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Consignes de bouteilles en plastique à Lyon : "On viendrait tuer le système pour lequel on s'est battu"

Ce lundi 30 janvier, la secrétaire d'Etat à l'Ecologie a lancé une concertation sur les consignes de bouteilles en plastique. L'idée suscite la défiance de nombreuses collectivités en France, dont celle de la Métropole de Lyon.

En Europe, la France fait figure de mauvais élève avec un taux de recyclage des bouteilles en plastique de boisson estimé à 57,6 % par l'Ademe en 2020. D'ici 2025, ce taux doit atteindre 77 %, puis 90 % en 2029. La Métropole de Lyon de son côté ne dispose de chiffres précis concernant les bouteilles en plastique.

Toutefois, selon les calculs de Citéo, en 2020, le taux de recyclage des déchets plastiques s'élevait à 21,6 %, contre 26 % au niveau national. Si certaines entreprises et acteurs de la grande distribution y sont favorables, les consignes dédiées aux bouteilles en plastique sont loin de séduire les collectivités.

Des "consignes sauvages" déjà déployées

"On a investi massivement de l'argent public sur un système de tri avec des bacs, et on viendrait tuer ce système pour lequel on s'est battu", lance Isabelle Petiot, vice-présidente de la Métropole de Lyon en charge de la gestion des déchets. A Caluire-et-Cuire ou Dardilly, Auchan a déjà déployé des "écobox". Le consommateur dépose ses bouteilles en plastique et reçoit 0,01 € en bon d'achat pour chacune d'entre-elle.

Isabelle Petiot, vice-présidente de la Métropole de Lyon en charge de la gestion des déchets.

Le pot de yaourt, un enjeu oublié
Pour l'association Amorce comme pour Isabelle Petiot, le pot de yaourt est le grand oublié des politique de tri. "On a fait des pots bimatériaux simplement pour entendre le "clac" lorsqu'on les sépare, raconte la vice-présidente. Résultats, il a trois opérations de recherche et développement en cours pour trouver comment recycler le pot de yaourt, au lieu de tout simplement réfléchir aux produits que l'on met sur le marché, déplore-t-elle." Selon l'UFC Que Choisir, le taux de recyclage du pot de yaourt serait proche de 0 %.

"Ils ont compris le potentiel de l'idée et mettent un pied dans la porte", détaille Isabelle Petiot. En généralisant les consignes, l'élue craint que les industriels "récupèrent la matière la plus valorisable (PET clair, Ndlr) qui nous finance en partie, laissant les collectivités avec les matières les plus difficiles à recycler".

Une hausse d'impôt ?

Le plastique PET est en effet négocié entre 600 et 700 € la tonne. En 2021 pour la Métropole de Lyon cela représentait un peu plus d'un million d'euros en ne comptant que les bouteilles et flacons.

"Les Français vont payer deux fois", résume l'association Amorce à Franceinfo. En privant les collectivités de revenus liés à la valorisation du PET, ces consignes pourraient entraîner une hausse des impôts sur la gestion des déchets.

Une double peine pour les consommateurs puisqu'ils paieraient déjà 15 à 20 centimes supplémentaires sur l'achat de leur boisson.

Une "écobox" Auchan. Photo : Auchan

Des amendes pour les mauvais trieurs ?

D'autant que le terme "consigne", s'il est adapté pour les récipients en verre, lavés et réutilisés, en fait largement galvaudé lorsqu'il s'agit du plastique. "C'est un système de captation pour recycler. Cela montre toute la fourberie de ce système", résume Isabelle Petiot. En clair, le plastique n'est pas réutilisé, mais recyclé pour être revendu.

La Métropole de son côté préfère "accompagner la population vers la réduction à la source des déchets", détaille la vice-présidente. Si l'idée d'une redevance sur les déchets a été abandonnée car trop complexe a mettre en place, la collectivité n'exclut pas de faire payer des amendes aux Grands lyonnais un peu trop réticents face au tri sélectif.

"Il y a déjà des refus de bac lorsque le tri est vraiment de trop mauvais qualité, l'amende serait évidemment la dernière étape, mais on réfléchit a mettre en place des agents assermentés. Avant d'en arriver là, on propose un maximum de solutions et on pourra aller faire de la pédagogie pour permettre aux habitants de corriger leurs erreurs", conclut Isabelle Petiot.

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