Banderole du collectif “Presqu’île en colère” sur des balcons – Lyon, octobre 2019 © Antoine Merlet
© Antoine Merlet

Municipales à Lyon : les candidats veulent apaiser une “ville en colère”

La multiplication des collectifs “en colère” aux quatre coins de la ville oblige les candidats aux municipales lyonnaises à développer leur arsenal “sécuritaire”, qui repose principalement sur la police municipale et la vidéosurveillance. Tous en font leur priorité, mais la conception qu’ils en ont ravive des clivages politiques.

Un bilan en forme de bataille de chiffres

Le débat sur la sécurité convoque souvent une bataille de chiffres. “Lyon n’est plus une ville paisible. L’insécurité se développe. Les coups et blessures ont augmenté de 19 %, les vols avec violence de 6 %. Les gens font part de leur sentiment d’exaspération et évoquent une impuissance publique”, attaque Étienne Blanc, candidat LR à Lyon. À cette réalité statistique, l’actuel adjoint à la sécurité, Jean-Yves Sécheresse, tête de liste LREM dans le 7e, en oppose une autre : “La situation s’est améliorée, avec une baisse du nombre de faits de délinquance. Les problèmes ont évolué et se sont déplacés sur la vie nocturne.” L’évocation des politiques municipales autour de la tranquillité publique convoque aussi une bataille sémantique entre insécurité et incivilité, un distinguo symbolisé pour lui par la place Gabriel-Péri à la Guillotière. Dans cette campagne qui s’ouvre, tous les candidats promettent de faire de la sécurité leur priorité, mais ils n’en ont pas tous la même conception. La tranquillité publique est la deuxième préoccupation des électeurs de la métropole.

Chacun a son idée du nombre optimal de policiers municipaux

La thématique sécuritaire n’est pas celle qui se prête au plus grand nombre de figures libres. Les solutions tournent principalement autour de deux axes : la police municipale et la vidéosurveillance. Alors, une forme de surenchère s’installe parfois dans la campagne. Notamment entre le Rassemblement national et Les Républicains. Sur les effectifs, ils s’entendent pour doubler le nombre de policiers municipaux et le porter ainsi autour de 600 agents. “Nous serions un peu au-dessus du ratio un policier pour mille habitants. L’objectif est d’avoir des patrouilles jour et nuit. Je crois plus à la présence policière qu’à la vidéosurveillance. L’ordre doit être incarné”, assène Agnès Marion (RN). Étienne Blanc croit aux deux et se propose de multiplier par trois le nombre de caméras de surveillance, pour atteindre 1 500. Des propositions démagogiques impossibles à financer, estime Jean-Yves Sécheresse. Lui prône un volant plus limité d’embauches afin de pouvoir mettre sur le terrain des patrouilles municipales 24 heures sur 24. Elles s’arrêtent aujourd’hui à une heure du matin, la Police nationale prenant le relais. Georges Képénékian prévoit une hausse de 10 % des agents de la police municipale et de les déployer sur de nouvelles missions, avec l’objectif notamment d’apaiser les conflits d’usage des déplacements. “Les voitures qui stationnent sur les trottoirs ou les pistes cyclables ne sont jamais verbalisées. Tout comme les trottinettes ou les vélos qui ne respectent pas la réglementation. Si nous voulons que l’espace public soit partagé, il faudra être plus sévère”, prévient l’ancien maire par intérim. C’est aussi dans cette direction que veulent aller les écologistes. S’ils sont historiquement mal à l’aise avec les caméras de surveillance, un de leurs nouveaux usages les séduit : la vidéoverbalisation des automobilistes. Dans les nouvelles missions des policiers municipaux, Sandrine Runel (PS) veut ajouter “la lutte contre le harcèlement de rue et plus généralement les incivilités du quotidien”. Sa liste, la Gauche unie, prône aussi la création d’une brigade spéciale pour les transports en commun. Pour développer ces nouvelles missions, la candidate socialiste prévoit 100 embauches dans un premier temps. Avec des moyens constants, Nathalie Perrin-Gilbert veut réorienter les policiers municipaux vers des missions de proximité. “Les interventions musclées, c’est avant tout pour la Police nationale. Les ASVP [agents de sécurisation de la voie publique, NdlR], plutôt que de les mettre uniquement sur de la verbalisation, pourraient avoir une fonction de veille sur le terrain”, avance Laurent Bosetti, tête de liste Lyon en Commun dans le 7e.


[Article extrait du dossier “Municipales et métropolitaines 2020” de Lyon Capitale n° 796 – Février 2020]

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