui fera pas trop d’ombre. Augagneur avait mal jugé : il n’arrivera jamais à reprendre la ville. Herriot a compris que toute l’histoire contemporaine de Lyon vient de la Révolution, cette ville a cherché à être elle-même. Lyon n’était pas marqué par la droite dure, ni par les rouges, le voilà dans cette centralité. Herriot a compris que c’était une ville où l’Église pèse ; il ne retournera pas au Vœu des échevins le 8 septembre, mais il laissera son conseil municipal y aller. Il crée la foire de Lyon en 1916, le grand patronat est ravi ; ainsi Herriot renoue avec les grandes foires du XVe siècle. Autant je trouve que Collomb a su comprendre cette ville et l’embellir, autant il n’a pas compris que les Lyonnais aiment que leur maire se dévoue entièrement à sa ville. Mais ça m’étonnerait que Collomb fasse tout le mandat à l’Intérieur. Dès qu’il n’aura plus de mandat national, il reviendra à Lyon. Collomb, comme Herriot, a aimé Lyon comme une femme.”

Avec ce retour de Gérard Collomb, Bruno Benoit avait donc vu juste. Cependant, à l'inverse de Jean-Victor Augagneur, Collomb devrait retrouver son siège de maire de Lyon. Pourtant, tout n'est pas fait pour l'ancien ministre de l'Intérieur, qui doit encore récupérer la présidence de la métropole de Lyon, pour l'instant confiée à David Kimelfeld. Gérard Collomb ne devrait néanmoins jamais battre le record d'Edouard Herriot, resté maire pendant cinquante ans.

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