Jim Walmsley, UTMB 2022, sous le tunnel lumineux de Hoka, à Notre-Dame de la Gorge @UTMB

UTMB Mont-Blanc : 23 millions d'euros de retombées économiques

Isabelle Viseux-Poletti, fille des cofondateurs du groupe UTMB, est aujourd'hui la directrice de l'UTMB Mont-Blanc. Focus sur les 20 ans de l'ultra trail le plus attendu de la planète, une boucle de 173 kilomètres et 10 000 mètres de dénivelé positif, Chamonix-Chamonix, via la Suisse et l'Italie.

Vendredi 1er septembre, 2300 coureurs de 107 nationalités partiront de Chamonix pour une aventure de 172,9 kilomètres et 10 053 mètres de dénivelé positif (10 050 de négatif), qui les mènera en Suisse et en Italie autour du mont Blanc. C'est la course étalon du trail mondial. Sur l'événement global UTMB Mont Blanc, ils seront 10 000 sur 8 courses.

Lyon Capitale : A quoi doit-on s'attendre pour pour les 20 ans de l'UTMB, y aura-t-il des nouveautés ?  

Isabelle Viseux-Poletti : Je vais vous répondre oui et non à la fois. Non, dans le sens où l'événement sportif va se dérouler de manière normale, avec les 8 courses (UTMB, CCC, OCC, TDS, ETC, PTL, MCC, YCC), les mêmes parcours et le même nombre de coureurs (10 000). Et oui, parce qu'effectivement, nous allons essayer de célébrer cet anniversaire des 20 ans : pour le jour-J, il peut y avoir quelques petites surprises.

Isabelle Poletti UTMB Mont-Blanc
Isabelle Viseux-Poletti, directrice de l'UTMB Mont-Blanc

La marque UTMB, aujourd'hui, s'exporte. En 2021, un partenariat a été signé avec le groupe Ironman, le plus grand opérateur de sports de masse au monde. En 2022, un nouveau circuit mondial de trail running, les UTMB World Series, a été mis en place. Comment la marque va-t-elle se développer dans les années à venir ?

La marque UTMB va continuer à développer des événements à travers le monde, là où il y a des coureurs, puisque le principe de développement à l'international, c'est effectivement d'aller organiser des événements au plus proche des communautés de coureurs afin que les gens puissent avoir une expérience de course UTMB au près de chez eux. Ensuite, ils pourront venir découvrir d'autres événements UTMB, ailleurs. Dans les cinq à dix prochaines années, l'objectif pour l'UTMB est d'organiser une cinquantaine ou une soixantaine d'événements dans le monde (contre 35 épreuves aujourd'hui, NdlR), dans les territoires où il existe des communautés de coureurs. Cela peut être des territoires historiques comme l'Europe, ou encore l'Europe de l'Est, où il n'y a pas grand chose. Mais une chose est sûre, la finale de l'UTMB, à Chamonix, n'accueillera pas plus de coureurs. On est au maximum. Le trail est un sport en plein essor. Nous avons choisi d'opter pour une stratégie mondiale, en organisant aux endroits où sont les coureurs, l'UTMB Mont Blanc devenant l'étape ultime.

"L'UTMB reste guidé par l'émotion du spectacle, dans un environnement extraordinaire et unique et par l'exploit de coureurs ordinaires et extraordinaires"

Par quels types de formats se concrétiseront ces créations de courses ?

Cela peut passer par des créations de partenariats ou des achats. Tout dépend : certains événements nous appartiennent, d'autres sont la propriété de notre partenaire Ironman. Il y a aussi quelques événements, dans certains territoires, avec lesquels on a des contrats différents, parce que ce n'est pas logique ni pour nous ni pour notre partenaire d'aller investir là-bas. Dans ces cas-là on établit un contrat avec une entreprise installée dans ce territoire. Mais, quoi qu'il en soit, l'ensemble de nos événements sont basés sur des équipes locales fortement intégrées dans leur territoire et qui sont en capacité de mettre en valeur le territoire et de comprendre l'endroit où se déroule l'évènement.

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Vous parlez de « l'expérience UTMB ». Qu'est-ce que cela veut dire au juste ?

Un événement UTMB, c'est une expérience extraordinaire, avec une qualité d'organisation au top, la sécurité en particulier, le respect de l'environnement aussi, la découverte d'un territoire, de ses habitants. Les événements UTMB ne sont pas seulement des courses mais des événements qui génèrent des émotions fortes. L'UTMB reste guidé par l'émotion du spectacle, dans un environnement extraordinaire et unique et par l'exploit de coureurs ordinaires et extraordinaires. L'UTMB à Chamonix, au moment du départ, tout le monde a la chair de poule et les larmes aux yeux. C'est aussi sur ces événements qu'on a les athlètes de très haut niveau qui font des performances spectaculaires. L'idée, c'est d'offrir un expérience aux coureurs qui lui promet de vivre une aventure ; en plus de l'aspect sportif on ajoute la découverte d'un territoire. Quand un coureur participe à une courses UTMB, il a l'assurance de bénéficier de tous ces critères qui  font que sa course sera un peu à part.

