Vue aérienne de Sainte-Foy-lès-Lyon. @VilleSainteFoylèsLyon

Métropole de Lyon - Horizon 2021 : les projets et les défis de demain à Sainte-Foy-lès-Lyon

Après Rillieux, Villeurbanne, Décines, Vaulx-en-Velin ou encore Oullins, LyonCapitale.fr s'arrête à Sainte-Foy-lès-Lyon. Quels sont les défis de demain pour le "balcon vert" de la Métropole ? Pour la commune de 22 0000 habitants de l'ouest lyonnais, à la fois si proche, et si loin, de Lyon. Décryptage avec la maire, Véronique Sarselli.

Après Rillieux-la-Pape (lire ici), Vaulx-en-Velin (lire ici), Caluire-et-Cuire (lire ici), Meyzieu (lire ici), Oullins (lire ici), Villeurbanne (lire ici), Décines-Charpieu (lire ici) et Ecully (lire ici), place à Sainte-Foy-lès-Lyon.

"Balcon vert" de la Métropole de Lyon, très proche de Lyon, Sainte-Foy-lès-Lyon a été largement sous le feu de l'actualité ces dernières semaines avec le projet de transport par câble qui pourrait surplomber la ville en 2025. LyonCapitale.fr a consacré plusieurs articles à ce projet porté par le Sytral et vivement contesté à Sainte-Foy (lire ici et ici).

Plus largement, quels sont les projets et les défis de demain à Sainte-Foy-lès-Lyon, commune assez étendue de la Métropole de Lyon de 22 000 habitants ? Eléments de réponse avec la maire de la commune, Véronique Sarselli.

LyonCapitale.fr : Sainte-Foy-lès-Lyon compte environ 22 000 habitants depuis trente ans, une stabilité démographique voulue ou subie ?

VERONIQUE SARSELLI. La volonté, c’est de préserver notre qualité de vie. Les personnes qui viennent s’installer sur Sainte-Foy le font car cette qualité de vie préservée est un vrai marqueur. Pour les habitants de Sainte-Foy depuis longtemps, cette préservation de la qualité de vie est essentielle. Donc préserver la qualité de vie, c’est forcément un aménagement du territoire qui va avec. Et plus concrètement, choisir un urbanisme qui permet cette préservation de la qualité de vie. La particularité de Sainte-Foy, c’est en effet d’avoir une population très stable. Depuis les années 90, on a exactement le même nombre de personnes qu’en 2020, environ 22 000. Notre objectif, c’est de maintenir cette population.

Après, il y a un enjeu considérable à Sainte-Foy. La part de personnes âgées augmente. Notre objectif est de préserver la qualité de vie mais permettre aussi un renouvellement des générations pour que justement la ville puisse continuer à vivre. Car l’équilibre de la ville, c'est à la fois la qualité de vie mais aussi le dynamisme. On préserve mais il faut aussi conserver le dynamisme de la ville, le tissu commercial de proximité, le tissu associatif, les écoles - nous avons beaucoup de petites écoles - Pour préserver ce dynamisme, il faut arriver à ne pas perdre des habitants.

Nous n’avons pas de friche industrielle, nous n’avons pas de foncier disponible comme à l’est (dans l'est lyonnais). Il y a aussi ce qu’est notre ville de façon structurelle : peu de foncier disponible. Alors vous allez me dire, vous l’avez voulu ? Oui, nous l’avons voulu. Nous avons 25% de notre territoire qui est en espace vert, nous avons sanctuarisé ces espaces verts dans le dernier PLU. L’idée c’est de sacraliser ces espaces verts. Nous avons une commune largement impactée par des problèmes d’inondation, nous avons un plan de protection des inondations sur toute une partie de notre territoire, nous sommes traversés par l’Yzeron, avec des crues possibles, qui ont existé et qui sont susceptibles de se renouveler. D’où d’importants investissements. Nous avons des balmes et nous avons la majeure partie du territoire qui est déjà construite. On ne peut avoir qu'une ville qui se renouvelle sur elle-même, et ça prend du temps, et c’est limité. Il faut arriver à renouveler les générations. Et attirer des familles.

