Fabienne Buccio
La préfète du Rhône Fabienne Buccio a visité le site de Agamy dans le Beaujolais.

Faibles rendements, manque de personnel... Le secteur viticole en difficulté dans le Rhône

Lundi 15 septembre, la préfète du Rhône s'est rendue sur le site viticole d'Agamy à Quincié-en-Beaujolais. L'occasion d'échanger avec les viticulteurs sur les difficultés actuelles rencontrées dans la filière.

Lundi 15 septembre, la préfète du Rhône Fabienne Buccio a effectué sa visite annuelle aux acteurs viticoles du Beaujolais. L'occasion pour la représentante de l'État d'échanger avec les professionnels du secteur sur le site d'Agamy situé à Quincié-en-Beaujolais : "Le Beaujolais est pour notre région, comme pour notre pays, un secteur important, on tient à la qualité de notre vin et à ce que nos exploitants puissent se porter le mieux possible, malgré toutes les difficultés rencontrées au cours de l'année", débute la préfète.

"Je pense notamment aux aléas climatiques, mais aussi aux décisions prises par les Etats-Unis concernant les taxes sur le vin" , précise Fabienne Buccio. Elle ajoute : "Il y aussi des problèmes sociétaux, notre société évolue, notre jeunesse consomme l'alcool différemment (...) c'est pourquoi il faut travailler ensemble."

Après un tour de présentation du domaine, la préfète a ainsi pu échanger avec les différents professionnels. Un moyen de répondre et de trouver des solutions au "flou" auquel sont actuellement confrontés les viticulteurs quant à leur avenir.

Faibles rendements

Près de deux semaines après les vendanges, le bilan est mitigé : "Les vendanges ont été très qualitatives, c'est un point très positif", débute Jean-Marc Lafont, président de l'interprofession des vins du Beaujolais. Il poursuit : "Par contre le point faible ça va être le rendement." Précoces de quelques semaines, les vendanges n'ont en effet pas été très fructueuses, elles représentent une demie récolte par rapport au rendement d'appellation du Beaujolais : "Cela va toucher nos exploitations et va remettre en question nos fonctionnements d'organisation", explique Jean-Marc Lafont.

Un phénomène problématique liés à plusieurs facteurs, dont le changement climatique. Selon l'INRAE, le changement climatique aurait en effet de nombreux effets sur la vigne, "dont un développement plus précoce, conduisant éventuellement à une plus grande vulnérabilité aux gelées de printemps et à une avancée certaine de la période de maturation des raisins." Par ailleurs, des évènements climatiques extrêmes de plus en plus intenses, comme les vagues de chaleur ou des pluies torrentielles, causeraient des dégâts importants sur les rendements. Un cas constaté cette année suite aux inondations d'octobre et aux deux vagues de chaleur intenses de cet été.

Fabienne Buccio
La préfète du Rhône a pu échanger avec les différents professionnels du secteur ce lundi 15 septembre.

"Notre jeunesse consomme l'alcool différemment, elle consomme moins de vin"

Mais le changement climatique n'est pas le seul à causer du tort à la filière. Alors que la viticulture s'est mécanisée depuis plusieurs années et nécessite l'emploi de saisonniers, un problème persiste : celui du recrutement : "C'est de plus en plus compliqué de constituer des équipes pour les vendanges, c'est un véritable parcours du combattant" avance un syndicat viticole lors des échanges. "J'ai onze saisonniers qui ne sont pas venus cette année, les seuls qui sont venus étaient des travailleurs étrangers", témoigne un viticulteur. Un manque de main d'oeuvre causé par du désintéressement et des problèmes de logement : "Certaines personnes refusent de venir travailler car ils n'ont pas de logement, mais c'est compliqué voire quasi impossible d'accueillir les travailleurs avec les réglementations en place", affirme le viticulteur.

Second aléa : celui de la baisse de consommation de vin des français. Chaque année, une baisse de 7 à 8 % des ventes est constatée par les syndicats viticoles : "Notre jeunesse consomme l'alcool différemment, elle consomme moins de vin, mais nous ne pouvons pas lutter contre ça", souligne la préfète. Néanmoins, la filière s'inquiète : "Cette baisse génère de grosses difficultés dans les vignobles, nous risquons de connaître une évolution assez brutale", déplorent les syndicats. Ils poursuivent : "La question c'est de se demander comment nous considérons le vin : est ce que c'est juste un produit de consommation dont on peut se passer, où est ce que c'est un élément majeur de notre patrimoine français qui draine un millier d'emploi et qu'il faut absolument préserver."

Fabienne Buccio
La matinée s'est conclue par un temps d'échange entre l'Etat et les différents professionnels et syndicats.

"Il est nécessaire de s'adapter"

Toutes les parties prenantes semblent néanmoins s'accorder sur un point : "Il est urgent de s'adapter (...) ll faut mener un travail de perspective, se fixer des objectifs et se donner les moyens de les mettre en oeuvre".

Un travail que le centre de recherche viniticole Sicarex Beaujolais semble déjà avoir entrepris à travers ses travaux sur le changement climatique. Sicarex travaille sur l'adaptation et sur les variétés de Gamay : "Nous cherchons des lignes de Gamay capables de s'adapter aux changements climatiques", explique Sophie Penavayre, directrice de la Sicarex Beaujolais. Elle poursuit : "Utiliser le Gamay nous permet de continuer à produire sous l'appellation Beaujolais, tout en adaptant le vin au changement climatique."

De son côté, la préfecture du Rhône affirme être "consciente de la situation" et "soutenir la profession." En plus des mesures déjà déployées sur le territoire, cette dernière affirme que plusieurs réflexions sont en cours sur le sujet. Parmi elles, l'organisation d'un job dating entre employeurs et personnes étrangères en situation régulière cherchant du travail a été prononcée lors des échanges. Des réflexions seraient également en cours pour faciliter et simplifier l'hébergement des saisonniers. En tout cas une chose est sûre pour la préfète : "La France doit rester un pays en pointe en matière de vin."

Lire aussi : Vins du Beaujolais : les cuvées de 2024 "en phase avec les attentes des consommateurs", juge l'interprofession

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