À cinq mois du scrutin, Lyon Capitale est allé prendre le pouls des habitants des 8e et 9e arrondissements. L'ancien patron de l'OL peut-il réconcilier les abstentionnistes avec les urnes ?
En 2020, plus de 60 % des Lyonnais s’étaient abstenus au premier tour des élections municipales, et plus de 62 % au second. Dans les 8e et 9e arrondissements, les taux grimpaient même à près de 70 %.
En 2026, le scénario changera-t-il ? La candidature surprise de Jean-Michel Aulas, ancien président de l’Olympique Lyonnais, peut-elle ranimer l’intérêt des électeurs, notamment dans ces quartiers où le sport tient une place centrale ?
"Alors là, je ne vais même pas hésiter à voter pour lui. J'espère qu'il va gagner !"
Hervé, 23 ans, Lyon 8
Hervé, 23 ans, ingénieur système vivant à Mermoz, admet "ne pas trop s’intéresser à la politique". Footeux dans l'âme, il plaisante : "Alors là, je ne vais même pas hésiter à voter pour lui. J'espère qu'il va gagner !" Avant de tempérer : "Je ne vais pas voter pour lui parce qu'il a été dans le foot pendant des années. Mais c'est vrai que ça peut m'aider à m'y intéresser." De l'autre côté du trottoir, Mickael, 25 ans, élève ingénieur en dernière année de cyber-sécurité, partage cette curiosité prudente, même s'il ne connaît pas bien le personnage. "C'est vrai que ça peut me donner envie de m'intéresser à son programme. Ça change des personnes qu'on a l'habitude de voir."
Maillot du PSG sur le dos, Théo, 24 ans, dribble entre différents plots posés sur un terrain de foot. Originaire de Champigny-sur-Marne, il est arrivé à Lyon il y a quatre ans pour ses études. Est-ce qu'il ira voter ? "Étant donné qu'Aulas égal football, égal Lyon, et que je regarde beaucoup le foot, je peux aller faire un truc", répond-t-il simplement.
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"Il a déjà fait ses preuves, avec le foot mais aussi avec les entreprises !"
Mohammed, 43 ans, Lyon 8
Dans une aire de jeux du 8e, Mohammed, 43 ans, agent de sécurité, garde un œil sur ses enfants. "Ça fait longtemps que je n'ai pas voté. Aucun programme me convient", explique-t-il. Mais pour les municipales, il ira jusqu'aux urnes, parce que Jean-Michel Aulas se présente. "Il a déjà fait ses preuves, avec le foot mais aussi avec les entreprises, comme à Décines. Il a créé de l'emploi !", dit-il en faisant référence au Groupama Stadium, inauguré en 2016 à Décines-Charpieu.

"C'était le président de l'OL, non ? Eh bien juste pour ça, je vais aller voter !"
Nesrine, 24 ans
Aux abords du stade de la Duchère-Balmont, des enfants jouent, surveillés par leurs mères. L'une d'elles, Nesrine, 24 ans, habitante de la Duchère, s'intéresse à la conversation dès qu'Aulas est mentionné. "C'était le président de l'OL, non ? Eh bien juste pour ça, je vais aller voter !" Travaux, routes fermées, pistes cyclables... Autant de sujets qui l’exaspèrent et sur lesquels elle aimerait qu'il agisse. À ses côtés, Jennifer, 38 ans, s'appuie sur sa poussette. Elle a grandi à la Duchère et n'a jamais eu l'habitude d'aller voter. Jean-Michel Aulas ? Le nom lui dit vaguement quelque chose. Si elle admet que savoir qu'il se présente "attire plus", cela ne suffira pas à la convaincre d'aller voter.
"Les politiciens ? Des malhonnêtes citoyens qui n'en ont rien à faire de la citoyenneté !"
Rachid, 54 ans, Lyon 9
Chez d’autres, la méfiance est plus profonde. Rachid, 54 ans, "Lyonnais de souche", habite aussi à la Duchère. Assis dans les gradins, il regarde les jeunes s’entraîner et se confie : "J'ai voté quelques années en arrière, et j'ai vu toutes ces promesses qui n'ont pas été tenues, raconte-t-il, en parlant des élections présidentielles de 2017. Depuis, les politiciens, je les mets tous dans le même sac : des malhonnêtes citoyens qui n'en ont rien à faire de la citoyenneté !" Son expression change à peine lorsqu'on mentionne l'ancien président du club. "Aulas, c'est la Champion's League. Mais est-ce qu'il va tenir les mêmes engagements qu'il tenait du temps de l'OL ? Je sais pas." Quelle qu'en soit la réponse, elle ne le motivera jamais à retrouver le chemin des urnes. "Peu importe les bords politiques, les élections, ça ne changera rien à ma vie", conclut Rachid, définitif.
Richard, éducateur sportif au club Étoile sportive Trinité dans le 8ᵉ, zigzague entre les passants pour arriver à l'heure à son cours. Il reconnaît que la candidature de Jean-Michel Aulas peut susciter de l'intérêt pour le scrutin, mais, selon lui, "ce n'est pas ça qui va le faire gagner". "C'est un personnage connu et reconnu, mais il ne faut pas voter pour lui juste par rapport à ce qu'il a fait pour le club." Richard attend avec impatience son programme et sera particulièrement attentif à ce que l'ancien président de l'OL proposera pour le développement du sport féminin.
"Qui est autour de lui ? Qui est son équipe ?"
Gérard, 75 ans, Lyon 8
L'ancien président du club Étoile sportive Trinité, Gérard, 75 ans, ne doute pas du fait que la notoriété d'Aulas lui attirera des voix, y compris de personnes qui ne votent pas aux municipales habituellement. Mais lui se pose encore bien des questions : "Qui est autour de lui ? Qui est son équipe ? Pour l'instant, on ne connaît pas grand-chose", regrette-t-il.
Une désillusion politique aussi bien locale que nationale
Curieux, convaincus ou désabusés, les habitants des 8e et 9e arrondissements ne sont pas forcément indifférents à la candidature de Jean-Michel Aulas. Mais cette dernière ne suffit pas à guérir le désenchantement politique qui traverse une partie des électeurs lyonnais... et du pays.