Vue aérienne de Sainte-Foy-lès-Lyon @VilleSainteFoylèsLyon

"Préserver" la ville sans "s'endormir", en conservant du dynamisme, c'est un équilibre difficile à trouver ?

Oui, ce n'est pas parce que notre population n'augmente pas qu'il n'y a pas du dynamisme sur notre territoire. Et puis il faut penser aux besoins futurs. On a une ville très sportive, très labellisée là-dessus. Il nous faut des équipements publics. L’un des grands projets du mandat, ce sera un nouveau pôle public qui accueillera à la fois des équipements sportifs et culturels. On est là aussi pour se projeter, pour répondre aux attentes futures de nos habitants.

Autour de l’enjeu du vieillissement de la population, nous avons le projet dans un quartier de la ville, sur un terrain qui nous appartient, de faire un pôle santé. La désertification médicale et paramédicale touche aussi notre ville, touche également le milieu urbain. Le fait que notre ville soit une ville préservée n’empêche pas l’évolution des besoins et la nécessité d’accompagner les Fidésiens dans leurs besoins.

Qu'est-ce qu'on pourra retrouver dans ce pôle public "sport et culture" ?

Lors de l’année 2021, l’orientation est de recenser les besoins au plus près du monde associatif. Au niveau de sport, nous avons besoin de salles de gymnastique et de salles pour pratiquer des arts martiaux. Ce pôle est dans le secteur Châtelain (sur l’ancienne piscine municipale) où sont déjà concentrés des équipements publics. En terme d’aménagement du territoire - nous avons une école à côté, la bibliothèque -, l’idée c’est d’avoir un pôle de services publics dans un espace centralisé sur Sainte-Foy, à la croisée des déplacements et des lignes de bus. Pour identifier ce secteur de manière très lisible avec des équipements très complémentaires. Nous sommes en train de travailler sur le domaine culturel pour bien identifier les besoins futurs en terme de culture. A échéance 2024, on espère terminer ce projet de pôle public.

Pour vos projets futurs, contrairement à la Métropole de Lyon, ou à la ville de Lyon, vous avez décidé de peu recourir à l'emprunt - ou en tout cas moins - à Sainte-Foy-lès-Lyon. Pourquoi ?

Je considère que si on veut laisser des territoires vivables pour les générations futures, il faut aussi leur laisser des gestions saines. L’idée de développement durable, elle a beaucoup de sens, elle a du sens en terme environnemental, en terme social mais elle a aussi un sens si les finances sont saines. Nous avons pris la décision de limiter nos emprunts, par contre d’avoir une vraie stratégie derrière. Il y a des emprunts qui peuvent être nécessaires. En revanche, l’emprunt ne peut pas être la variable d’ajustement. Nous avons la volonté d’avoir une gestion rigoureuse, maîtriser les dépenses publiques, cibler les besoins, avoir des recettes dynamiques autres que la recette fiscale, penser différemment sur les financements. Nous avons par exemple réussi à avoir du mécénat en terme culturel sur des évènements. Nous voulons un évènement culturel symbolique et d’envergure métropolitaine chaque année mais nous voulons le financer entièrement par mécénat. Je crois aussi beaucoup à la mutualisation entre communes, on travaille beaucoup avec les communes voisines.

Le quartier Beaunant, à Sainte-Foy-lès-Lyon @VilleSainteFoylèsLyon

Sainte-Foy est une commune assez étendue. Est-ce qu’il y a une volonté de créer davantage d'interactions entre les quartiers de la ville ?

C’est un territoire étendu avec une topographie particulière. Nous travaillons l’aménagement du territoire fidésien en pensant à cela. Sainte-Foy s’est urbanisée de manière naturelle, équilibrée et harmonieuse. Avec des vies de quartier. Sainte-Foy, c'est en réalité 5-6 quartiers qui vivent très bien sur eux-mêmes, avec une vraie vie de quartier, avec une particularité d’avoir aussi une forte identité fidésienne. L’idée, c’est de ne pas renier ça. Les habitants vivent bien de cette façon-là, avec leurs commerces de proximité, avec des petits écoles dans chaque quartier, c’est aussi un des marqueurs de la ville. On a vraiment cette notion d’harmonie sur le territoire qu’on veut absolument préserver.

