Mediator

Mediator : “S'ils sont mis en examen, c’est grâce à nous” se félicite Michèle Rivasi

Jointe par téléphone au Mali, la députée européenne (Europe Écologie-Les Verts) Michèle Rivasi s’est félicitée de la mise en examen, dans l'affaire du Mediator, de deux anciens cadres de l’Agence nationale de sécurité du médicament.

C’est un tournant judiciaire important qui a été pris ces derniers jours dans l’affaire du Mediator, ce médicament officieusement utilisé comme coupe-faim mais officiellement répertorié comme antidiabétique, qui a causé entre 500 et 2 000 décès en un peu plus de trente ans.

Cinq personnes ont récemment été mises en examen dans le cadre de l’enquête sur les conflits d’intérêts avec le laboratoire Servier, qui a commercialisé le médicament.

Des hauts fonctionnaires…

Deux sont sont des anciens cadres de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), un établissement public qui a pour mission d’évaluer les risques sanitaires des médicaments – et de tous les produits de santé à usage humain – et de garantir leur sécurité.

Le premier a été l’un des hommes les plus influents de France en matière de médicament. Il a successivement été président de la commission d’autorisation de mise sur le marché à l’Agence du médicament, directeur de l’évaluation des médicaments  et président du comité des médicaments de l’Agence européenne du médicament. Dans le même temps, il était consultant pour l’industrie pharmaceutique, notamment pour Servier.

Le second a quant à lui travaillé pendant huit ans au sein du Syndicat national de l’industrie pharmaceutique, puis à l’Agence du médicament, avant de présider le comité d’évaluation des médicaments à usage humain à l’Agence européenne du médicament, tout en étant conseiller auprès du directeur général de l’Agence du médicament (alors appelée Afssaps).

Ils sont respectivement poursuivis pour “participation illégale d’un fonctionnaire dans une entreprise précédemment contrôlée” et pour “prise illégale d’intérêt”. À ce stade de la procédure, ils sont naturellement présumés innocents.

… déjà connus des services antifraude

Dès février 2011, la députée européenne (EELV) Michèle Rivasi, adjointe au maire de Valence (Drôme), et sa collègue Éva Joly, ancienne juge d’instruction au pôle financier du palais de justice de Paris, avaient alerté l’Office européen de lutte antifraude (Olaf).

Les deux députées avaient demandé à l’Olaf d’enquêter sur d’éventuels conflits d’intérêts nationaux ayant pu présider à des décisions ou manques de décision avantageant le laboratoire Servier. “Les représentants de l’Afssaps au sein de l’EMA [Agence européenne du médicament] ont-ils usé de leur influence pour éviter de nuire au laboratoire Servier ? Faut-il parler de complaisance ? De collusion ? De corruption ? De prise illégale d’intérêts ?” s’interrogeaient-elles.

Rivasi et Joly font accélérer l’enquête

C’était il y a deux ans. L’Office européen de lutte antifraude, chargé des affaires de corruption au sein des institutions européennes, avait ouvert une enquête en juillet de la même année. “L’influence de ces représentants français de l’Afssaps au sein de l’EMA, dans la gestion de la pharmacovigilance du Mediator a toujours été flagrante, déclarent les députées. Pourquoi avoir attendu si longtemps pour retirer ce médicament du marché, alors même que des cas de valvulopathies cardiaques étaient signalés ? Une étude devait également être diligentée une étude, dont les résultats ont été fournis très tard… Alors que le médicament coupe-faim est retiré du marché espagnol en 2003 et italien en 2004, la France est l’un des derniers pays à l’avoir interdit, en novembre 2009. ”

Et Michèle Rivasi, jointe par téléphone au Mali, de se féliciter : “Sans fausse modestie, s'ils sont aujourd’hui mis en examen, c’est grâce à nous. Si nous n’avions pas saisi l’Olaf, il n’y aurait jamais eu l’implication de l’Europe. Or, l’impact de l’Olaf a été très fort. Ça a permis de faire avancer l’Agence européeenne du médicament sur les conflits d’intérêts.”

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