Véronique Ovaldé © Jean-Luc Bertini / Flammarion

Fête du Livre de Bron : les rendez-vous à ne pas rater

Après les années difficiles dues à la crise sanitaire, la Fête du Livre de Bron reprend des couleurs. L’édition 2023 qui se déroule du 3 au 5 mars s’annonce riche en rencontres, débats et animations festives.

“Choisir un thème générique pour une manifestation comme la Fête du Livre de Bron c’est évidemment essentiel, nous a confié Yann Nicol, le patron de la manifestation. Il doit faire écho aux grandes tendances de la littérature contemporaine. Et il doit nous permettre de décliner différentes propositions. Sans compter que cette année, cela nous donnait l’occasion de rendre un hommage à Georges Perec [à l’occasion du quarantième anniversaire de sa mort, la FDLB consacre une exposition à l’auteur de La Vie mode d’emploi], dont j’apprécie particulièrement cette phrase : ‘Vivre c’est passer d’un espace à un autre, en essayant le plus possible de ne pas se cogner.’” Après “Un invincible été”, thème choisi en 2021, “Courir le risque”, en 2022, ce sera cette année : “Un endroit où vivre”.

Et cet endroit où il fera bon vivre, ou en tout cas flâner, assister à des débats de haute volée, découvrir ou approfondir la connaissance que l’on peut avoir de la soixantaine d’écrivains invités, ce sera le vaste et superbe espace de l’hippodrome de Bron-Parilly. Où le plus important événement littéraire de notre région reprend ses aises, le temps d’un week-end prolongé, du 3 au 5 mars.

Honneur au Goncourt

Quasiment chaque année, la FDLB compte parmi les grandes plumes invitées celle qui a obtenu le dernier prix Goncourt.

Cette 37e édition ne pouvait encore moins déroger à la règle puisque c’est Brigitte Giraud qui a reçu la prestigieuse distinction. L’écrivaine a longtemps été en charge de la programmation de la FDLB et en demeure une conseillère littéraire active. Elle dialoguera avec Minh Tran Huy sur la capacité de l’écriture à transmettre la souffrance intime. Et à en faire une œuvre littéraire, ce qu’elle a parfaitement réussi dans son roman Vivre vite (sur son compagnon décédé dans un accident de moto) mais aussi dans d’autres de ses romans, tel Un Loup pour l’homme (paru en 2017).

Brigitte Giraud

La conversation sera sans aucun doute fertile avec Minh Tran Huy, critique et autrice d’Un Enfant sans histoire, livre où elle évoque le combat d’une mère pour accompagner son fils atteint d’autisme.

Autre tête d’affiche féminine à écouter, à voir et à lire, Florence Aubenas revient à Bron pour présenter son nouvel essai Ici et ailleurs, qui s’inscrit dans la lignée d’En France (paru en 2014) puisque c’est aussi un recueil de textes écrits au fil de ses enquêtes et reportages.

Florence Aubenas © Ed. de l'Olivier

On y retrouve son besoin de donner la parole aux oubliés de la mondialisation et de témoigner des failles du monde actuel, de la révolte des Gilets jaunes à la vie quotidienne sous les bombes à Kiev en passant par la mort dans les Ehpad…

Impossible de détailler ici l’intégralité des rendez-vous proposés, il y en a plus de soixante ! Mais comme l’affirme Yann Nicol : “Il sera question de notre époque, de la crise écologique (sans dramatisation à outrance ni optimisme béat), du rapport à la langue et à l’identité, des enjeux de l’exil, mais aussi de la guerre en Ukraine, des nouveaux espaces virtuels, de la soif de virtualité et de la faim de consommation, de la musique et de la littérature.”

Focus sur quelques rencontres à suivre

• Jaenada et Bouillier rouvrent les dossiers

Un dialogue entre Grégoire Bouillier et Philippe Jaenada, voilà qui devait bien arriver tant les deux auteurs ont en commun : une bonhomie un peu rentrée, un humour dévastateur qu’accompagne un goût prononcé pour l’autodérision et quelque chose d’une grâce maladroite qui bat en brèche tous les clichés à l’œuvre sur le mâle blanc de plus de cinquante ans. Autrement dit : deux sacrés chics types.

Une trajectoire similaire aussi : entamée avec des œuvres personnelles pour ne pas dire intimes, aux frontières délicieusement brouillées de l’autobiographie puis une mue en “milieu de carrière” vers un autre trait commun : le livre-dossier épais comme un parpaing. Qui dans les deux cas a fait basculer leurs succès dans une autre dimension. Avec une nuance pour Bouillier, son premier livre-dossier, le tentaculaire Dossier M, deux tomes de neuf cents pages, étant autobiographique.

