La nouvelle station Vélo’v au musée Lugdunum dans le 5e arrondissement de Lyon. (@NC)

Vélo'v à Lyon : 100 000 abonnés, de nouvelles stations, mais quelques questions

Alors que l'offre Vélo'v atteint des chiffres records, une dégradation du service liée à une éventuelle saturation semble pointer le bout de son nez. JCDecaux et la Métropole de Lyon tentent de relativiser, tout en étant conscients des problèmes.

Le service Vélo'v est-il à la limite de la saturation, victime de son succès ? C'est la petite musique qui monte depuis quelques semaines chez les vieux utilisateurs du service de vélos en libre-service, qui voient leur habitudes d'utilisation bousculées par l'arrivée de milliers de nouveaux utilisateurs.

Le cap des 100 000 abonnés a ainsi été atteint cet été, six mois seulement après le lancement de l'offre Vélo'v plus, et la mise en service d'une flotte de 2 500 biclous électriques. Pour présenter ces chiffres records, le président de la Métropole de Lyon, Bruno Bernard a convoqué la presse ce lundi, accompagné de Raynald Boidin, directeur d'exploitation Vélo'v chez JCDecaux. Et les deux hommes avaient conscience des interrogations et agacements dont les journalistes allaient se faire l'écho.

"Un nouveau souffle extraordinaire", mais un service qui peine à suivre ?

Et Bruno Bernard d'évoquer le "nouveau souffle extraordinaire" donné par la nouvelle flotte électrique, avec une augmentation d'environ 43 % du nombre de trajets quotidiens sur 2025, par rapport à 2024. En juin, entre 50 000 et 53 000 trajets ont été effectués chaque jour en moyenne, "l'équivalent de la ligne T3" indique le président de la Métropole. Pour l'heure, 16 000 personnes ont franchi le pas de passer à l'abonnement électrique, plus coûteux, et pour un service pas encore toujours au rendez-vous.

Pas facile sur certains secteurs de trouver un vélo en matinée, qu'il soit rouge ou vert, alors de là à espérer qu'il soit électrique... De quoi peut-être dissuader de débourser entre 4 et 8 € de plus par mois. Un chiffre à relativiser et à saluer toutefois lorsqu'on se souvient que seules 3 200 personnes avaient souscrit à l'ancienne offre e-vélo'v.

"Ça ne fait que six mois, nous sommes toujours en train de nous adapter"

Alors, service saturé nou non ? "Il y'a toujours eu dans Vélo'v une limite au dispositif. Pour ceux qui veulent l'utiliser aux heures de pointe pour faire le même trajet que tout le monde, ça ne peut pas fonctionner de manière optimale", répond Bruno Bernard. Et Reynald Boidin de rappeler que le principe du système est avant tout de s'autoréguler. "Nous avons des équipes de régulation qui se sont redéployées. Elles étaient très mobilisées sur les collines, mais l'offre électrique permet de faire remonter des vélos. Ça ne fait que six mois, nous sommes toujours en train de nous adapter", poursuit le directeur d'exploitation qui s'attend de surcroît à un nouveau pic d'usage au mois de septembre.

Un 17 juillet à 9 h 11 sur le plateau de la Croix-Rousse.
Un mardi 15 juillet à 7 h 54.
Ce lundi 28 juillet à 8 h 07.

Un phénomène de stations vides dès le début de matinée touche notamment le Vieux-Lyon et la Presqu'île. "Ce sont des secteurs avec des flux sortant très forts jusqu'à une ou deux heures du matin. Il y a des milliers de vélos qui sortent... À part avoir des dizaines de camions qui viennent remettre des vélos, vous ne pouvez pas empêcher d'avoir des stations vides", juge-t-il. Le directeur technique estime que le phénomène est notamment lié à l'été et qu'il devrait se résorber à la rentrée. Pour l'heure l'idée d'une limitation du nombre d'abonnés n'est pas envisagée, JCDecaux et la Métropole de Lyon estimant le service encore satisfaisant.

"Les résultats sont là", estime-t-on chez JCDecaux

"Je vous trouve très durs" a lancé Bruno Bernard a la presse, estimant qu'il "y a quelques dizaines d'années, nous avions la moitié des selles retournées parce que les Vélo'v ne fonctionnaient pas". "C'est un énorme travail de gérer un tel service, qui demande beaucoup de compétences techniques. J'estime que les résultats sont là", abonde Raynald Boidin.

33 stations supplémentaires seront en ce sens installées d'ici mars 2026, principalement à Lyon, Villeurbanne et dans les communes populaires de l'est de l'agglomération lyonnaise. Elles avaient été volontairement omises du dispositif à l'ère Gérard Collomb, principalement pour des raisons sécuritaires. D'autres villes, notamment dans l'ouest lyonnais restent oubliées, alors même qu'elles auraient fortement bénéficié de la nouvelle offre électrique. C'est notamment le cas de Saint-Genis-Laval qui a par exemple annoncé sa volonté, avec quatre autres communes, de lancer son alternative à Vélo'v. "Une annonce de com' électorale", juge Bruno Bernard, qui invite les communes s'estimant mal loties à "venir se mettre autour de la table".

Un cadre qui contraint l'ambition
Faut-il agrandir la flotte de vélos du service Vélo'v, augmenter la capacité des stations existantes, et ajouter encore de nouvelles stations, alors que 33 nouvelles seront mises en service d'ici mars 2026 ? "L'offre vélo'v électrique a permis d'aller plus loin tout en restant dans le cadre du contrat signé pour 2017-2032", rappelle Bruno Bernard. La Métropole avait en effet seulement procédé à une modification de l'échéancier de paiement de son contrat avec JCDecaux. Procédant à des versements plus importants en 2024 et 2025 pour permettre la réalisation des travaux, puis avant de les diminuer en 2026 et 2027. "L'idée initiale est d'avoir deux bornes par vélo. Tout peut s'affiner à la marge mais ensuite si l'on veut changer de façon très importante le contrat, c'est beaucoup plus compliqué. Il y a un équilibre financier à trouver pour financer les avenants", rappelle Bruno Bernard. Équilibre d'autant plus difficile à trouver à mesure que les années passent et que la fin du contrat approche.

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