Christophe Boudot
© Tim Douet

Les dérapages des candidats FN aux régionales en Auvergne-Rhône-Alpes

Plusieurs candidats de la liste Front national – arrivée en 2e position au premier tour des élections régionales en Auvergne-Rhône-Alpes – se sont distingués par leurs dérapages, dont on retrouve encore, pour certains, la trace sur Internet.

Qui sont les candidats du FN aux régionales en Auvergne-Rhône-Alpes ? Derrière Christophe Boudot, qui a déclaré dans nos colonnes qu'il aurait "été pétainiste en 1940" (Lyon Capitale n°749, novembre 2015), plusieurs candidats de la liste Front national (arrivée en 2e position au premier tour le 6 décembre avec 25,52 % des voix) ne résistent pas à une simple recherche sur Internet pour que leurs dérapages plus ou moins récents ne ressortent. Tous ceux que nous recensons ici sont d'ailleurs en position éligible si les scores du premier tour se confirment.

Dans la liste pour la métropole de Lyon, Sandrine Ligout, en 4e position, relayait le 26 octobre 2012 sur son compte Facebook une photo d'un mouton avec le message suivant : "Pensée pour tous les pauvres petits moutons qui seront sacrifiés aujourd'hui pour une fête organisée par des Sauvages." Un message qui n'apparaît plus sur son compte, mais dont on retrouve la trace dans un article du site de Libération.

Avoir été condamné pour des tags racistes

La même année, Stéphane Poncet était au cœur d'une polémique pour la publication de caricatures racistes sur son blog. Alors que les cadres du parti frontiste promettaient des sanctions, il a finalement pu se présenter aux législatives dans la 6e circonscription du Rhône, récoltant 15 % des voix au premier tour. Candidat aux municipales à Villeurbanne en 2014, il se retrouve cette fois-ci 5e sur la liste de la métropole.

La liste FN de l'Ain est menée par Maxime Chaussat. Secrétaire départemental du FN dans l'Ain, ancien responsable du FNJ dans le Rhône et déjà candidat aux départementales en mars dernier, il a été condamné en 2011 à une amende pour des tags racistes sur la façade d'un kebab.

Le compte Twitter “Boudotdesintox”, qui recense les dérapages des personnes présentes sur les listes de Christophe Boudot, pointe également le cas d'Antoine Melliès, tête de liste FN dans l'Ardèche, indiquant que le chef de file du parti frontiste à Givors apparaît dans une vidéo du parti antisioniste de Dieudonné et Alain Soral au moment des élections européennes de 2009.

Prédire une “guerre civile” et prôner un “coup d’État”

Dans la Drôme, la tête de liste FN s'appelle Thierry Sénéclauze. Le 14 août dernier, sur son compte Facebook, il écrivait : "Je suis bleu blanc rouge. Pas noir." Un mois plus tôt, toujours sur ce même réseau social, il postait ce message : "Nous allons affronter une terrible guerre civile qui va déboucher sur une troisième guerre mondiale. Le compte à rebours a commencé. La France a besoin d’un coup d’Etat."

En février, Le Canard enchaîné relayait l'histoire d'une photo qui circulait sur les réseaux sociaux, montrant Erik Faurot, secrétaire départemental du FN dans le Puy-de-Dôme, en train d'effectuer le salut nazi. 3e de la liste FN du Puy-de-Dôme aujourd'hui, Erik Faurot s'était à l'époque défendu en invoquant un photomontage, réalisé par des personnes exclues du FN qui souhaitaient se venger.

Dans la Loire, Isabelle Surply, n° 3 sur la liste frontiste, s'est elle aussi distinguée sur Twitter, le 26 novembre dernier, en associant la pilule à un "génocide" et à une culture de la mort. Des messages relayés par le compte Boudotdesintox mais qui ne sont plus visibles sur le compte de l'intéressée. À la différence d'un message, qu'elle a retweeté ce même jour, dans lequel il est indiqué que "le planning familial c'est de la propagande pro-avortement et pro-LGBT, ce n'est pas un droit fondamental".

Se servir d’une maladie pour alimenter les peurs d’un “grand remplacement”

Enfin, la tête de liste du FN dans la Loire, Sophie Robert, est à la tête de la fédération 42. Une fédération qui a publié, en février dernier, un article sur son site Internet intitulé “Drépanocytose : carte de France du grand remplacement”. L'idée étant que la drépanocytose serait, selon les auteurs de ce texte, une maladie qui "touche essentiellement les personnes originaires des Antilles, d'Afrique du Nord et d'Afrique Noire" et que compiler les statistiques des personnes qui se font dépister permettrait d'établir un état des lieux des origines ethniques de la population. "Les statistiques ethniques étant interdites en France, il faut bien contourner "leur loi" pour dire la vérité aux Français", se justifient-ils.

Avançant que 67,90 % des nouveau-nés en Ile-de-France en 2013 ont été dépistés, ils en tirent la conclusion suivante : "En d’autres termes, en 2013, en Ile-de-France, 67,90 % des nouveau-nés avaient au moins un parent “originaire des Antilles, d’Afrique noire ou d’Afrique du Nord”. Ce chiffre s’élevait à 65,95 % en 2012, à 60 % en 2010 et à 54,15 % en 2005."

Problème, l'adéquation entre personnes dépistées pour la drépanocytose et origine ethnique, comme le sous-entendent les frontistes ligériens, est tout sauf systématique. "Cette maladie, fréquente dans le monde, est rare en France. Les personnes originaires de certains pays sont plus à risque d’être atteintes : Afrique, Antilles, Europe du Sud, Asie, Moyen-Orient, Amérique du Nord, Brésil…", peut-on lire sur la page descriptive de la drépanocytose sur le site du ministère de la Santé.

Au moment des élections départementales, au mois de mars, le collectif L'Entente avait déjà compilé des dérapages similaires parmi les candidats frontistes. Si les sorties polémiques de Jean-Marie Le Pen au printemps dernier lui ont coûté sa place de tête de liste en Paca, certains ont tout de même réussi à passer entre les mailles du filet.

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