Nathalie Perrin Gilbert
Nathalie Perrin Gilbert

"Doucet n’a pas su rassembler au-delà de ses cibles électorales", déplore Nathalie Perrin-Gilbert

Nathalie Perrin-Gilbert, conseillère municipale et candidate aux élections municipales à Lyon, est l'invitée de 6 minutes chrono / Lyon Capitale.

Sans le soutien d'appareils nationaux et face à Grégory Doucet (EELV) et Anaïs Belouassa Cherifi (LFI), Nathalie Perrin-Gilbert continue de croire qu'elle peut leur contester le leadership à gauche. Elle met d'ailleurs l'accent sur le rôle de de Grégory Doucet dans cette désunion : "C’est, je dirais, l’échec de Grégory Doucet en tant que maire de ne pas avoir su rassembler. On le voit dans la société lyonnaise : à partir de l’écologie, qui est bien sûr un impératif, il aurait dû fédérer l’ensemble des Lyonnaises et des Lyonnais autour de ce projet. Or, la société lyonnaise n’a jamais été aussi clivée qu’aujourd’hui. Il n’a pas su rassembler au-delà de ses cibles électorales. Et en interne, au sein même de son exécutif, il n’a pas su garder l’unité qui existait en 2020. Cette désunion résulte sans doute de l’hégémonie verte que j’ai souvent évoquée, de l’absence de dialogue, y compris avec ses partenaires politiques, et de cette conviction d’avoir raison contre tous. Nous aboutissons ainsi, en 2026, à une gauche et une écologie divisées".

La conseillère municipale et candidate aux municipales revient sur la programmation annoncée de la fête des Lumières 2025 : "faire l’impasse sur la place Bellecour, c’est une erreur. Une erreur politique et urbaine. C’est la plus grande place de notre ville, la plus grande place piétonne d’Europe, et ne pas la mettre en valeur est un véritable gâchis".

La retranscription intégrale de l'entretien avec Nathalie Perrin-Gilbert

Bonjour à tous et bienvenue. Vous regardez 6 Minutes Chrono, le rendez-vous quotidien de la rédaction de Lyon Capitale. Aujourd’hui, nous accueillons Nathalie Perrin-Gilbert. Vous êtes conseillère municipale et candidate de la gauche indépendante aux élections municipales à Lyon. La France Insoumise présente une liste à gauche, tandis que Grégory Doucet a annoncé une union de la gauche autour de lui, avec les socialistes, les communistes et d’autres partis plus modestes. Sachant que, pour l’instant, les sondages vous donnent en dessous de 10 %, est-ce qu’à ce stade, vous envisagez toujours d’être candidate en mars prochain ?

Plus que jamais, bien sûr. Ma proposition est bien d’aller jusqu’en mars 2026 avec une offre pour Lyon, des propositions pour les Lyonnaises et les Lyonnais, ainsi que dans les six circonscriptions métropolitaines situées sur le territoire lyonnais. L’équipe de Lyon en Commun et les listes “Lyon avec vous” sont pleinement mobilisées. Nous constatons, même si les sondages doivent être pris avec précaution une certaine stabilité de notre base électorale. De plus en plus de Lyonnaises et de Lyonnais nous rejoignent pour découvrir nos propositions. Depuis septembre, nous les détaillons progressivement, et je compte bien non seulement franchir le cap des 10 % en décembre, mais aussi être la première force de gauche et écologiste au soir du premier tour. C’est l’objectif que je me suis fixé.

Comment expliquez-vous que la gauche soit finalement émiettée, alors que la droite a réussi pour la première fois depuis trente ou quarante ans à s’unir ? En 2020, la gauche était déjà morcelée. Pourquoi cette désunion perdure-t-elle ?

Il y avait également plusieurs listes à l’époque. C’est, je dirais, l’échec de Grégory Doucet en tant que maire de ne pas avoir su rassembler. On le voit dans la société lyonnaise : à partir de l’écologie, qui est bien sûr un impératif, il aurait dû fédérer l’ensemble des Lyonnaises et des Lyonnais autour de ce projet. Or, la société lyonnaise n’a jamais été aussi clivée qu’aujourd’hui. Il n’a pas su rassembler au-delà de ses cibles électorales. Et en interne, au sein même de son exécutif, il n’a pas su garder l’unité qui existait en 2020. Cette désunion résulte sans doute de l’hégémonie verte que j’ai souvent évoquée, de l’absence de dialogue, y compris avec ses partenaires politiques, et de cette conviction d’avoir raison contre tous. Nous aboutissons ainsi, en 2026, à une gauche et une écologie divisées.