A propos de tourisme, le trail est devenu un sport (quasi) de masse. Chaque commune organise son événement car les retombées pour les territoires sont conséquentes. A combien se chiffrent celles pour l'UTMB Mont Blanc ?

En retombées économiques directes mesurées, c'est-à-dire uniquement la consommation des coureurs et de leurs accompagnants, soit une ou à deux personnes en plus qui vivent sur place entre deux et cinq jours, on est à 23 millions d'euros pour l'espace Mont-Blanc, soit dix-huit communes, même si ces retombées ne sont pas également réparties avec une sur-représentation de la vallée de Chamonix (l'Espace Mont-Blanc couvre des territoires appartenant à la Savoie et à la Haute-Savoie, à la Région Autonome Vallée d'Aoste et au Canton du Valais, NdlR).

Sur chacune des courses de l'UTMB Mont-Blanc, on est bien d'accord, on est arrivés au max

Et sur les retombées indirectes ?

C'est plus difficile à mesurer. Mais c'est énormément de monde. Nous, on s'attache à bien travailler avec nos publics directs. Ce sont des personnes qui viennent séjourner plusieurs jours, qui prennent le temps de faire un tourisme responsable. Les autres, on sait qu'ils viennent. On n'est pas forcément dans la logique d'attirer de plus en plus de spectateurs, des gens qui viendraient juste pour regarder. On préfère développer des offres numériques pour qu'ils puissent profiter de l'événement à distance, sans forcément venir faire un tourisme moins responsable que celui des gens qui viennent pour plusieurs jours.

Aujourd'hui, l'UTMB Mont-Blanc est à son maximum. Envisagez-vous néanmoins d'augmenter les jauges sur d'autres événements ?  

Tout à fait. Sur chacune des courses de l'UTMB Mont-Blanc, on est bien d'accord, on est arrivés au max. Notre territoire n'est pas dimensionné pour accueillir plus que les 10 000/11 000 coureurs annuels sur les huit courses. Mais sur les autres événements, oui, pourquoi pas. En fait, l'idée est que chaque course doit être adaptée à son territoire. Il y en a encore une marge de progression sur certaines courses, dans certains territoires, où on pourra passer de 1 000 2000 coureurs à 5 000. En France, les événements d'Alsace Grand Est by UTMB, Saint-Jacques by UTMB et Nice côte d'Azur by UTMB peuvent accueillir chacune encore 1000 ou 2000 coureurs de plus.
En Amérique latine, comme en Asie, nos événements peuvent pour la plupart accueillir encore quelques centaines ou milliers de coureurs en plus.

Nous avons mis en place un plan de transport en commun conséquent de près d’un demi million d’euros pour supprimer le plus de voitures possibles

Aujourd'hui, c'est quoi le groupe UTMB ?

C'est 70 employés dans le monde dont un peu plus de 50 en France. C'est 10 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2022, dont près de la moitié issue des inscriptions (dont le montant, pour l’UTMB Mont-Blanc varie de 40 euros à 1400 euros pour la PTL en équipe, NdlR), les autres recettes venant de partenariats avec les grandes marques, les revenus institutionnels et les droits médias. C'est devenu une entreprise à part entière. Depuis 2004, UTMB Group (qui s'appelait à l'époque autour du Mont-Blanc) est une société. C'est la dimension qui change, pas le statut.

Pendant l'été , l'organisation de l'UTMB a ouvert son siège aux habitants de la vallée de Chamonix pour discuter sur les nuisances engendrées par l'événement. Qu'en est-il ressorti ?

L'idée c'est qu'effectivement, on est sur un événement qui a 20 ans. Certains habitants des vallées traversées peuvent ressentir  une certaine lassitude puisque c'est beaucoup de fréquentation et, de fait, des nuisances. Et donc, pour que ça se passe bien pour tout le monde, il faut comprendre leur problématique et pouvoir, autant que faire se peut, les adresser pour organiser l'événement dans un climat festif et apaisé avec l'ensemble des personnes qui sont là. Nous avons présenté un plan d'actions avec toute une série de mesures visant à diminuer le bruit et la circulation générés par l'événement, mesures qui seront mises en place dès l'année prochaine. Il s'agit d'un plan de transport en commun conséquent de près d’un demi million d’euros pour supprimer le plus de voitures possibles, d'un plan d’implantation et de gestion des sources sonores pour optimiser les moments de bruits, de la mise en place de patrouille de bénévoles la nuit pour rappeler l’obligation de bruit faible la nuit, de gestion optimisée des flux de personnes pour ne pas saturer l’hyper centre ...

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