Moi je ne suis pas un maire bâtisseur, je n’ai pas envie qu'on retienne de moi des grandes choses qu’on aurait construit. Mais qu’on se rappelle que les équipes en place ont préservé ce que tout le monde voulait préserver, et ça sera une grande réussite. Cette ville, elle est le patrimoine de nos habitants. Ils veulent le préserver.

Cet esprit village, il est présent dans tous les quartiers de la ville. Quand on parle de Sainte-Foy, on dit que c’est une pépite. Une pépite verte à 15 min de Bellecour. Avec un grand balcon, on regarde Lyon de haut.

Véronique Sarselli, la maire de Sainte-Foy-lès-Lyon ©MaxPPP

Comment conserver cet esprit village en étant aussi proche de la 3e ville la plus peuplée de France, Lyon ?

Contrairement à ce qu’on pense parfois, ça demande beaucoup de travail. Il est plus facile de tout révolutionner. Vous modifiez un PLU, vous mettez de beaux immeubles, de super équipements. Mais ce n’est pas notre volonté. C’est assez étonnant d'ailleurs, même les personnes qui habitent depuis peu de temps à Sainte-Foy, elles plongent dans cette identité et cette vie de quartiers de village. Ca ne veut pas dire qu’on est une ville endormie. On compte beaucoup sur le tissu associatif. Je ne sais pas ce que ça veut dire la désertification de services publics dans les quartiers, nous avons des petites écoles dans les petits quartiers. Ca suppose aussi de retravailler sur certaines écoles car nous avons moins d’élèves qu’avant dans nos écoles. Nous avons des services publics dans tous nos quartiers. A 10 min de Bellecour et de Perrache, nous avons ce petit village gaullois qui résiste.

Parmi les "pépites" de Sainte-Foy, il y a l'Aqueduc romain du Gier qui traverse la commune. Vous souhaitez davantage le valoriser, le faire connaître ?

Oui. Dans un premier temps, nous faisons des travaux nécessaires à sa sécurisation. Cet aqueduc, il est sur Sainte-Foy en milieu urbain, avec des habitations autour, avec le pont siphon qui permettait d’acheminer l’eau à Lugdunum (avant Lyon). Ca suppose des travaux de sécurisation et de préservation. A côté de cela, notre volonté c’est la valorisation de l’aqueduc, valoriser notre patrimoine, et que la population se l’approprie. Il y a un double enjeu : éviter qu’il disparaisse physiquement et qu'il disparaisse des mémoires. Car franchement, ce que nous ont laissé les romains, ce n’est pas mal.

Il faut donc arriver à le valoriser, ça passe par des actions pédagogiques et prochainement par la mise en place de bornes interactives qui vont permettre de découvrir l’histoire de cet ouvrage. Et donc de permettre des animations pédagogiques avec l’outil numérique. Pour de nouvelles balades, mais aussi avec un but touristique.

L’aqueduc romain du Gier a fait partie de la mission Bern. La fondation du Patrimoine est un partenaire essentiel. Il y a une véritable volonté de conserver ce patrimoine historique, de le valoriser, de se l’approprier. L’aqueduc, il traverse Sainte-Foy, vous l’avez dans des endroits insolites. Au parc du Brûlet, vous tombez sur des vestiges de l’acqueduc, dans le centre de Sainte-Foy, pareil, vous retrouvez un arche de l’aqueduc. L’aqueduc, quand vous vous baladez dans Sainte-Foy, vous le voyez partout. Il fait partie du patrimoine fidésien et c’est notre patrimoine quotidien. En ce sens, il doit être préservé. Et valorisé.

En terme de transports, comment améliorer la desserte pour aller à Lyon ?

