Dans le 9e arrondissement de Lyon, la place Gisèle Halimi, anciennement place Abbé Pierre, a été inaugurée jeudi 19 juin. Tout en rappelant ce qu'incarnait cette ancienne avocat.
Une image vaut mille mots, dit un célèbre adage, qui s'est à nouveau vérifié jeudi 19 juin dans le 9e arrondissement de Lyon. La place Gisèle Halimi vient tout juste d'être inaugurée. Grégory Doucet, maire de Lyon, et Maud Halimi, petite-fille de Gisèle Halimi, observent alors la plaque officielle avec sourire et émotion.
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Sourire, car l'avocate, femme politique franco-tunisienne, militante pour les droits des femmes et l'émancipation des peuples - comme inscrit sur cette plaque - porte désormais une place à son nom. Émotion, car il s'agissait de plus que l'inauguration du nom de cette place. Il s'agissait aussi d'effacer celui de l'Abbé Pierre de l'espace public, comme décidé par la Ville de Lyon en février dernier, à la suite des nombreux témoignages d'agressions sexuelles commises par l'homme d'Église et fondateur du mouvement Emmaüs. Pour rappel, il avait également été effacé de la fresque des Lyonnais fin 2024.
"On ne triche pas avec la mémoire"
"Homme dont l'histoire personnelle a rimé avec celle de Lyon et dont l'action contre la pauvreté et l'exclusion a marqué les générations, a rappelé Grégory Doucet. Hélas, pour ces victimes auxquelles nous pensons très fort, les faits graves et documentés de violences sexuelles qui lui sont reprochés ne pouvaient pas rester sans une ferme réaction de notre part. On ne triche pas avec la mémoire".
Après une première phase de sélection des noms susceptibles de renommer cette place (441 propositions, 8 sélectionnés), les habitants de la Duchère ont fait le choix de Gisèle Halimi. Une dénomination approuvée en conseil du 9e arrondissement le 15 avril, puis présentée en conseil municipal le 15 mai. "Une belle mobilisation collective", a estimé Anne Braibant, maire d'arrondissement.
Des combats et des valeurs à partager
"Retirer ce nom à cette place, pour lui donner celui de ma grand-mère, permet de changer un narratif historique où les figures les plus puissantes bénéficiaient d'une impunité sous couvert du silence des victimes", a loué de son côté Maud Halimi, pour qui sa "grande-mère a toujours eu à coeur de faire primer son engagement sur les lois de l'époque".
Elle qui avait d'ailleurs co-fondé avec Simone de Beauvoir, en 1971, l'association Choisir la cause des femmes, représentée ce jeudi par sa secrétaire nationale Ana Cuesta. Cette dernière a égrainé les combats de la militante féministe tout au long de sa vie : contre la colonisation, pour le droit de l'avortement, contre le viol (pour qu'il soit reconnu comme un crime), pour que l'homosexualité ne soit plus un crime, pour que les femmes prennent leur place en politique, etc.
"Une infatigable avocate des droits humains", a relevé le maire de Lyon. Et Véronique Moreira, vice-présidente à la Métropole de Lyon, chargée de l'éducation, de conclure : "Son refus de l’inacceptable, c’est ce qu’on veut partager aujourd’hui dans l’espace public".
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