Focus sur la photo argentique en plein développement à Lyon

La photo argentique connaît un regain de popularité depuis quelques années. A Lyon, le développement et le tirage photo des pellicules 35 mm explosent.

Comme le Phénix, l'argentique renaît de ses cendres. Après de longues années en pause, les appareils photos argentiques connaissent un engouement grandissant. A Lyon, les développeurs photo s'en réjouissent et constatent une hausse de la demande de pellicules depuis environ trois ans.

"Avant, l'argentique était comme une corde à mon arc, parmi les nombreuses activités que l'on fait en magasin. Aujourd'hui, il représente plus de 30 % de mon activité. C'est énorme".

Alexandre Louis, photographe à Croix Rousse photo

Les développeurs lyonnais se portent bien. Alexandre Louis, photographe de 41 ans, tient une boutique à Croix-Rousse. En treize ans d'activité, le Lyonnais a pu suivre l'évolution de la photo. Au départ, il développait moins d'une dizaine de pellicules par jour contre "une bonne centaine par jour aujourd'hui". Une tendance qu'il constate depuis la période de Covid.

Du côté des points de vente de boîtier argentique, Chrystelle Charvet a dû refaire un rayon dédié à l'argentique. "Quand j'ai vu qu'il y avait un engouement autour de l'argentique, j'ai commencé à faire des brocantes et des vide-greniers pour pouvoir répondre à la forte demande", explique la photographe et vendeuse de Camara Lyon 1. La boutique d'appareils photo assure vendre "au moins un boîtier argentique par jour". Parmi les marques les plus recherchées, selon la Lyonnaise, Olympus, Canon, Nikon ou encore les appareils "jetables réutilisables". En plus du boîtier, les utilisateurs doivent se prémunir de pellicules telles que celles de la marque Kodak.
Même constat du côté des grandes marques. En 2012, Eastman Kodak, principal acteur de l’époque argentique, était au bord de la faillite. Mais c'est face à l'effet de mode du format argentique, que l'enseigne réapparaît sur le marché. Selon Alexandre Louis, "la demande de pellicules aurait tellement explosé qu'il n'y avait plus de stocks".

Apparel photo argentique - image d'illustration

Les 15-30 ans conquis

L'argentique avait quasiment disparu des boutiques lyonnaises, jusqu'à ce que les réseaux sociaux s'en mêlent. "Pour moi, cet engouement est lié à Instagram et Facebook. Ce côté vintage a rapidement séduit les jeunes d'aujourd'hui", poursuit Chrystelle Charvet. Même son de cloche pour Alexandre Louis : "les 15-30 ans cartonnent bien", confirme-t-il. L'attraction autour de l'argentique est d'abord venue des influenceurs sur les réseaux sociaux. L'effet granuleux de la photo la rend "unique et vintage". "Je pense que c'est surtout l'effet de surprise qui intéresse les jeunes. Le fait de capturer un moment et d'attendre le développement du film pour voir les photos crée un désir", précise Chrystelle Charvet.

"C'est le goût du risque de devoir laisser la pellicule chez le photographe, qui a pimenté les choses"

Alexandre Louis, photographe à Croix Rousse photo

Alexandre Louis constate ce même effet chez ses clients : "c'est le goût du risque de devoir laisser la pellicule chez le photographe, qui a pimenté les choses. Puis c'est la photo sur le moment qui les intéresse le plus, surtout les souvenirs de soirées".

L'utilisateur de l'appareil argentique cherche à "maîtriser son image pour qu'elle soit parfaite". "Mes clients, quand ils viennent faire développer leurs pellicules, me disent qu'ils ont le sentiment d'être photographe", poursuit Chrystelle Charvet.

Des tarifs entre 6 et 8 euros

Pour certains utilisateurs d'appareils photo argentique, comme Margot, il y a ce côté "cool et vintage, mais ça reste quand même assez cher pour faire développer les photos." En moyenne, les développeurs fixent leur prix entre 6 et 8 euros pour faire développer les pellicules ramenées en magasin. De fait, les utilisateurs sont dépendants et doivent se rendre en boutique pour pouvoir récupérer les images. Si le prix peut paraître élevé pour certains, c'est parce que les machines pour développer puis scanner les photos "sont très chères", appuie Alexandre Louis. "Pour moi c'est pas un simple développement de photo. Mes clients me font confiance lorsqu'ils me donnent leurs pellicules. C'est un service. Bien sûr je vais supprimer les photos qui sont floues voire ratées et prises sans faire exprès", précise le croix-roussien.

Alexandre Louis scanne les pellicules Croix Rousse Photo (Photo : Cheyenne Gabrelle)

Pour développer les pellicules, Alexandre dispose de deux développeuses de film, une pour les couleurs et une pour le noir et blanc. Ensuite, le photographe scanne le négatif, pour trier et retoucher les photos sur l'ordinateur.

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