geisha collomb
© photomontage

On a retrouvé Gérard

La vie est injuste avec les Grands de ce Monde. Depuis des années, Gérard Collomb, qui se définit à tout bout de champ comme “un maire sécuritaire”, nous rebat également les oreilles avec ses formules grandiloquentes, “Modèle Lyonnais”, "Lyon Grande Métropole Européenne”, "Lyon Rayonnement International” et au moment même où la capitale des Gaules devient enfin The Center of the World, il n’est pas là pour applaudir et en récolter les fruits. Le New York Times, le Washington Post, El Pais, Die Welt, The Australian, le Corriere della Serra, The Independent, toutes les télés et toutes les radios de tous les pays mettaient à leur “une” notre bonne vieille ville… Et toujours pas de Gérard. Mais où se cachait-il ?

Etait-il en train de deviser avec Obama pour organiser le prochain G20 à la Confluence ? Avec Poutine et Medvedev pour arrimer la Russie à l’Occident ? Avec Angela Merkel pour mettre en place la TVA anti-délocalisations ? Que nenni ! Etait-il au Sénat pour combattre le texte gouvernemental sur la réforme des retraites ? Pas davantage. Alors, vous séchez ? !

Comme chaque année à l’automne, blessant son cœur d’une langueur monotone, Gérard Collomb faisait rayonner Lyon… au Japon. Jules César avait lancé, en 47 avant notre ère, “Veni, Vidi, Vici”. Notre centurion local, toujours à la recherche d’une mythologie portative, a quant à lui lancé son appel de Tokyo : “Sushi, Maki, Sashimi”. Avant de revenir en catastrophe par le premier avion pour organiser “une grande conférence de presse” à l’hôtel de Ville. “On allait voir ce qu’on allait voir !”, avaient averti ses services. Parce que – quand même- quand on voit ce qu’on voit et qu’on sait ce qu’on sait, on est bien content de penser ce qu’on pense.

On est donc venu, à pied. On a vu, de nos yeux vu. On a vaincu, notre impatience : “Je condamne très fermement les dégradations”. "J’en appelle au calme et à la responsabilité”. "J’ai fait enlever les poubelles”. Puis, le maire s’est rendu à l’hôtel de Police avec le ministre de l’Intérieur, “descendu en urgence de Paris pour gérer la situation”. Nouvelle déconvenue. Les nombreux journalistes présents n’avaient d’yeux que pour Brice. Vexé, Gérard Collomb a filé à l’anglaise (les Anglais, eux, disent To take French leave), avant de rédiger un communiqué vengeur dont il a le secret : “Le ministre de l’Intérieur a décidé de venir à Lyon, pour ce que je croyais être une réunion de crise. Je regrette que le ministre ait souhaité en faire une opération de communication. […] C’est grâce au centre de supervision urbaine de Lyon, service municipal, qu’en temps réel, des images ont été transmises, à la police nationale”.

Aucun journaliste présent sur les lieux n’a su dire si Brice Hortefeux, habitué aux verdeurs de langage, lui a lancé “Casse-toi pauv’con”. Mais on enquête. Oui, la vie est vraiment injuste avec les Grands de ce Monde. Et c’est bien Andy Warhol qui avait raison, quand il prédisait, en 68 : “Dans le futur, chacun aura droit à 15 minutes de célébrité mondiale”.

Didier Maïsto
Directeur de la Publication

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