Pour vous, la campagne est-elle déjà jouée ? On voit un candidat comme Jean-Michel Aulas crédité de 47 %, flirtant avec une victoire dès le premier tour. À ce stade, le scénario semble-t-il déjà écrit ?

Vous savez, je suis engagée en politique depuis plusieurs années et j’ai appris une chose : rien n’est jamais joué d’avance. Les rebondissements font partie de la vie politique, et c’est ce qui la rend passionnante. Je me souviens d’une campagne législative où j’étais suppléante de Pierre-Alain Muet. Le député sortant, Emmanuel Hamelin, arrivait largement en tête au premier tour, et nous avons renversé la tendance en une semaine pour finalement l’emporter. Donc je sais que rien n’est jamais figé. Aujourd’hui, je sens une dynamique. Elle est réelle. Je la perçois à travers les rencontres que je fais sur le terrain. Je suis confiante. Il semble en revanche que Grégory Doucet ne soit pas en capacité de l’emporter face à Jean-Michel Aulas. Ses six années de gestion ont affaibli sa crédibilité. Nous sommes loin de la dynamique de 2020. La gauche doit trouver un candidat ou une candidate du rassemblement pour le second tour afin d’affronter Jean-Michel Aulas et l’emporter. En étant la première force de gauche en mars prochain, c’est cette candidature que je souhaite incarner face à lui au second tour.

Je voudrais revenir sur une autre actualité lyonnaise : la présentation de la Fête des Lumières. Certains reprochent aux écologistes l’absence d’œuvre sur la place Bellecour, notamment en raison de la présence des ombrières. Ce n’est pas la première fois du mandat qu’il n’y a rien sur cette place, mais est-ce que, selon vous, cela fait tâche ?

Je vais commencer par dire ce qui est positif. Je trouve très bien la proposition du spectacle de drones au parc de la Tête d’Or : c’est innovant, c’est une bonne idée, et je pense que cela va plaire. Je trouve également intéressante la mise en lumière de la place Antonin-Poncet, d’après les visuels présentés. C’est un lieu de mémoire et de commémoration, et ce choix est pertinent. Mais faire l’impasse sur la place Bellecour, c’est une erreur. Une erreur politique et urbaine. C’est la plus grande place de notre ville, la plus grande place piétonne d’Europe, et ne pas la mettre en valeur est un véritable gâchis. Certes, la présence de l’ombrière complique l’installation, mais cela ne justifie pas l’absence d’illumination. Nous devons être fiers de notre patrimoine et le sublimer.

Dans la programmation de la Fête des Lumières, une œuvre va également interpeller : celle de la place Sathonay, fruit d’un partenariat entre la Ville et Netflix. Est-ce que, selon vous, la Fête des Lumières doit servir de support à ce type de partenariat ?

Je pense que l’espace public ne doit pas devenir un espace publicitaire. Les écologistes eux-mêmes ont souvent reproché à Gérard Collomb, par le passé, d’être trop complaisant envers la publicité dans la ville. Or, ici, de ce que j’ai pu voir, nous ne sommes pas dans un mécénat, mais dans une opération de sponsoring. La place Sathonay, chère à mon cœur en tant qu’ancienne maire du 1er arrondissement, est transformée en univers inspiré de la série Stranger Things, dont la cinquième saison sort en novembre. Netflix, plateforme commerciale, vend son univers et sa série, et l’espace public n’est pas destiné à cela. Ou alors, il faudrait que Netflix paie très cher. Je vais donc demander à consulter la convention liant la Ville de Lyon à Netflix. Le 24 novembre prochain, en Conseil municipal, nous devons voter plusieurs délibérations relatives à la Fête des Lumières, incluant des conventions de mécénat. Curieusement, celle avec Netflix ne nous a pas été transmise. Ce serait dommage, voire fâcheux, qu’elle ne soit présentée qu’après la Fête, une fois qu’il ne sera plus possible de débattre. Nous sommes ici face à une vente déguisée d’espace public. C’est regrettable, car la Fête des Lumières, c’est avant tout la fête de Lyon, la fête des Lyonnaises et des Lyonnais. Nos concitoyens veulent se réapproprier leur ville et ce moment festif. Nous avons à Lyon des talents, des étudiants en art, en design, des créateurs jeunes et confirmés. On ne les mobilise pas assez. La Fête des Lumières devrait être une vitrine pour notre création artistique locale et permettre à Lyon de rayonner.

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