mâchon bouchon Lyon gastronomie
Un machon dans le bouchon la meunière Lyon 1er © Tim Douet

Mâchon VS brunch, Lyon contre le reste du monde

Quand dans le reste du monde, certains brunchent, à Lyon, on mâchonne aussi. De ces deux institutions qui s'opposent parfois le matin, laquelle est née la première et surtout qui revient en force à Lyon ? Mâchon VS brunch, le combat ne fait que commencer.

Brunch ou mâchon ? À Lyon, la question commence sérieusement à se poser. D'un côté, la tendance des brunchs s'est faite de plus en plus forte ces vingt dernières années, mais le mâchon revient en force ! On connaît le premier, mélange des mots anglais breakfast (petit-déjeuner) et lunch (déjeuner), pour un repas pris le matin, souvent le dimanche, qui fait office à la fois de petit-déjeuner et de déjeuner. Le mot brunch est apparu en 1895 dans un article de l'auteur britannique Guy Beringer publié dans Hunter's Weekly. Populaire aux États-Unis et en Grande-Bretagne, il s'est imposé en France dans les hôtels, puis certains restaurants depuis les années 2000,  y compris à Lyon, amenant avec lui une forme de globalisation. On trouve de tout dans le brunch, parfois sans logique, des croissants jusqu'aux fruits de mer.

Mâchon oublié

En ce qui concerne le mâchon, pour ceux qui n'habitent pas à Lyon depuis plusieurs années, la définition est moins évidente. Pour ne rien arranger, il a eu tendance à être oubliée face à un brunch tout puissant, largement mis en avant par les médias. Historiquement, le mâchon est populaire à partir des années 1850 et consiste à partager un repas avec les restes réchauffés de la veille : cochonnailles chaudes ou froides, salades, lentilles du puy, andouillette, pommes de terre, tablier de sapeur, bref toute la cuisine lyonnaise dans sa définition la plus large et généreuse. Le mâchon avait deux aspects pratiques : il évitait de jeter le déjeuner ou dîner de la veille tout en permettant de réunir dans le même lieu aussi bien ouvriers que bourgeois. Certains canuts profitaient même du moment pour négocier commandes ou tarifs. Le mâchon se prend traditionnellement vers 9h, mais dans le Dictionnaire historique de Lyon, Bruno Benoit souligne que l'on peut aussi "mâchonner vers cinq heures du soir". Par ailleurs, sa pratique est antérieure à 1850, auparavant, on pratiquait le goutillon, ou le chicaison, deux casse-croutes censés "rompre la monotonie de la journée" selon Bruno Benoit. Le mot mâchon est donc plus vieux que le brunch, et même si ce dernier c'est imposé, le Lyonnais est loin d'avoir dit son dernier mot.

La guerre de la gastronomie épisode 3 : le revanche du mâchon

En théorie, brunch et mâchon ne devraient pas s'opposer : l'un étant pris davantage en fin de mâtinée le dimanche, l'autre, historiquement plus tôt, n'importe quel jour de la semaine. Néanmoins, difficile d’enchaîner les deux et il faut bien en choisir un ! Dès lors, le mâchon fait depuis quelque temps un beau retour en force, porté par des établissements comme le Bouchon Sully (Lyon 6e) et son mâchon mensuel, les restaurants Daniel et Denise, La Meunière (69001), Le café du Jura les 1ers samedis du mois, Au petit bouchon chez Georges avec interdiction de faire la bobe* (69001) ou chez Riso Amaro (Lyon 6e), restaurant italien en temps normal, qui organise régulièrement des mâchons tout en lyonnitude, garantie 100 % lyonnaiseries. Par ailleurs de manière générale, tout bouchon qui se respecte ne rechignera jamais à organiser un petit mâchon sur demande par téléphone ou de donner la date du prochain qu'il prépare, n'hésitez pas à tenter votre chance. Comptez 20 / 25 euros par personne pour un authentique mâchon lyonnais, avec la certitude de ne pas avoir faim avant le soir, voire le lendemain, même lorsque l'on n’a pas pris de petit déjeuner avant. Plus qu'une alternative aux brunchs qui se suivent et finissent par se ressembler, le mâchon est la meilleure façon de croquer un bout de l'histoire de Lyon.

*Faire la bobe = faire la tête en parler lyonnais.

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