Comment éviter les arnaques à la location sur Rentola
par Louan Garet
Chaque année, 15% des Français sont victimes d'arnaques en tous genres. Parmi elles, les arnaques immobilières peuvent s'avérer particulièrement onéreuses et convaincantes. Lyon Capitale explique comment les éviter.
Pour se loger à un tarif abordable, on peut être tenté de sauter sur la première annonce alléchante. Seulement voilà, certaines cachent parfois une arnaque. C'est d'autant plus vrai sur internet, où l'anonymat, la rapidité des échanges et la facilité d'accès rendent ces arnaques plus simples à mettre en place.
Des sites déjà piégeurs
Avant même de parler d'arnaques, certains sites proposent déjà une entourloupe. Si vous souhaitez parler avec les propriétaires, il va falloir payer. Souvent, ces sites ne vous demandent qu'une somme dérisoire de 1 ou 2 euros. Cependant, il faut être attentif, car cette somme n'est que le prix de la semaine d'essai. D'autres prélèvements bien plus élevés sont réalisés par la suite. C'est par exemple le cas sur le site rentola.fr.
Xavier, un étudiant qui cherchait un bien immobilier et qui a utilisé Rentola raconte : "Ce genre de sites, comme Rentola, sont les premiers sites qui apparaissent quand on cherche quelque chose sur Google. Et ce sont souvent des sites au-dessus desquels il est écrit "sponsorisé". Ils ne sont pas forcément fiables." "[Sur Rentola], on voit les biens, mais on ne peut pas contacter les propriétaires. Et on ne peut pas avoir accès au site des agences. On sait juste que le bien est peut-être disponible. Il faut ensuite payer pour avoir accès aux informations pour pouvoir les contacter. Et pour ça, il faut payer 1 euro pour la première semaine je crois. Et après, ça passe à 39 euros en renouvellement, sauf si on l'annule. Nous, on l'avait annulé, donc on a juste payé 1 euro."
D'autres sites, comme go-home.fr ou encore logic-immo.com sont également pointés du doigt, car ils proposent des offres d'abonnement afin de pouvoir déposer un dossier auprès propriétaires.
A cela, il faut ajouter que de nombreux sites en ligne manquent de modération et diffusent donc des arnaques parmi les annonces légitimes, bien qu'ils n'en soient pas à l'origine.
Arnaques à la location, un système bien rodé
Une arnaque à la location immobilière consiste en une annonce de location pour un bien immobilier qui ne peut pas être loué. Parfois, le bien n'existe pas, d'autres fois, la personne qui a déposé l'annonce n'en est pas le propriétaire. Dans le cas où le bien immobilier existe bel et bien, les arnaqueurs volent le plus souvent les photos de celui-ci sur des sites proposant de vraies annonces. Ils font alors une première victime, le propriétaire, dont l'identité est usurpée.
Une fois l'annonce déposée, les arnaqueurs vont tenter de voler non seulement l'argent, mais aussi l'identité de leurs victimes. Pour le vol d'identité, ils demandent simplement un dossier de location classique. Grâce à ce dossier, ils ont accès aux pièces d'identité, bulletins de salaire ou encore aux justificatifs de domicile de leur(s) victime(s). Ces documents volés leur servent généralement lors de futures fraudes. En effet, ils peuvent alors rassurer leurs victimes en leur montrant ces justificatifs d'identité. Et pour le vol d'argent, les arnaqueurs demandent souvent un paiement avant la visite sous couvert de dépôt de garantie. Les fraudeurs justifient habituellement cette demande en expliquant qu'il est difficile pour eux de venir sur place et qu'ils ne veulent donc pas se déplacer sans engagement du locataire. Une fois les informations et l'argent récupéré, les charlatans deviennent injoignables.
Xavier qui est tombé sur une annonce frauduleuse déposée sur Rentola témoigne : "On est tombé sur l’annonce d’une maison qui nous intéressait. On a commencé à prendre contact avec les personnes. Par mail, ils nous ont demandé d'envoyer d'abord la caution, donc de payer, je crois que c'était 900€ de caution. Et après, on pouvait faire une visite et monter un dossier. Mais on a trouvé ça bizarre. On a commencé à demander des preuves pour savoir si la maison était bien à eux. Ils nous ont envoyé par mail, une carte d'identité, des photos de la maison qu’ils ont sûrement dû prendre sur le site où justement les vrais propriétaires avaient mis en vente. Et la carte d’identité, je pense que ce n’était pas du tout la leur. Et ils nous disaient qu'ils étaient un couple âgé et qu'ils vivaient en Belgique. Et que pour eux venir à Lyon juste pour une visite, c'était compliqué, donc c'est pour ça qu'ils demandaient une avance sur la caution. On s’est renseigné de notre côté avec le voisinage. Parce qu'on trouvait ces annonces bizarres. Et la voisine d'en face nous a conseillé d'aller voir le frère du vrai propriétaire, parce qu'il n'habitait pas loin, parce que pour elle, la maison était mise en vente, elle n’était pas mise à louer. Donc c'est ce qu'on a fait, on est allé voir ce monsieur là. Il nous a confirmé qu'elle n'était pas louée, que le site était l'arnaque. On a contacté le vrai propriétaire et voilà."
Mail envoyé par l'arnaqueur à Xavier
Aujourd'hui l'annonce a été retirée du site d'annonces immobilières après que le propriétaire ait bataillé pour trouver le bon contact chez Rentola.
Se méfier des annonces trop attractives. Cela peut sembler être une évidence, mais les offres trop belles ne sont parfois pas vraies. De plus, même lorsque le propriétaire offre une excuse, il vaut mieux rester prudent. Dans les mails transmis par Xavier, le faux propriétaire justifie le prix très attractif de son bien en disant : "La raison de cette éventuelle location est de ne pas laisser la maison vide et non entretenu vu qu'elle [sa fille] vient de me rejoindre en Belgique dans le cadre de ses études."
Refuser de payer en liquide ou par des moyens alternatifs. En effet, les services de transferts d'argent comme Western Union ou mandat cash par exemple, tout comme les versements en liquide laissent moins de trace que les virements bancaires. C'est pourquoi ils sont privilégiés par les fraudeurs. Cependant, un virement bancaire ne vous garantit pas la sécurité.
Se renseigner sur l'annonce et son propriétaire. Pour cela, n'hésitez pas à utiliser l'outil de recherche par image de votre moteur de recherche. Cela vous permettra de trouver des annonces comportant les mêmes photos. Ainsi, vous pouvez y repérer des incohérences qui devraient vous mettre la puce à l'oreille.
Demander une copie de la taxe foncière. Les papiers justifiant du paiement de cette taxe sont au nom du propriétaire. Vous pourrez ainsi vous assurer que la personne avec qui vous échangez est bien le propriétaire du bien que vous souhaitez louer.
Laissez des traces sur vos documents de la raison de leur envoi. Avant d'envoyer vos documents personnels, veillez à inscrire dessus la raison de leur envoie, ainsi que la date et le destinataire. Envoyez ensuite vos documents de sorte à ce qu'ils ne soient plus modifiables (par exemple sous format PDF).
Ne donner aucun document avant la visite et ne rien payer avant la signature du bail. Voici les deux échéances les plus importantes à retenir. Le propriétaire ne peut demander que certains documents - justificatif d'identité, justificatif de domicile, justificatif de situation professionnelle- et ce dans le but de signer le bail. Avant la signature du bail, le propriétaire ne peut exiger de versements.