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La Catho dévoile son nouveau campus

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Libérées, les prisons ! A la rentrée 2015, St-Paul va s'ouvrir aux étudiants de l'université catholique. Côté St-Joseph, bureaux et habitations vont sortir de terre en 2014. Ce jeudi était présenté le projet d'ensemble de réhabilitation des anciennes prisons lyonnaises. La moitié des bâtiments actuels seront conservés.

Cité interdite au coeur de Lyon, zone d'ombre préservée des regards, les prisons vont s'ouvrir à Lyon. "Ce sont des trésors ignorés puisque par essence, fermés sur eux-mêmes", sourit Frédéric Didier, architecte en chef des monuments historiques chez 2BDM. Un nouveau destin s'offre à St-Paul et St-Joseph, vidés de leurs pensionnaires. Les travaux vont commencer au 3e trimestre 2012, pour un montant total de 150 millions d'euros.

A la faveur d'un appel à idées, c'est l'université catholique qui a été retenue en novembre 2010, associée à Sofade et Ogic. Pour l'emporter, ce groupement s'était notamment distingué par une ambition patrimoniale qui comptait pour 20% dans le cahier des charges établi par l'Etat. 50% des bâtiments d'origine seront préservés, sur l'ensemble des deux sites. Les nouvelles constructions apparaissent en blanc, tranchant avec l'ocre de l'ancien. Elles contrastent aussi avec les premières esquisses, aux tons mordorés (il était alors question d'une seconde peau en cuivre et aluminium), qui semblaient à premières vues plus flatteuses - l'architecte expliquera cette modestie subite par des impératifs écologiques. Vu du ciel, les projets disposent d'une harmonie conférée par les toitures végétalisées, servant à rafraîchir les bâtiments l'été. En 2014, St-Joseph accueillera logements et bureaux. Quant à la faculté catholique, à St-Paul, elle va inaugurer son nouveau campus à la rentrée 2015.

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Le devenir de St-Paul (architecte Garbit & Blondeau)

Le permis de construire a été déposé le 31 octobre. Avec sa forme en étoile, St-Paul présente un plan panoptique qui trahit des dessins répressifs. La rotonde centrale qui supervisait le complexe pénitentiaire est évidemment conservée, de même que ses 5 escaliers et le portail monumental, côté Suchet (visuel ci-dessus). Servant ces dernières décennies de salle des fêtes, elle va héberger des bureaux administratifs. La chapelle va retrouver sa vocation première. La plupart des murs d'enceinte sont en revanche arasés.

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Depuis la place des Archives, le panorama capte le regard, avec une façade vitrée (voir image ci-dessus) donnant à voir le patrimoine intérieur. "Elle répond à la façade vitrée des Archives, en face, de l'autre côté du cours Charlemagne. C'est aussi un appel au promeneur, une ouverture au reste de la ville", précise Thierry Roche, architecte coordinateur. L'université catholique est en effet ouverte au public, qui pourra emprunter une traversée piétonne jusqu'au quai Perrache. Cette façade vitrée est aussi la face ouest d'une verrière de 2000 m2, serre froide où les étudiants pourront se rassembler en toute saison. Malgré son absence de chauffage, la température devrait ne pas baisser en-deça de 14° en hiver. Et en été, un système de ventilation va enclencher des courants d'air.

Cette serre borde les amphithéâtres, la cafétéria et la bibliothèque (au premier étage) qui prennent place dans un bâtiment nouveau. Des passerelles les lient à la rotonde. L'université catholique est tempérée par une "thermofrigopompe", un système géothermique qui utilise la fraicheur des eaux souterraines en été, leur relative chaleur en hiver, pour adoucir les températures intérieures. "La nappe est à seulement 4 ou 5 mètres de la surface et a un très bon débit", indique Thierry Roche.

Le devenir de St-Joseph (architecte Ory)

Erigée en 1830, d'essence plus humaniste, St-Joseph est "un bijou", selon Frédéric Didier. En son coeur, elle dispose aussi de sa chapelle octogonale, aujourd'hui "défigurée". Le projet est ici plus classique, associant comme souvent habitat et activités. Le site va compter 105 appartements (prix de vente : 4500 euros le m2), 66 logements sociaux et une maison inter-générationnelle de 131 chambres ou petits appartements. Cette maison sera occupée par des étudiants qui prendront soin des autres pensionnaires - des personnes sortant d'hôpital - une forme de contrat liant les deux. Le projet du père Devers est de lutter contre l'isolement de ces patients au long cours.

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"St-Joseph a beaucoup souffert. C'est un trésor caché qui va être révélé", affirme Frédéric Didier. Le coeur de l'îlot est préservé, se délestant de ses appendices contemporaines. Les galeries latérales, remarquables, sont restaurées et les édifices nouveaux viennent s'y accrocher. Les jardins intérieurs sont déclinés par thème : repos, rencontres, enfants… "Chaque tribu aura le sien. Nous allons mener un travail avec des artistes pour affirmer l'identité propre à chaque espace grâce notamment au mobilier urbain", explique Thierry Roche. Côté quai, les socles des murs d'enceinte sont conservés, servant de soubassements aux constructions nouvelles, légèrement avancées vers la voirie. Elles abritent des bureaux qui opèrent comme un écran de protection contre le trafic des quais.

Quatre à huit commerces vont ouvrir, notamment côté cours Suchet. Un restaurant est géré par Habitat et Humanisme, au pied de la chapelle, laquelle abritera le laboratoire d'économie sociale et solidaire. Un parking de 225 places est seulement accessible depuis la rue Dugas Montbel pour éviter de se transformer en parc de stationnement de la gare toute proche. L'ensemble est desservi par une chaufferie bois, aménagée en sous-sol.

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La Catho en passe de vendre Bellecour

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L'université catholique explose : son nombre d'étudiants (8600) a augmenté de 10 % depuis un an et de 50% depuis 8 ans. "Les locaux de Bellecour ne sont plus du tout suffisants", indique le nouveau recteur, le père Thierry Magnin. En 2005, le site de Carnot a été ouvert. Bellecour s'avérant difficilement modernisable, l'établissement privé s'est mis en quête d'un autre site, lorgnant d'abord sur la Confluence. Mais en mai 2009, le préfet a lancé l'appel à idées pour le devenir des prisons… La direction y a vu un intérêt, rapprochant ses deux établissements distants de 600 mètres.

Pour disposer des 65 millions d'euros nécessaires à l'emménagement à St-Paul, la Catho vient de signer un compromis de vente de son site de Bellecour pour 25 millions d'euros. 4 immeubles lui appartenant sont mis sur le marché, attendant acquéreurs. L'université privé a aussi souscrit à deux emprunts d'un montant de vingt millions d'euros.

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