Les producteurs laitiers haussent le ton ‎

Les producteurs de lait réclament une hausse du prix d'achat de 3,1 centimes par litre de lait par les industriels. Ils boycottent, depuis une semaine, quatre grandes marques pour non-respect d'accords signés en juin 2009. Ils ont été reçus vendredi matin en préfecture.

Ils étaient quelques-uns, ce vendredi à 11 heures, devant la préfecture. Des agriculteurs en colère, venus demander aux pouvoirs publics de relayer leur mécontentement. Josiane Chevalier, qui assure l'intérim du préfet Jacques Gérault durant ses congés, et Gilles Pellurson, directeur régional en charge de l'agriculture, ont écouté pendant plus d'une heure les revendications des producteurs de lait et de leurs représentants. A la sortie de la réunion, Robert Verger raconte : "nous avons parlé à des interlocuteurs très compétents qui se sont bien emparés du dossier. Ils ont fait preuve d'une très bonne écoute, et Madame Chevalier a assuré qu'elle allait transmettre un rapport au ministère de l'Agriculture dès cet après-midi". Nicolas Laurent semble, quant à lui, moins optimiste. "Nous n'attendions pas grand-chose de cette entrevue. C'est pourquoi il faut miser sur un axe fort consommateurs-producteurs."

Depuis les accords de juin 2009, le prix du lait est fixé tous les trois mois, en fonction de l'évolution des marchés. Le 29 juillet, constatant que trois grandes marques, Lactalis, Bongrain et Bel, ne respectaient pas les accords, les producteurs rhônalpins ont décidé de les boycotter. Pour ce faire, ils ont demandé à une trentaine de grandes surfaces du département de retirer de leurs rayons certains produits phares de ces emblèmes. La Vache Qui Rit (Bel), le lait Candia, le camembert Président (Lactalis) ou encore le Caprice des Dieux (Bongrain) ont ainsi été remis en chambre froide. Un quatrième groupe est dans le collimateur des éleveurs. Sodial Union quittera donc dès lundi les rayons. La grande distribution a coopéré, non sans avoir, selon Nicolas Laurent, président des Jeunes Agriculteurs (JA) du Rhône, un certain intérêt dans cette action. "Lorsqu'on retire les grandes marques des rayons, les clients se tournent vers les produits proposés par les grandes surfaces", confie-t-il.

70 heures par semaines et la moitié du SMIC

"Cette année, les marchés sont à la hausse", explique Robert Verger, président de la Fédération départementale des syndicats d'exploitants Agricoles (FDSEA). Ce que veulent les producteurs est donc simple : une augmentation du prix du lait de 3,1 centimes par litre. Le 4 août, en réunion à Paris, les producteurs de lait ont posé un ultimatum aux industriels du secteur. Ceux-ci ont jusqu'au 12 août pour reprendre les négociations. Des tractations indispensables, car aux dires de Nicolas Laurent, la situation n'est plus tenable. Ce jeune agriculteur de 28 ans décrit son quotidien. "Depuis un an et demi, je gagne la moitié d'un SMIC alors que je travaille en moyenne 60 ou 70 heures par semaines. J'ai une femme et deux enfants, alors imaginez les problèmes que ça peut entraîner dans un couple. Les industriels font des profits énormes et nous, pendant ce temps, nous n'avançons pas", se désole-t-il. Jusqu'au 12 août, les actions vont continuer. En attendant, les agriculteurs se sont rendus dès la fin de la réunion en préfecture, à la Chambre Régionale d'agriculture où ils ont défilé avec d'autres confrères.

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