Danton : Tout sauf la guillotine

Le resto du mois. Sans être le Robespierre des fourneaux,
ce Danton-là a de la cuisse.

Sincère - Bistrot - Indentifiable

Soyons francs, on est complètement passé à côté de ce petit bout de restaurant. Il faut dire que la Part-Dieu, ça ressemble un peu à la zone question bouffe. On y a déjeuné le 8 décembre. Notre lumière à nous. Un endroit riquiqui, façon bistrot de quartier amélioré, avec un cabanon vitré, encore plus minuscule, qui fait office de cuisine. Choisir la table adjacente, c’est avoir le privilège de voir œuvrer le chef Alexis Pouly – on citera le Grand Véfour comme maison d’apprentissage. Concentré, méticuleux, sans une once de “gueulante”, assez traditionnelle en cuisine (les méthodes évoluent quand même). Avant même de taper dans le dur, on a trempé nos lèvres dans un flacon… ahurissant. Le bien nommé En avant doute, un vin de pays des coteaux de l’Ardèche au nez pruneau extra qui tire sur les épices et d’une affable longueur en bouche. Atypique au possible. Bref, un avant-goût des plus plaisants qui annonçait quelque chose d’extra. Ce fut (sic) le cas. Le chef, ce jour-là, travaillait la joue de bœuf façon petites ravioles onctueuses. Histoire d’atténuer le goût prononcé du bovin, les pâtes farcies séjournaient dans une crème de potiron légère, avec la touche croquante de petits légumes revenus à la poêle. Un coup d’œil en cuisine et hop ! on opte pour le suprême de volaille, en se disant que compte tenu des débuts prometteurs, on a hâte de voir comment ce qui, il faut le reconnaître, est très souvent archi-raté, sera préparé. Et là, ce qui frappe, c’est la qualité de la volaille. Le contraire de sec. Fondant. Le couteau en deviendrait presque orphelin. Quelques pommes de terre en version galette, pour le croustillant - léger goût d’amidon néanmoins - et une poêlée de pleurotes, traînée de persillade.
Simple et intelligible
Le Danton, c’est cela : trois ou quatre éléments dans l’assiette, pour ne pas détériorer le produit et une cuisine – Bocuse appréciera – identifiable. Pas la peine d’être un as de la papille pour reconnaître les arômes. Tout est limpide. Simple et intelligible. Là où certaines assiettes de chefs (peu inspirés) se parent d’un trop-plein gustatif, Alexis Pouly va à l’essentiel. Ce n’est certes pas nouveau, ni révolutionnaire (Danton, c’est le nom de la rue !) mais c’est bien réalisé, juteux, croquant, la cuisson respecte le produit de base, ça s’amuse des accords de textures. Alors forcément, on joue les prolongations avec les desserts. Le riz au lait, crémeux et juste ce qu’il faut de croquant, flirte avec la vanille et quelques tronçons de bananes caramélisées au vieux rhum. Un triptyque qui fait définitivement bon ménage. Et quand, à peine sorti d’un restaurant, vous n’avez qu’une envie, y retourner, c’est plutôt bon signe. Un petit bémol : le menu à 25 euros un peu chérot, mais bon. Une chose est sûre en tous cas, la Part-Dieu a un nouveau poulain.

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Danton…
8, rue Danton
69 003
04 37 48 00 10
Du lundi au vendredi, midi et soir.
L’addition
Formules à 18,50, 25 et 30 euros.
Les plats
> Terrine de saumon fumé, ricotta et artichaut, croquant de radis et betteraves
> Suprême de volaille rôti, pommes de terre croustillante, poêlée de pleurotes et persillade
> Raviole de joue de bœuf aux petits légumes, crème de potiron
> Riz au lait crémeux à la vanille et bananes caramélisées au vieux rhum
Les vins
> Mâcon-Chaintré, Vieilles Vignes, Philippe Valette, 2006
> VDP Coteaux de l’Ardèche, En Avant Doute, Domaine Les Clapas, 2008

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