Au premier jour du procès de l'affaire Axelle Dorier, la famille fait face à une défense offensive

Ce mardi 17 janvier marquait le début du procès de l'affaire Axelle Dorier, dans une ambiance lourde, la famille cherche des réponses.

La journée aura été éprouvante pour la famille d'Axelle Dorier, cette aide-soignante de 22 ans renversée mortellement le 18 juillet 2020 à Lyon. Ce mardi 17 janvier, plus de deux ans après le drame, marquait le premier jour du procès d'une affaire "qu'on ne voit pas tous les jours", selon les mots du directeur d'enquête.

Après un premier rappel des faits en ouverture, puis un examen du parcours et de la personnalité du principal accusé, Youcef Tebbal, enquêteurs et policiers ont été appelés à la barre.

Un premier appel à 3 h 31

Quelques minutes du témoignage de la commandante Huguet auront suffit à la mère d'Axelle pour quitter la salle, en larmes. Une amie proche d'Axelle elle aussi suffoque. "A 121,16 mètres, on relève une large trace de sang, à 134 mètres, la trace fait un arc de cercle", signifiant une manœuvre du conducteur, Youcef Tebbal, tête basse dans son box. Après un premier appel à 3 h 31, un équipage arrive au niveau du parc des Hauteurs de Fourvière.

"Oui, s'il (Youcef Tebbal, Ndlr) avait mis un coup de volant, il l'aurait évitée.(Axelle Dorier, Ndlr)"

La conductrice de la Twingo

"Sur place, c'était la confusion", rapporte l'un des membres des services de police. "Certains pleuraient, d'autres criaient, hurlaient, d'autres encore étaient ivres, détaille la commandante. Evan Dorier (qui témoignera mercredi, Ndlr) entendait 'elle est ou Axelle, elle est ou Axelle'."

Sur la trentaine de témoignages recueillis au cours de l'enquête, ceux des quatre filles dans la Twingo, à l'origine de l'altercation après avoir renversé le chien de l'uns des participants à la soirée, font état de dégradations sur le dit véhicule. "C'est bien une agression caractérisée ?", questionne Me Metaxas, avocat de la défense.

"Est-ce que vous vous sentez responsable de la mort d’Axelle ?"

Me Metaxas

"Oui bien-sûr", répond M. Chevassus, le directeur d'enquête. Et le conseil de l'accusé de répliquer, sous le regard désapprobateur de Me Versini : "Youcef Tebbal intervient donc et cela se retourne contre lui !" Me Metaxas n'a pas ménagé les deux enquêteurs, cherchant à prouver que son client, dans cette rue étroite et occupée par la Twingo, n'avait pas d'autres solution, pas d'autre "échappatoire", que de démarrer tout droit, alors qu'Axelle Dorier posait son pied sur le capot pour le retenir.

Pourquoi Youcef est encerclé ?

"Pourquoi Axelle Dorier a-t-elle son pied sur la Golf ?", lance l'avocat. "Pour retenir le véhicule en attendant la police", rétorque le directeur d'enquête. "Mais est-ce Youcef qui a renversé ce chien ?". "Non", affirme M. Chevassus. Face à un ami d’Axelle Dorier, témoin, Me Metaxas n’en démord pas et veut savoir qui a dégradé ces voitures et pourquoi. Il lance au témoin : « Est-ce que vous vous sentez responsable de la mort d’Axelle Dorier ? » La salle est abasourdie, les frères d’Axelle l’ont déjà quittée.
Plus tard, alors que la conductrice de la Twingo est appelée à la barre, Me Versini lance : "Youcef Tebbal avait-il la place de contourner Axelle ?". Les larmes aux yeux, elle répond, "oui, s'il avait mis un coup de volant, il l'aurait évitée." En revanche, la témoin a réaffirmé que Youcef aurait pu ne pas voir Axelle sous son capot.

Par ailleurs, "les dégradations constatées sur la Golf ont été courtes, minimalistes", tempère Me Versini qui rappelle quant à lui que Youcef Tebbal aurait, selon des témoins, dit aux fêtards l'encerclant : "laissez-moi partir je suis chargé. Dans le dictionnaire de l'argot policier, être chargé peut signifier plusieurs choses : être drogué, alcoolisé ou avoir des armes", tente le conseil des parties civiles.

Un "détachement" de l'accusé

Un certain "détachement" de Youcef Tebbal, quelques heures seulement après le drame, a été rapporté par les officiers de police présents lors sa garde à vue. Un message photo envoyé sur Snapchat par l'accusé, avec la mention "hôtel de police", quelques minutes avant d'entrer en cellule, est venu appuyer le témoignage. L'analyse des échanges téléphoniques de l'accusé et son cousin, co-accusé, a révélé que ces derniers ont passé plusieurs appels entre 3 h 47 et 4 h.

Enfin, Youcef Tebbal a recherché sur internet : "Comment supprimer son compte snap." "Une tentative de dissimulation" pour l'avocat général. Le deuxième jour du procès devrait être au moins aussi lourd à vivre pour la famille de la victime. Les deux frères d'Axelle Dorier seront appelés à la barre pour témoigner.

Le verdict est attendu vendredi. Youcef Tebbal risque jusqu'à 20 ans de prison. Le co-accusé, encours quant à lui jusqu'à cinq ans de réclusion.

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