Inflation des prix de l’immobilier : le Grand Lyon veut reprendre la main

Lors d’une conférence de presse organisée ce mardi, David Kimelfeld a fait part de son intention de “reprendre en main”, pour mieux le contrôler, le marché de l’immobilier dans la métropole de Lyon. À travers un “plan d’urgence pour l’accès au logement” (Pupal), le président du Grand Lyon a présenté “quelque chose qui, selon lui, ressemble à un programme politique”.

Un plan en trois points. D'abord, la création d'un office foncier solidaire (OFS) destiné aux primo-accédants. L'idée est de faire baisser les prix d'acquisition d'un logement de 20 à 30 %. Cet OFS prendra en charge le coût du foncier pour faire diminuer le prix d'acquisition, lequel sera basé uniquement sur le coût du bâti supporté par les acquéreurs. Ces achats seront assortis de règles de non-spéculation à la revente. Actuellement, à Lyon, le prix du mètre carré est en moyenne de 5 200 euros. L'idée est de le faire tomber à 3 320 avec la création de l'OFS. La métropole est encore en train de définir le modèle économique de cet office, mais elle a d'ores et déjà annoncé qu'elle souhaitait produire 900 logements par an, dont 400 neufs, 100 existants et 400 HLM.

Ensuite, le Grand Lyon va doubler le budget dédié aux réserves foncières à destination de futurs logements. Ce budget passera à 40 millions d'euros contre 20 actuellement. En maîtrisant le foncier, la métropole souhaite ainsi participer à la régulation des prix.

Enfin, le Grand Lyon va poursuivre le plan 3A (accession à prix abordable) pour aider les primo-accédants à acquérir un logement neuf grâce à des aides allant de 2 000 à 6 000 euros. Depuis 2013, 6 000 logements de ce type ont été labellisés. Le budget total de ce plan est de 2 millions d'euros.

“Réguler le marché”

“Nous voulons anticiper une inflation qui pourrait arriver demain. Un phénomène que l'on retrouve dans d'autres métropoles en Europe où il est impossible de se loger dans la ville centre. C'est le cas par exemple à Paris où des écoles ferment parce qu'il n'y a plus de familles”, a souligné David Kimelfeld. “Sans doute que pendant longtemps, parce que l'on avait cette attractivité, on s'est dit que le marché allait se réguler tout seul. Mais on ne peut pas laisser faire le marché seul. Il faut le réguler en partenariat avec le privé. Le message, c'est de dire que l’on reprend la main, mais qu'on va le faire avec les professionnels du secteur”, a ajouté le président de la métropole. Un “enjeu d'attractivité”, assure le successeur de Gérard Collomb. “Si l'on veut le rester, il faut veiller au prix de l'immobilier parce que les entreprises qui s'installent souhaitent que tous leurs salariés puissent se loger”, dit-il.

De son côté, Michel Le Faou, le vice-président à l'Urbanisme du Grand Lyon, estime que les prix n'augmenteront pas indéfiniment. “L'arbre peut monter au ciel, dit-il, mais il y a toujours une limite. Pour l'immobilier, c'est pareil et cette limite c'est ce que les gens peuvent se permettre d'acheter.” Il compte notamment sur un choc de l'offre à venir. “Avant l'adoption du PLU-H [adopté le 13 mai, NdlR], les constructeurs avaient mis en pause certains projets. Ces projets vont désormais sortir de terre”, pronostique-t-il.

Pas d’encadrement des loyers

Les deux élus métropolitains ont pour le moment fermement écarté la mise en place d'un encadrement des loyers dans le Grand Lyon. “Il y a un observatoire local sur les loyers dans la métropole. On constate que, contrairement au foncier, les loyers n'ont pas connu d'inflation phénoménale. Comme les progressions restent sages on considère qu'il n'y a pas besoin d'encadrer”, a déclaré Michel Le Faou.

“On veut faire des choses dont on est sûr qu'elles produisent des effets”, abonde David Kimelfeld. Selon le président de la métropole, “aujourd'hui on n'est pas certain que cet encadrement fonctionne”. Prévu par la loi Elan (sur l’Évolution du logement et l’aménagement numérique, adoptée en novembre 2018), l'encadrement des loyers va faire son retour à Paris au 1er juillet. Il avait déjà été utilisé en 2015, avant d’être annulé en novembre 2017 par la cour administrative d’appel, après un recours d’une association de bailleurs et de syndicats de l’immobilier.

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