Légende : Lauret Wauquiez et François-Xavier Bellamy tenaient le dernier grand meeting de Républicains, mardi 21 mai, à l’Astroballe de Villeurbanne © Ludovic Séré

Les Républicains : pourquoi Laurent Wauquiez a abdiqué

Il visait un duel avec Emmanuel Macron en 2022 mais Laurent Wauquiez a été éjecté du jeu dès les européennes de 2019. Lâché par une partie de sa famille politique, sa démission sanctionne une ligne politique trop rabougrie mais aussi une image personnelle durablement détériorée.

Partir avant d'être chassé. Dimanche soir, sur le plateau de TF1, Laurent Wauquiez s'est assuré de quitter la présidence des Républicains la tête haute et par la grande porte. Un luxe que n'avait pas eu Jean-François Copé en 2014, mis à la porte par les élus de son parti lors d’une réunion interne dont tous les propos s'étaient retrouvés sur la place publique. Depuis la déroute historique de la droite aux élections européennes (seulement 8,5 % des voix), la tête de Laurent Wauquiez était mise à prix dans sa famille. Au bureau politique de lundi dernier, son annonce de convoquer des états généraux de la droite n'avait pas suffi à calmer ceux qui demandaient son départ (Valérie Pécresse, Bruno Retailleau ou encore Gérard Larcher dans un registre plus policé). La jeune garde dont Laurent Wauquiez s'était entouré s'est aussi éloignée assez rapidement. Dans les mouvements de troupe suivant la débâcle des européennes, des soutiens de Laurent Wauquiez ont vu aussi la main de Nicolas Sarkozy. “Il n'a jamais digéré l'épisode EM Lyon”, rappelle un conseiller régional. “Il n'y a pas que les visiteurs du soir de Nicolas Sarkozy qui l'ont lâché”, admet-on dans l'entourage du président du président du conseil régional aurhalpin. De nombreux élus locaux, notamment ceux qui se (re)présenteront aux municipales en mars 2020, avaient aussi pris leurs distances avec le patron des Républicains.

Légitimité

“La liste des européennes a été faite avec l'accord de tous ceux qui ont des responsabilités dans le parti. C'est un peu facile d'attribuer tous les maux de la terre à Laurent Wauquiez”, peste Philippe Meunier, vice-président du conseil régional et candidat aux européennes. Totalement en accord avec la ligne portée par le président démissionnaire des Républicains, il regrette le départ de Laurent Wauquiez : “Il a la légitimité de l'élection à la présidence LR par 75 % des adhérents, qui ont fait choix d'une ligne politique claire.” Cette légitimité, Laurent Wauquiez ne l'avait, en revanche, plus auprès des instances de son parti. Lequel était devenu pour lui ingouvernable depuis le verdict des européennes.

L'échec des européennes a fait rejaillir l'isolement de Laurent Wauquiez. “Il a présidé Les Républicains d'une manière trop solitaire. Il n'était entouré que d'une petite équipe. Ceux qui portaient d'autres sensibilités n'ont pas été écoutés. Les matchs se gagnent en équipe. Si tu la joues solo, le jour où tu perds, tu te retrouves seul”, commente un élu LR. Ce qu'a plus ou moins reconnu Laurent Wauquiez en annonçant sa démission, mais dans une version qui lui est plus favorable : “La victoire est collective, la défaite est individuelle.”

Wauquiez n’imprime plus

Cette défaite est en grande partie la sienne. Depuis 2017, il se préparait pour un duel face à Emmanuel Macron en 2022. Il avait construit une stratégie et embarqué Les Républicains dans son sillage dans une vaine tentative de siphonner l'électorat du Front national après l'entre-deux tours raté de Marine Le Pen. Il considérait à l'époque que les électeurs partis chez Emmanuel Macron ne reviendraient qu'en cas d'échec de la politique gouvernementale. Depuis cet automne et la séquence ratée des Gilets jaunes, l'entourage du président des Républicains s'inquiétait de voir son discours ne pas imprimer. Cette grogne des classes moyennes et populaires, Laurent Wauquiez l'avait pourtant anticipée, juraient-ils. “Laurent Wauquiez est un type brillant. Il a une intelligence pure qui peut le déconnecter. Les électeurs ont peut-être besoin de plus d'humanité que d'intelligence”, regrette un élu régional.

“Il ne s’agit plus de reconstruire”

En quittant la présidence des Républicains, Laurent Wauquiez laisse un champ de ruines. “Il n'était pas en position de force pour rebâtir. Je souhaite bon courage à celui qui va lui succéder. J'entends dire que François Baroin ou Gérard Larcher veulent repartir en s'appuyant sur les pouvoirs locaux, mais je ne vois pas comment on reconstruit un parti politique depuis Saint-André-de-Cubzac. Notre socle idéologique a disparu”, déplore Étienne Blanc, son bras droit au conseil régional. “Le Rassemblement national et LREM sont en plein dépeçage de notre cadavre, s'alarme Renaud Pfeffer, premier vice-président du conseil départemental du Rhône. Il ne s'agit plus de reconstruire mais de construire quelque chose de nouveau.”

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