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“‘Macron pendaison’ est resté un mois sous les fenêtres de Grégory Doucet”
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Edouard Hoffmann : “On s’habitue à la laideur”

Edouard Hoffmann est décorateur et paysagiste. Habitant du 1er arrondissement de Lyon, il s’est emparé de la question des tags qui défigurent les murs de la ville. Ayant pourtant voté pour les écologistes, il accuse aujourd’hui la majorité au pouvoir d’encourager les dégradations.

Lyon Capitale : Êtes-vous une grande gueule ?

Edouard Hoffmann : Définitivement oui. J’aime bien me faire entendre pour des causes que je pense justes, je suis quelqu’un d’entier. Je pense que ça vient du fait que j’ai dû me battre assez jeune pour assumer mon homosexualité dans une famille traditionnelle. C’est vrai que j’ai du mal à faire des compromis quand j’ai des convictions. D’ailleurs, je n’aime pas le compromis à la lyonnaise. Prenez la place des Terreaux avec le projet de Daniel Buren de 1994 et ses soixante-neuf fontaines. On a refait la place en supprimant les grands cafés, en laissant des bars sans intérêt, et avec seulement seize fontaines à la fin. Ce que je veux dire, c’est qu’on a fait un compromis en superposant deux idées sans aucune cohérence.

Êtes-vous devenu le porte-étendard des anti-tags à Lyon ?

Un peu, mais ce n’est pas volontaire. Ça a débuté pendant le confinement, où j’ai commencé à écrire à la mairie car ma rue, dans le 1er, était complètement taguée. Je me suis rapidement rendu compte que rien ne bougeait. J’ai donc décidé de m’investir dans mon conseil de quartier. Rien de plus.

Les tags et les graffitis, même combat ?

Non. Le tag est un phénomène qui a toujours existé à Lyon. Pourtant, force est de constater qu’il a été démultiplié dernièrement. Il suffit de se promener dans le centre pour en être convaincu. Je pense que cela vient d’un laisser-faire de la mairie, voire d’un encouragement de la part des élus. Attention cependant, il faut bien distinguer le tag du street art. La mairie essaie de faire croire que la Croix-Rousse est une terre traditionnellement anticonformiste, que ça fait partie du paysage urbain et que, à la fin, Lyon serait une capitale mondiale du street art. Pour moi, c’est un amalgame qui lui permet de justifier son inaction et de se déresponsabiliser. Dans 99 % des cas à Lyon, les dessins dans les rues ne sont que des signatures, du street marketing. C’est-à-dire la trace d’individus qui font leur autopromotion à travers leur signature, afin de se reconnaître entre eux, comme les chiens qui pissent sur les murs. Pourquoi est-ce qu’on devrait subir ces dégradations ? Si nous étions dans une maison individuelle, tout le monde serait choqué d’avoir son mur tagué. Pourquoi là, ça passe ? En fait, on s’habitue à la laideur. La mairie du 1er arrondissement me rétorque que détaguer a un coût écologique. On marche sur la tête.

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Mais le problème n’était-il pas déjà présent sous les précédentes mandatures ?

Ça s’est clairement dégradé depuis l’arrivée des écologistes. Les quais de Saône n’étaient jamais tagués. Avant, les insultes envers la police ou les menaces de mort à l’intention des ministres ne restaient pas plus d’une semaine. “Macron pendaison” est tout de même resté un mois sous les fenêtres de Grégory Doucet. C’est clairement voulu : ils détestent le gouvernement et la police. D’ailleurs quand ça les arrange, on voit bien qu’ils savent nettoyer les tags. En avril dernier, la veille d’une conférence de presse du maire, place Sathonay (Lyon 1er), les services municipaux ont tout détagué et même les façades des copropriétés sans contrat avec la Ville. La statue du sergent Blandan n’avait jamais été aussi propre.

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Selon vous, sur les tags, quel serait l’intérêt des élus à ne pas agir ?

Ce n’est pas un problème financier. Lyon est une ville très riche. Je pense que dans une ville plus belle, on fait des gens meilleurs. Pour moi, les dégradations sont le fruit d’une politique qui veut faire baisser les prix de l’immobilier et accentuer la mixité sociale. Le but est donc de faire fuir un type d’habitant, ceux considérés comme les riches propriétaires. Je pense que l’inaction des élus a été réfléchie, qu’elle est volontaire. Surtout quand on voit que d’autres villes comme Villeurbanne, Montpellier ou Nîmes parviennent à gérer cette problématique. À Nîmes, ils ont même une machine pour enlever les chewing-gums.

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N’en faites-vous pas un problème personnel avec certains élus écologistes ?

Non pas du tout. Au début, j’avais même plutôt de la sympathie pour les écologistes. J’ai voté pour eux aux municipales. Je crois sincèrement que l’on court à la catastrophe sur le réchauffement climatique. Le problème, c’est que j’ai vite pris conscience de leur manque de compétences doublé d’une volonté politique de ne pas traiter certains sujets, dont les tags, l’incivilité et l’insécurité. Je crois qu’il y a une forme de cynisme de leur part sur ces sujets. Ce serait par exemple tellement simple d’arrêter les tagueurs. Ils se filment sur les réseaux sociaux. Or, je pense que le tag attire le tag, tout comme l’incivilité augmente l’incivilité. Il faut rompre le cercle vicieux. Aujourd’hui, les Verts nous font juste perdre du temps. Ils refusent d’ailleurs de me parler. Ils m’ont bloqué sur tous leurs réseaux sociaux. On me dit que c’est parce que je leur fais peur. Je sais qu’ils croient que je veux me présenter aux prochaines élections. Ce qui est faux.

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