Philippe Jaenada © Pascal Ito – Editions Flammarion

Jaenada, auteur de Sulak, La Petite Femelle, La Serpe, a publié Sans preuve et sans aveu où il revient sur la trajectoire d’un homme condamné à tort. Avec Le Cœur ne cède pas, Grégoire Bouillier s’attaque lui au destin de Marcelle Pichon, un mannequin des années 50 qui s’est inexplicablement laissée mourir et a écrit le journal de son agonie. Quelque chose nous dit que malgré la gravité indubitable des sujets traités, le dialogue entre les deux auteurs sera, à coup sûr, des plus délicieux. Peut-être même très drôle.

K. M.

Dans la marge - Grégoire Bouillier et Philippe Jaenada – Le 5 mars à 17 h


• Iazza, l’endroit où vivre de Véronique Ovaldé

Ne cherchez pas l’île d’Iazza sur Google Map. Cette enclave méditerranéenne, à quelques encablures de Palerme, n’existe pas. Ou plutôt elle existe seulement dans l’imagination de Véronique Ovaldé.

Dans son dernier roman, Fille en colère sur un banc de pierre (Flammarion), elle en dépeint les paysages arides, asséchés par le siroco omniprésent sur ce “caillou” où tentent de vivre quelques centaines d’habitants.

Parmi ceux-ci, la famille Salvatore. Qui n’est plus réduite qu’à sa représentation féminine après la mort du père. On connaissait les Quatre Filles du docteur March de Louisa May Alcott, Véronique Ovaldé a créé les quatre filles du jardinier Salvatore. Problème, la petite dernière a disparu corps et biens un soir de carnaval, après avoir fugué avec sa sœur aînée, Aïda. Et ça, son père, ses deux autres sœurs et sa mère ne l’ont jamais pardonné à Aïda. Son enfance en a été marquée.

Véronique Ovaldé © Jean-Luc Bertini / Flammarion

Elle a fui l’île, tout juste âgée de seize ans. Elle est de retour une quinzaine d’années plus tard, pour l’enterrement du père. Ainsi que pour solder quelques comptes et récupérer sa part d’héritage. À moins que ce ne soit pour retrouver un amour ancien…

Jamais Véronique Ovaldé n’a été aussi inspirée, aussi apte à sonder les âmes et les cœurs. Jamais elle n’a aussi bien apparié émotion et humour. Elle dialoguera avec Raphaël Haroche, connu comme chanteur par son seul prénom, qui vient de sortir son premier roman, Avalanche (Gallimard).

C. M.

Dialogue d’auteurs - Raphaël Haroche et Véronique Ovaldé, Survivre à l’adolescence – Le 5 mars à 12 h 30, salle des Parieurs


• En rock et en roll

Depuis quelques années, la Fête du Livre de Bron a à cœur de laisser une belle part de ses festivités à la musique et plus particulièrement au rock, à coups de conférences mais aussi de concerts ou de lectures musicales. C’est encore évidemment le cas cette année avec la venue de Pierre Guénard, chanteur de Radio Elvis et néo-romancier qui lira des extraits de son Zéro Gloire.

Pierre Guénard © (Photo Pascal Ito/Flammarion)

Mais aussi la table ronde intitulée Vivre en rock’n’roll qui réunira Michka Assayas, légendaire critique rock, père du Dictionnaire du rock qui vient de publier un livre d’entretiens reprenant le titre de son émission radio Very Good trip, Jean-Michel Espitallier, poète et grand fan de rock, auteur de Du Rock, du punk, de la pop et du reste et Pascal Bouaziz, connu des puristes comme leader du désormais feu Mendelson, l’une des plus radicales formations rock de ces vingt dernières années et auteur récemment d’un livre sur Leonard Cohen. Le dialogue devrait être passionnant.

K. M.

Vivre en rock’n’roll - Michka Assayas, Jean-Michel Espitallier et Pascal Bouaziz – Le 4 mars à 17 h
Zéro Gloire - Pierre Guénard accompagné de Vincent David – Le 5 mars à 17 h


• Un festival à hauteur d’enfants…

Ni les enfants, ni les ados, ni les collégiens, ni les lycéens ne sont oubliés dans la programmation de Bron. Comme chaque année, un espace sera dévolu à la littérature jeunesse, avec des débats (comme les grands !), des lectures imagées, des contes, des expos, des ateliers, des spectacles… Sans oublier une master class BD avec l’auteur et dessinateur Victor Hussenot et un quiz dessiné avec Fleur Oury. Le prix Summer des collégiens, auquel participent des élèves de 4e et 3e, donnera lieu à une rencontre avec les trois auteurs sélectionnés (Kamel Benaouda, Marion Bonneau et Thibault Vermot).

Fête du Livre de Bron – Du 3 au 5 mars à l’hippodrome de Parilly (et dans d’autres lieux) Programme complet sur : www.fetedulivredebron.com


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