Les Fidésiens qui travaillent sur Lyon sont confrontés au moment des heures de pointe à des situations problématiques. Les problématiques de déplacement sur le territoire, elles peuvent être résolues de deux façons : à la fois en augmentant la fréquence des bus et en élargissant les plages horaires, en allant plus tard le soir, et aussi le samedi et le dimanche. On est plus sur de l’amélioration de la fréquence plutôt que de se dire, il faut de nouveaux modes de transport. Je ne peux pas dire aujourd'hui que Sainte-Foy est mal desservie.

L’enjeu de rééquilibrer les modes de déplacements, et de se dire, oui il faut travailler à ce que des déplacements en transports collectifs soient valorisés et soient efficaces et sécurisés pour réduire le nombre de déplacements en voitures, oui. Pourquoi pas. Nous avons nos lignes de bus qui peuvent rentrer dans cette case-là.

On a vraiment aussi améliorer le développement des pistes cyclables. Même si c’est difficile de travailler avec la Métropole de Lyon. Parfois certaines personnes sont hors sol. C'est un cri que je lance. Ecoutez-nous, nous les maires, on connaît nos territoires, on connaît nos habitants. Ce serait une vraie valeur ajoutée de nous écouter. On ne pourra pas mettre tout le monde à vélo. Nous avons pris des décisions fortes en matière de pistes cyclables. Nous avons mis en place une subvention pour l’achat d’un vélo à assistance électrique, mais aussi pour le vélo cargo. Tout ça se met en place, c’est un équilibre à avoir.

Projet de téléphérique © Antoine Merlet / Simulation Lyon Capitale

Est-ce que l’année 2021 sera aussi celle de l’année du « combat » pour la maire de Sainte-Foy contre le projet de transport par câble ?

Ce projet de transport par câble, bien qu’innovant, bien qu’ayant plusieurs arguments avantageux, pose trop de problématiques sur notre territoire.

A vous écouter, en fait, vous n’en avez pas besoin à Sainte-Foy ?

Ca ne se résume pas qu’à l’idée du besoin. Quand on travaille sur un projet, on se demande quel est l’objectif, quel est le réel besoin ? Ce n’est pas le besoin de Sainte-Foy qui est en jeu. Ce n’est pas l’année du combat contre le transport par câble. Si la politique des transports, c’est d’avoir un transport par câble dans l’ouest, alors on passe à côté d’une vraie politique des transport et d’une vraie politique qui accompagne l’aménagement des territoires. Le combat il est plutôt là. Si aujourd’hui l’objectif, c’est de dire : il faut diminuer la part modale de la voiture, il faut améliorer la qualité de l’air, il faut désenclaver l’ouest. Alors ce n’est pas le transport par câble qui va le résoudre. Une politique de déplacement, elle doit se structurer sur les territoires. Elle ne concerne pas que Sainte-Foy, pas que la Mulatière, pas que Francheville. Elle concerne tout l’ouest. Si la réponse aujourd’hui, pour ce qui est de l’ouest lyonnais, c’est de dire : un transport par câble et des bandes cyclables, alors on passe à côté de ce qu’il faut faire en terme de déplacements.

Alors oui, il y a des arguments fidésiens qui font qu’on est contre ce transport par câble, et je continuerai avec ma casquette de maire à lutter aux côtés des Fidésiens. Parce que de manière très objective, ce projet ne correspond pas à ce qu’il faut à Sainte-Foy et les contraintes d’insertion sont trop importantes. Et même de façon plus globale, les objectifs poursuivis ne seront en aucun cas remplis. A un moment donné, il faut se poser la question, il faut être pragmatique, il faut être objectif, la problématique des déplacements va au-delà de nos trois territoires et il faut penser les déplacements de manière structurelle. Nous avons besoin de projets de transports structurants, c’est pour ça qu’on milite pour le métro E, c’est pour ça qu’on milite pour le transport ferroviaire qui doit être réhabilité dans l’ouest.

Prochain rendez-vous : Saint-Fons

 

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