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Face aux Gilets jaunes, l’État modernise la surveillance

Mal compris du pouvoir, ce mouvement disparate et sans intermédiaires qui bat le pavé samedi après samedi, et tient encore quelques ronds-points ruraux, n’échappe pas aux mille yeux des forces de l’ordre, ni aux grandes oreilles du renseignement. Aidés de technologies modernes, vidéosurveillance en tête, les services de l’État tentent de surveiller, anticiper et contrôler les mobilisations des Gilets jaunes. Avec la tentation de restreindre le droit de manifester face à la frange ultra et minoritaire de casseurs.

Même dans la colère jaune, Lyon reste Lyon. Policé, mesuré, commerçant. Les cortèges y débordent moins qu’ailleurs. Des poubelles brûlées, quelques barrières jetées sur la chaussée, un pare-brise étoilé par-ci par-là… Bien peu en comparaison d’autres métropoles régionales. Les forces de l’ordre se sont efforcées de protéger le cœur de ville, durant la période précédant Noël comme pendant les soldes, en orientant les cortèges vers les quais. Les commerçants ont parfois dû tirer le rideau un peu plus tôt et se plaignent d’un climat peu propice aux affaires, certes, mais cette stratégie a plutôt porté ses fruits. Avec une étonnante sensation de schizophrénie lorsque, pour reposer ses glandes lacrymales de l’agression des gaz, on emprunte une ruelle perpendiculaire depuis les quais pour gagner l’une des artères de la Presqu’île où l’activité bat son plein. Business as usual ! La stratégie policière est claire : repousser fortement, à grand renfort de grenades lacrymogènes, les manifestants dès qu’ils tentent une percée vers l’hypercentre. Une relative tranquillité qui serait due à l’attention des policiers envers les casseurs, pour Sébastien Thillet. “Nous sommes très mobiles pour répondre aux casseurs, explique le responsable de SGP-FO, arrivé en tête des récentes élections syndicales dans la police. Les services interpellateurs ont de bons résultats, avec des personnes qui ont été présentées à la justice et condamnées à hauteur.” Ces fameux casseurs qu’Édouard Philippe a proposé de ficher pour les faire pointer au commissariat à l’heure où les cortèges battent le pavé. Comme pour les hooligans des stades de foot britanniques, le Premier ministre veut éloigner les éléments perturbateurs de leur terrain de jeu. Les manifestants lyonnais critiquent le principe. Rencontrée lors de l’acte X à Lyon, Julie estime qu’un tel fichier menacerait la liberté de manifester. Idem pour ce couple de retraités, déjà descendus dans la rue pour la Manif pour tous. “Un peu de grabuge, ça ne fait pas de mal, ça permet d’être entendu”, provoque le mari. “Quand les gens n’ont pas à manger, ils deviennent violents”, complète son épouse.

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